PSYCHOTRAUMATOLOGIE
 
PSYCHOTHERAPIE    PSYCHOTRAUMATOLOGIE                                PSYCHOSOMATOLOGIE
SEXOLOGIE CLINIQUE
                                                                                            

Articles - Corinne VERA

© C.Vera 

 

Lecture et écriture, pulsions de vie, sont des excellents moyens d'avancer,

prendre du recul, prendre le temps, faire émerger, découvrir et partager.

Penser.

Je vous propose  quelques articles que j'ai écrit en lien avec la psychanalyse et la psychopathologie de la vie quotidienne. 

 

 

* Les textes ci-après ne sont pas libres de droit, merci d'en indiquer la source si vous les utilisez en copiant collant le lien suivant à la fin de chaque texte.

C. Vera - https://app.simplebo.net/site/48yostm5a1gi/content/newsletter

PSYCHOTHERAPIE A DISTANCE

 

"Qu'est ce que voir en psychanalyse ?"

La question du regard

"Voir est une grande question en psychanalyse. Le regard est complexe tout comme l’image est complexe, composée de réel, de symbolique et d’imaginaire. Il y a une part d’invisible, une coupure dira Lacan, autant entre ce que nous voyons et ce que nous nous voyons pas, et ce qui est. La perception fausse bien des choses. Le regard, supporté par l’affect, ne peut être que tromperie, voire une imposture qui cherche à tirer bénéfice du manque. Cette tromperie est sans doute nécessaire pour ne pas être confronté au réel c’est-à-dire le manque, hors de toute chaine signifiante. Il y a toujours ce moment de surprise quand on ouvre les yeux, quand « ça » saute aux yeux. Ça prend le corps aussi. Une sorte de stupeur d’être finalement face à sa castration.

Il y a beaucoup de choses que l’on ne voit pas, que l’on n’a pas envie de voir, que l’on ne veut pas voir, qu’on est pas prêt à voir.

Il y a une grande puissance dans l’action de voir, autant que de ne pas voir. La vision est une pulsion appelée pulsion scopique qui se nourrit dans l’imaginaire. La rencontre de la pulsion scopique avec la pulsion épistémologique (liée au savoir) est intéressante. Comprendre ce que l’on voit, dépasser le scopique, ouvrir les yeux, est le cheminement des yeux en psychanalyse.

Je me suis intéressée au jeu de la ficelle en systémie qui permet de voir l’invisible et de saisir cet instant précis de la vision.

 

Le jeu de la ficelle systémique permet de comprendre comment fonctionne un groupe dans ses inter-relations et les inter-responsabilité entre chaque personne du groupe et ce au niveau alimentaire, le thème du jeu autour de nos assiettes.

C’est un outil ludique, participatif et éducatif. Il s’agit de mettre en avant notre interdépendance et donc notre responsabilité commune dans les interactions et d’ouvrir les yeux sur le monde dans lequel nous vivons.

En systémie chaque élément fait partie d’un tout et pointe les liens entre le tot et les parties et réciproquement.

Ce jeu questionne notre façon de voir les choses et permet de revisiter nos croyances.

Il s’agit de renouer les solidarités entre l’assiette, l’environnement et l’économie. Depuis nos assiettes, nous sommes des acteurs de ce système, acteurs au sens d’actifs.

Chaque participant reçoit une question, en lien avec l’alimentaire. Un premier participant expose sa question au reste du groupe. Sa réponse peut être commentée, argumentée. Puis ceux qui pensent que la question qu’ils détiennent à un lien avec la question évoquée lèvent la main, concrétisent le lien entre les questions avec la ficelle qu’ils tiennent sans la lâcher et ainsi de suite les sujets se relient en déroulant la bobine, symbole des enjeux mobilisés par la question. La ficelle suit le fil des échanges et relie les participants.

Il permet de faire des liens avec les différents acteurs et de les rendre visibles par la ficelle. En fin de compte, la ficelle symbolise ce qui ne se voit pas mais qui existe au-delà de l’absence du regard.

Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas les choses qu’elles n’existent pas.

Le jeu de la ficelle est révélateur du fait que ce n’est pas parce que les choses sont à distance et qu’on ne les voient pas qu’elles n’existent pas et qu’elles ne nous concernent pas non plus.

Si on parle du jeu de la bobine à un psychanalyste il pensera à (il verra) la bobine de Freud. On voit vraiment ce que l’on perçoit de son petit monde.

