Le premier ado que je reçois vient pour une phobie du vomis. L'autre parce qu'il tape et insulte les autres élèves du lycée. L'une est une fille, l'autre un garçon. L’un s écroule, l'autre attaque.
Il y a aussi un troisième, plus jeune, en école primaire. Son corps est complément recroquevillé sur le fauteuil lors de la première séance et parle à voix basse et regardant sa mère à chaque fois que je lui pose une question.
Le premier ne veut plus aller à l école, le second se languis de finir ses études et la troisième veut se suicider.
Les trois sont harcelés, l'un depuis des années.
Sa mère m'explique que « Fils de pute, oh, c est comme ça qu ils parlent entre eux", « Oh, FDP c est classique » m a dit la surveillante ».
« T'es moche », c est ce qu'entendait régulièrement la seconde.
« Tu es celle qui fait des pipes toi », trahie par son premier petit copain qui tenait un scoop pour les réseaux sociaux.
Les trois sont des enfants.
Les trois peuvent être nos enfants.
Les mots détruisent, on ne le dira jamais assez... trop banalisés, trop sont brisés, trop d'autres sont ingnorés ou pas vraiment entendus , et beaucoup trop en meurent...