Il y a des similitudes dans les ficelles. Comme le jeu du « for da » freudien, la bobine systémique permet de prendre compte de la réalité grâce à l’expérience, de dépasser l’illusion du fantasme, de réaliser la présence en l’absence. L’assiette systémique est remplacée par la mère freudienne, à y penser nous pourrions même unir les deux notions par de la ficelle.

Le jeu du for da, (for = loin, dà = là) chez Freud, évoque l’observation du plaisir que prenait son petit-fils que de jeter au loin une bobine retenue par du fil et de la ramener et ainsi de suite. De passif au départ quand la bobine s’éloigne, l’ enfant devient acteur par la suite en ramenant la bobine à soi, tout comme le participant va prendre plaisir à découvrir qu’il est acteur d’un système dans lequel il se sentait isolé et impuissant.

Nous pouvons aussi noter la notion du plaisir de la répétition de cette pulsion scopique, de mains levées end mains levées entre les participants et de bobine qui revient vers l’enfant en boucle. Voir est jouissif, surtout lorsqu’on ne voyait rien avant.

Les deux jeux évoquent aussi l’importance du parler, du langage. Le petit-fils de Freud dit « For » quand la bobine part et « Da » quand il la ramène à soi et les participants parlent aussi de leurs impressions. L’articulation langagière contribue à la prise de conscience des liens et de la permanence, hors champs de vision et verbalise les émotions.

A qui ou quoi pourriez-vous relier votre bobine? Depuis votre balcon, qui ou quoi y a-t-il au bout de votre bobine, « For », que vous ne voyez pas mais qui existe, « Da ». De quel projet êtes-vous l’acteur, même sans le voir ? Familial, professionnel, amical etc… ? En quoi votre action est-elle reliée à une autre et aura-t-elle des répercussion sur une autre, même invisible à l’œil nu ?

Je pense à nos échanges sur Facebook, nos partages sont aussi cette ficelle, je ne vous vois pas mais je sais que vous êtes là, votre message me fait me questionner, me touche d’une façon où d’une autre.

Peut-être avez-vous vécu l’expérience d’un retour d’une personne ou d’un objet que vous pensiez perdu à jamais. Un ex? Un trousseau de clés que vous pensiez perdu? Votre corps a été le marqueur de cette surprise, bonne ou mauvaise d’ailleurs. Peut-être aussi auriez-vous préféré ne jamais ramener votre bobine? Peut-être aussi que votre fil vous relie à une situation dont vous êtes l’un des acteurs avec d’autres acteurs, même depuis chez vous sans sortir. A quoi ce fil vous ramène t-il? Qu’allez vous faire de ce fil, de votre pierre à l’édifice? Voyez-vous ce fil ?

Absence, présence, inter-dépendance, responsabilité, nous sommes tous acteur au bout de ce fil, responsables à la fois de le tenir mais aussi de le prendre"

 

PSYCHOPEDAGOGIE

 

Parfois les parents ont besoin d'aide et de conseils. Il y va de l'intérêt de l'enfant que les parents soient contenants et sécure mais entre la théorie et la pratique, c'est souvent la pagaille.

L'arrivée du premier enfant peut être source de grande anxiété et le sentiment de ne pas savoir comment faire. La honte et la culpabilité peuvent être puissantes. C'est peut-être le signe que quelque chose de votre histoire se rejoue au travers de votre relation avec votre enfant.

La fatigue du quotidien, les étapes de la vie, des stades chez l'enfant plus complexes que d'autres comme l'arrivée d'un petit frère ou d'une petite sœur, un déménagement, une séparation, un décès dans la famille, de l'échec scolaire, des crises d'opposition etc. Les motifs d'un sentiment de déstabilisation sont nombreux et les raisons multi factorielles. 

Parce que la relation avec votre enfant est essentielle à l'épanouissement de chacun et parce que de nombreuses identifications se rejouent et font des nœuds, je vous propose de venir questionner ce qui pose problème afin que vous puissiez prendre pleinement votre place de parent.

 

Les enfants et les adolescents sont reçus dans le cadre de consultations individuelles en psychothérapie analytique ou de soutien. L'hypnose, l'EMDR, l'art thérapie sont utilisés.

Avec l'enfant, le cabinet du thérapeute prend une ambiance particulière... Le lieu de travail est centré sur le jeu, le dessin, les feutres, la pâte à modeler, les jouets… C'est dans un contexte ludique que l'on peut travailler avec l'enfant.
 

Développer la créativité permet de faire un lien entre l’intrapsychique et l’interrelationnel. En ce sens, ma pratique auprès de l'enfant est d'inspiration Winnicottienne et je travaille sur les ressources de l’enfant et de son contexte. Avec l'enfant, le jeu va permettre l'émergence du "je".

L'intervention peut être différente en fonction de l'orientation donnée à la thérapie.

L' approche psychanalytique sera un travail sur l'inconscient, le ressenti intrapsychique, les pulsions, le nœud oedipien et l'analyse du transfert. Les dessins seront l'expression du refoulé. 

Travailler avec un enfant, c'est travailler avec sa famille, avec ses résistances, ses fragilités, sa structure. Toutefois, c'est l'individuation qui est visée avec une mise à distance de cette interdépendance avec la famille, lui permettant de trouver sa place et une position moins pathogène au sein de la famille mais aussi de renforcer son Moi.


L'enfant sera toujours reçu avec sa famille lors de la première consultation.

 

 

ADDICTIONS

 

L’addiction, un symptôme ? Une pathologie ? Un trouble certain

Le symptôme est le motif de la consultation, ce pour quoi vous avez choisi de venir consulter. Ce qui vous fait souffrir. Le trouble addictif est parfois évoqué, directement nommé dans la demande de consultation mais ce n’est pas systématique.

Il s’agira parfois d’une autre situation comme l’anxiété, le burn-out, une rupture amoureuse etc qui est présentée comme posant problème.

Par un biais ou un autre, derrière la demande se cache une autre raison, inconsciente : Combler un manque. Il est bien sûr possible, de travailler uniquement sur le symptôme dans un cadre purement comportemental et parfois dans un besoin d’urgence, mais ce n’est pas le sens donné à mon travail car le symptôme se déplace si on ne le règle qu’en surface et non dans son origine.
 

 

L’addiction, c’est un acte compulsif, une vérité trop souvent déniée.

Le Moi est en état de dépendance et la distinction entre le besoin et le désir n’est plus possible. C’est un moyen de décharge ainsi que d’excitation. Le somatique et le pulsionnel sont imbriqués au service de la pulsion de mort, répétitive et mortifère. L’addiction, c’est très souvent la mélancolie et un état de dépression. La honte. C’est ce qui comble le manque, c’est ce qui entrave la liberté, c’est ce qui détruit l’entourage. C’est ce qui détruit la vie.

 

 

Alcoolisme …la sécurité vient de l’intérieur de soi

d’un objet extérieur. Pas d’une bouteille d’alcool, qui remplit. Oui, il y a un confort à rentrer chez soi, rentrer dormir dans son lit. Avant, il y avait le confort des bars de la rue, le travail, avant de rentrer, pour ne pas rentrer, puisque l’extérieur et l’intérieur n’étaient pas différenciés.

Il n’y avait pas d’intérieur puisque pas de notion d’intérieur. Les limites n’existaient pas, et puisque les limites n’existaient pas, tout était hors limite. Une bulle autour de soi pour faire une frontière entre l’intérieur et l’extérieur, c’était une bulle addictive. Tout était recherché pour remplir ce qui ressemblait à une passoire puisqu’il n’y avait pas de limite. Et séance après séance, l’écorce du Moi se crée. De fil en aiguille le Moi se renforce. L’intérieur et l’extérieur se différencient, comme un bébé sortant du ventre de sa mère qui découvre mois après mois que sa peau n’est pas celle de sa mère.

Que son nouveau monde est juste à l’envers, le lit conjugal remplace la bulle des cuites, la fière remplace la honte, le sport régulier remplace la routine des bars, le travail devient agréable. Une nouvelle planète où il y a un extérieur et un intérieur. Le principe de plaisir se délocalise. Home Sweet home…..

Bien sûr il ne saurait pas être question de devenir Narcisse qui à l’inverse, a tout en lui. C’est en éprouvant la sécurité intérieure d’un Moi suffisamment bordé qu’il sera désormais alors possible d’affronter le hors de soi sereinement.

 

 

Addictions ? Limites posées ou pas ?

Freud évoque la perte de la réalité dans la névrose et la psychose. « Le névrosé se détourne de la réalité, parce qu’il la trouve intolérable, dans sa totalité ou en partie. Le type le plus extrême de cette façon de se détourner de la réalité nous est proposée par certains cas de psychose hallucinatoire.» ( FREUD S., 1911, « Formulations sur les deux principes du cours des événements psychiques », in Résultats, idées, problèmes, t.1, PUF, 1984 p. 135.).

Le monde est autrement perçu. Il est halluciné différemment. . « … FREUD S., 1911, « Formulation sur les deux principes du fonctionnement psychique », Résultats, idées, problèmes, t.1, PUF, 1984, p. 136.

 

Anzieu évoque ce Moi passoire, avec de désordre entre les limites extérieures et intérieures, menant a la confusion et l’angoisse par un manque de contenance des fonctions psychiques en lien avec la notion d’attachement.
 

Comment s’attacher, se détacher, quand il n’y a pas de limites? « Je n’existe pas… »…j’ex-iste, je suis hors de…Cet état hors de soi est d’une angoisse extrême, comme peuvent l’évoquer les personnes qui ont vécus des états « hors » de soi dans des bad trip. Ne pas pouvoir revenir en soi relève du trauma. Un mécanisme d’angoisse post traumatique s’en était suivie.

Chacun sa route, chacun son chemin dirais-je. Chacun est propriétaire de son home Sweet Home. Mettez vos limites entre ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas. Ne vous laissez pas mettre hors de vous. Par les substances, les situations ou par les autres. Cela signifie que vous devez vous protéger de et dans vos limites. Il y a des signes : La colère, souvent déchargée par des pétages de plombs, le frigo ouvert en dehors des heures de repas et votre horaire de travail, si souvent extensible aussi. Oui vous pouvez dire « non ». Dire non aux autres, dire non à vous même. Non c’est vous respecter. Et ne pas vous perdre dans le néant….Vous l’avez compris l’autre ne sait pas ou ne veut pas poser des limites ? Oui vous pouvez le faire pour vous-même. Restez à votre place ! ( non vous n’êtes pas le parent de votre parent ni la mère de votre mari) Votre corps!!! Votre fatigue, repoussée , votre sexualité, pénétrée par effraction. 

 

 

Les enfants sont les premières victimes des grandes addictions de leurs parents. Ils vont souvent se mettre en situation de parentage pour aider le parent à sortir de cette spirale infernale. Ce sont des situations compliquées pour l’enfant qui n’est plus à sa place.

Des comportements régressifs comme de l’énurésie, ou de défense comme l’isolement ou l’isolation de ses affects et encore de décharge comme de la violence, du mépris ou de la culpabilité sont courants. L’enfant souffre mais ne peut pas en parler. Il se fait remarquer par de l’échec scolaire.  Il souffre en silence sans pouvoir ni partir ni rester. Un travail thérapeutique peut s’envisager avec ces enfants pour leur redonner une place d’enfant et mettre des mots sur ce parent « malade ».

L’aider à retrouver la confiance en lui que le parent défaillant n’est plus capable de lui apporter.

 

 

Il y a aussi la peur de maigrir, ou plus précisément la peur de peur de mourir en perdant du poids. Derrière la balance se cache des obsessions ou phobies. C’est plus ou moins conscient. Parfois carrément inconscient. C’est en tout cas la raison qui explique les difficultés à perdre des kilos. En psychanalyse et en psychothérapie, travailler sur le bénéfice secondaire est essentiel.

Que se cache t’il derrière cette carapace de graisse ? Parfois se protéger d’un abus sexuel dans l’enfance et de la peur de plaire et d’être désirée, parfois un trauma lié à un décès et un besoin d’avoir un corps robuste, parfois des mots d’un parent qui répétait « mange sinon tu vas être malade ».

Les raisons sont diverses derrière la peur de perdre du poids. Peur de la castration évidemment car derrière chaque psychonévrose se cache l’angoisse de la castration.

Des mécanismes de défenses puissants se mettent en place.

 

 

 

La solution n’est certes pas dans le frigo et il est essentiel de travailler d’abord sur ces bénéfices secondaires avant de s’attaquer vraiment à la perte de poids, impossible… La psychanalyse permet de donner sens à l’hyperphagie, la boulimie et à l’anorexie en explorant les conduites.
 

 

DYS ET HPI

 

L'enfant dys ou précoce et l'histoire du vilain petit canard

 De la normalisation à l'agression narcissique

 

"Dys" signifie "difficulté"

 Dans le langage courant et dans le contexte scolaire, la différence, tant pour l'enfant "DYS" que pour l'enfant "zèbre". Souvent l échec, l incompréhension sont les adjectifs invariables de ces enfants qui ont du mal, vraiment du mal avec la scolairité, parfois même jusquà en déclancher des angoisses.

 

Les difficultés dans les résultats sont visibles, les répercussions psychologiques dans les situations de ces enfants sont incontournables.

En effet dès le primaire, parfois même dès la maternelle, l’enfant souffre. il a du mal à comprendre et à faire. Il est mis en difficulté et rapidement en échec scolaire. Il est démotivé avec un sentiment d’injustice face à son échec qu'il ne comprend pas.

 

Sa confiance en soi est très impactée et l’image de soi nettement dévalorisée. C est souvent le décrochage, très souvent à la maison les devoirs deviennent une grande bataille entre l’enfant et le parent, c’est l’épuisement, la culpabilité, les pleurs, les cris, la honte.

 

Dans le meilleur des cas, une première étiquette peut apaiser l'ambiance avec la mise en place de bilans orthophoniques, un suivi orthophonique avec de la patience ( parfois deux ans de liste d'attente pour ceux qui ont la chance de trouver un place). Un PAP dans les solutions les plus idéales existantes. Très souvent l'enfant va même passer au CE1 sans savoir lire et le retards s'accumuler.

 

Une première expérience de l'apprentissage et de la vie collective, une première confrontation avec la différence, dans sa version négative.

 

Après le primaire, qui reste quand même une zone encore pour beaucoup confortable et encore cocooning, il y a une autre grande bataille au collège avec l’apprentissage de nouvelles langues qui reposent sur les mêmes problèmes avec l’orthographe et la syntaxe hautement pénalisée. Le niveau augmente également en exigence et en difficultés dans un moment très souvent où l’adolescent est aussi dans une période de doute existentiel et de crise identitaire qui accentue le mal-être.

 

Souvent, la solution sera la sortie du cycle normal fin 3 ème, vécue comme une bouffée d'air par l'élève et sa famille asphyxiés.

 

Vous l'avez compris ou vécu, l'enfant va rencontrer de nombreux obstacles sur sa route de l’école et de la construction de soi, dans une période supposée l amener à grandir plutôt que régresser.

 

Faute d aller vers l avant, c est souvent vers l arrière qu'il va se rabattre. Les énurésies, les tendances bébé sont fréquentes. Evidement les dommages psychiques sont amplifiés avec parfois malheureusement une vie familiale quotidienne difficile, dans des contextes de violence verbale, physique, séparation etc. Les chanceux auront des parents au fait du parcours dys (tests, ortho, ergo, pap, tiers temps, dictée à trous, ordi en classe etc) et du temps pourra être gagné.

 

Les enfants hyperactifs

Les difficultés rencontrées par les enfants à hyperactifs ont des conséquences sur les apprentissages mais aussi sur l'estime de soi, la confiance en soi et le rapport aux autres. Le risque de l'exclusion, la différence avec les autres, l'échec scolaire, de grandes dépenses d’énergie épuisantes, la peur de l'échec, une très grande sensibilité etc. agressent l'enfant qui est plus fragile.

 

Un travail sur soi et sont rapport au monde aide l’enfant à se sentir moins fragile et moins vulnérable et à développer leurs ressources dans de nombreux domaines.

 

Les troubles en résumé :

 

- La dyslexie : "lexy" signifie mot. 

La dyslexie c’est la difficulté à lire, à se repérer, à comprendre le langage écrit et à reproduire le mot dit.

Le DSM IV évoque un trouble de la lecture.

 

- La dysorthographie : c’est le trouble de l’expression écrite avec une perturbation dans les règles de syntaxe et de grammaire. La calligraphie est difficile. Cela concerne tout ce qui est conjonction, ponctuation. Elle est associée souvent une dyslexie, toujours dans le cadre d’une dyslexie visuo spatiale qui va pénaliser la reconnaissance visuelle et souvent dans le cadre d’une dyslexie phonologique. Le problème n est pas qu'assembler des lettres, c’est aussi comprendre un énoncé.

 

- La dyscalculie : c est le trouble du fonctionnement permettant le calcul. Les troubles concernent les notions telles que la symbolisation, les quantités et la mémorisation des algorithmes. On peut en effet connaître ses tables mais ne pas savoir les appliquer. Cela concerne tout ce qui est lié au raisonnement déductif et logique et l’organisation visuo spatiale.

 

- La dysphasie : c’est le trouble du langage expressif avec la difficulté de trouver les bons mots pour exprimer une idée. C est un trouble du langage réceptif c est à dire un trouble de la compréhension.

 

- La dyspraxie : c’est le trouble des processus cognitifs permettant les mouvements du quotidien comme manger s’habiller écrire. Le TDAH est un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité : impulsivité, inattention et hyperactivité. Son association avec la dyslexie est fréquente.

 

- La dysgraphie : c’est le trouble des habilités motrices et gestuelles comme écrire, dessiner, découper, souligner.

 

 L'enfant "dys" est en échec scolaire et manque de confiance en lui. Violences sur soi, sur les autres, grande irritabilité, repli sur soi, sentiment de stigmatisation, risque de dépression etc..

 

Le travail en psychothérapie a pour but d'aider l'enfant à trouver un monde et un espace où il réussit, où il trouve du plaisir. Ces suivis renforcent la confiance en soi et le sentiment de ne pas être que '"enfant dys" en exploitant une autre facette de soi. L'art thérapie et l'hypnose sont d' excellents outils pour ces enfants.

 

- La précocité : Les enfants surdoués et à haut potentiel

Un enfant surdoué voit ce que les autres ne voient pas, entend ce que les autres n’entendront jamais, perçoit ce qui est pourtant imperceptible. Ses sens sont développés, sa sensibilité est immense, son émotivité exacerbée, et il ne sait pas se protéger des émotions des autres, qu’il est capable de ressentir. Trop lucide mais aussi trop fragile, son fonctionnement est différent des autres. Il a des difficultés d’identification, parle un langage différent. Son intelligence est anxiogène. Ces psychothérapies permettent de prendre confiance en l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et à les aider à construire les bases de leur personnalité.

Alors oui bien sûr aussi, toute précocité n'est pas pathologique à l'école. Il existe des enfants surdoués heureux et dans un succès scolaire, toutefois ceux sont ceux qui développent des pathologies qui doivent être accompagnés efficacement dans la construction de leur identité car ce sont ces derniers qui sont en souffrance. 

Pour aider l’enfant précoce en situation de difficulté, il faut déjà identifier la précocité.

 L un des critères et le test de QI avec le point de repère 120. Mais de quoi parle-t-on avec le QI global...? Ce sont les disparités ou les homogénéités qui sont intéressantes. 

 

Le syndrome de dys-synchronie est très fréquent chez les enfants précoces. Il s agit d un décalage par exemple entre la capacité de lecture et celle de l’écriture. Le développement intellectuel n’est pas synchrone. Il est très important de ne pas prendre en compte un QI global mais surtout de connaître la disparité entre les résultats la vie synchronie c’est un déséquilibre. Il peut y avoir une dys-synchronie entre le développement psychomoteur et le développement intellectuel qui est fréquent. 

 Ainsi l'enfant peut ne pas être précoce mais avoir un score haut dans l'un ou plusieurs des items des test. on parlera de dys-synchronie, laquelle devra être considérée comme engendrant des troubles chez l'enfant.

 

La plupart n arrivent pas à suivre le rythme mental demandé par le système scolaire qui a pour stratégie d’évoluer de façon homogène dans les domaines d’acquisition. C'est bien souvent l'ennui profond dans des séquences trop longues. Ces enfants sont dans un raisonnement qui leur semble évident mais pas se montrent incapables d'expliquer par des mots ou des écrits. L'enfant se noie vite dans ses associations, sa pensée en arborescence, ses idées sont trop désordonnées. Il est incapable de restructurer normalement par l’écrit. On connait le problème de la page blanche, c'est la blocage.

Il s'agit d'un mode de pensée particulier avec une pensée en images mentales, sensorielles et auditives plutôt qu’avec des mots. L'imaginaire débordant où tout est image fait que l'enfant n'a pas à passer par les symboliques des mots.

 

L'art thérapie sera en ce sens un médium très apprécié par l'enfant.

 

La capacité de compréhension pose un réel problème car ils comprennent mais comprennent et perçoivent globalement l'information et il est coûteux pour l’enfant surdoué de restituer les connaissances pourtant acquises. Ils sont incompatibles évidemment avec une scolarité classique car apprendre est difficile. L'enfant comprend mais approfondit peu. Il est plutôt boulimique de savoir à sa façon. Les méthodes proposées par l’école ne lui correspondent pas et il élabore ses propres stratégies.

 

Il est parfois difficile d’imaginer qu’un précoce puisse être dyslexique, qu’un enfant surdoué puisse être en échec et pourtant tout dyslexique n’est absolument pas précoce nécessairement et vice versa. Pour comprendre ces enfants il faut s’adapter et trouver un mode de fonctionnement scolaire approprié.

 

Parmi les aides extérieures possibles :

- l’orthophoniste pour réapprendre le langage

- l’ergothérapeute pour réapprendre l’espace

- la famille pour soutenir l’effort

- le psy pour restaurer la confiance en soi et travailler le symbolique !!!

 

La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances affirme la volonté de considérer chacun dans sa différence pour permettre à chacun de valoriser ses talents et trouver son chemin de la réussite. L'idée est de bonne intention mais du chemin reste à parcourir toutefois. L’un des problèmes majeurs, c est l’adaptation à l’école car le système scolaire ne correspond pas aux besoins réels. Il n’y a pas d’autres prises en charge que par l âge réel de l’enfant alors qu’adapter les programmes aux compétences en dehors de l'âge serait une très bonne solution, tant pour les enfants en difficulté que les enfants doués qui s'ennuient trop vite.

De nombreuses familles sont dans le désarroi et les AVS en mal de statut.

Alors les parents s’emmêlent dans un méli mélo.

 

Il y a dys-synchronie entre le social et la réalité interne

 

Il est souvent difficile pour les parents de valoriser la précocité de leurs enfants. C est dommage car l’enfant a vraiment besoin de s’identifier pour se construire. C’est pour cela qu’il va chercher par exemple avoir des amis plus âgés.

Il se cache aussi derrière une immaturité affective avec beaucoup de peurs et d’anxiété.

Combien de fois entendre donc que les résultats sont catastrophiques, qu'il n’arrive pas tenir en place? Parfois aussi une curiosité sans limite avec une sensibilité extrême dans la faculté de percevoir engendrant des angoisses souvent nocturnes, des énurésies possibles, un sentiment d’injustice très souvent avec un esprit de synthèse qui les rend extrêmement critiques.

 

La construction identitaire est complexe car il lui est difficile de s’intégrer à des autres enfants mais également dans la sphère familiale où l’enfant voit trop vite les limites de ses parents lesquels ne sont donc pas en mesure de représenter un cadre servant de modèle assez sécure à ses yeux. Ce cadre sécuritaire, l’enfant va donc se le faire tout seul, ce qui pourra bien sûr générer des angoisses.

 

Ce sera l'effet Pygmalion négatif : l’enfant va même répondre à une demande qu’ils sous-estime pour se fondre et tenter de se sentir comme les autres.

 

L'enfant précoce, l'adulte précoce, c'est l’histoire du vilain petit canard rejeté par ses camarades. Il s’adapte pour être conforme à ce qu’on attend de lui stratégiquement. Il revêt souvent le costume de l'imposteur. Cette difficulté d’intégration met bien sûr à mal le processus identitaire.

 

On retrouve aussi certains enfants surdoués dans des comportements qui relève d’un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité. Par exemple la logorrhée (parler tout le temps) ou une difficulté aussi à rester assis, une rêverie, des difficultés d’accepter suivre des règles ainsi qu’une difficulté de concentration. L' ennui est fréquent .

 

Les enfants dys nous font ouvrir les yeux sur une problématique plus large mais tellement liée.

Qu’est-ce qui éduquer ? Eduquer c’est élever.

Dans le sens de hauteur. 

Rendre libre...

 

C'est mener les enfants à penser par eux-mêmes. C'est être autonome dans les apprentissages et dans la vie. Mais comment palier aux difficultés? Pourquoi les outils n'aident-ils pas à reconnaître l’altérité plutôt que la normalisation?

 

Cibler le conformisme est un affront narcissique.

 

Alors oui les pratiques rééducatives visant à diminuer les difficultés sont un succès dans le nombre de cas mais ils ne résolvent en rien les désordres d’ordres psycho affectif qu’il serait grandement temps de penser à décrypter plutôt qu'une politique visant à réduire l'échec.

 

Ré-éduquer c’est transformer en autre chose que le soi d'origine.

 

A ce jour la seule solution trouvée par ces enfants c’est la possibilité de compenser c’est-à-dire que les enfants deviennent à la longue capables de faire un usage de leurs compétences réelles et de les adapter à un système qui n'est pas le leur.

 

A quel prix ...!

 

Colmater le symptôme ne sert à rien!

 

Le symptôme est remplacé par "troubles" avec trop souvent la Ritaline comme solution extérieure qui escamote le symptôme interne.

 

La question se pose ici donc. Faut-il être normal finalement ? Etre normal c’est se conformer, se réduire, être fade. Les défauts de l'enfant hyperactif mis sous Ritaline qui ne reste pas en place à l'école peuvent pourtant devenir un sérieux atout dans le monde du travail plus tard, avec une énergie à revendre qui sera alors valorisée.

 

Etre normal devrait plutôt relever de s’accepter dans sa façon d’être avec ses possibilités, ses qualités, ses défauts.

 

D'où l'importance de réaliser un travail sur soi afin de connaître ses blocages, ses mécanismes de défense et accepter d'être soi. Pour sortir de l'échec scolaire, la prise en compte d’un fonctionnement intellectuel et affectif spécifique doit absolument intégrer le mode de pensée spécifique dans une restauration narcissique.

 

Il faut réellement entendre les dys comme un symptôme c’est-à-dire prendre en compte l’expression d’un ratage symbolique et traiter la cause en complément des aide en orthophonie, ergothérapie etc qui contribuent à aider l'enfant dans son repérage.

 

L'enfant est touché dans sa capacité à symboliser et à représenter.

 

Il y a un défaut d’élaboration avec une rupture de la chaîne inconsciente signifiante, avec un accès barrée. On voit par exemple cette faille entre la lecture et l’écriture avec les fautes d’orthographe ou les mots liés sans coupure entre eux.

 

C'est la dys-harmonie crée par le manque du tiers.

 

Question centrale : Qu'est ce qu'apprendre?

 

Ce verbe a deux sens. Centripète et centrifuge.

Recevoir et être acteur.

L'acte d'apprendre, c'est la pédagogie, avec le concept d'efficacité de l'apprentissage.

Apprendre, je dirais que c'est un acte de liberté.

 

Comment apprendre à apprendre en psychothérapie?

Parmi les outils thérapeutiques certains sont bien adaptés à l'enfant et l'adolescent.

L'art thérapie qui permet de travailler le lâcher prise et la créativité. L'hypnose aide à développer la confiance en soi, le renforcement de soi, la détermination, la motivation et dépasser l'échec et les erreurs.

Ces psychothérapies contribuent d'une part à restaurer l'image de soi de ces enfants, d'autre part de favoriser un comportement adaptatif favorisé dans lequel l'enfant trouve une compensation narcissique  dans une activité qu'il peut investir sans se sentir en danger (art thérapie).

 

Pourquoi travailler les apprentissages en psychothérapie?

Pour favoriser l'estime de soi. Prendre conscience de sa valeur, se sentir capable. Capable de s'adapter. de REUSSIR;

Pour se trouver des compétences.

Apprendre devrait être plus un plaisir qu'un but.

Il va s'agit d'évacuer les émotions négatives et rétablir les pensées positives (exemple, savoir utiliser autrement un crayon en art thérapie), et les étiquettes.

Apprendre pour encourager la curiosité.

Explorer. Découvrir. Rétablir le droit à l'erreur.

 

APPRENDRE A SE SENTIR CAPABLE DE

SE COMPRENDRE

S ACCEPTER

 

Chez l'enfant, l'affectif et le cognitif sont toujours imbriqués. Les difficultés rencontrées par les enfants dys, hyperactifs ou à haut potentiel co-existent avec leurs dys, hyperactivité et surdouance et ont des conséquences sur les apprentissages mais aussi sur l'estime de soi, la confiance en soi. L'anxiété, le risque de dépression de l'exclusion, la différence avec les autres, l'échec scolaire (ou la trop grande performance), une pensée en arborescence constante, la peur de l'échec, une très grande sensibilité etc. agressent l'enfant qui est plus fragile.

Parmi les symptômes associés fréquents, angoisse de séparation, phobie, anxiété généralisée et anxiété de performance, troubles obsessionnels sont traités en psychothérapies.

 

© C.Vera

 

 

L'OBSESSIONNEL NE DESIRE PAS

L'obsessionnel pense en circuit fermé dans une jouissance plutôt onaniste car sa jouissance héritée de l œdipe, génère de la culpabilité.(J. Lacan, « Conférence à Genève sur le symptôme », Le bloc-note de la psychanalyse, n° 5, 1985). 

 

Le désir est en effet un vrai casse tête pour l'obsessionnel. Il a peur d une part de son propre désir. Il impose distance et séparation par peur d être confronté au manque. La jouissance est difficile puisqu'il est question de désir mais il cherche quand même à le préserver.

De quel désir a t il peur en somme? Désir originaire de la mère - et ce dans les deux sens ( désir œdipien mais aussi désir venant de la mère avec l enfant objet de désir de la mère ) - et peur de la castration par le père. Faut il rappeler que l origine des psychonévrose est l angoisse de castration?

 

Pour cela en guise de compromis ou solution, il va chercher à maîtriser le désir de l autre, voire le détruire sans céder justement au désir de l autre qui le diviserait.

Rester dans le désir sans rien donner est le but recherché. Il ne lâche rien pour ne pas être englouti. Il est fixé dans l analité pour supporter son manque et sa peur. L acte se perd souvent dans la pensée et la procrastination car le processus psychique est coûteux.

 

Tout ce qui fera basculer le désir de l’obsessionnel le mettra en effet en péril.

Le toc, associé à la maîtrise le rassurera.

Rajouter une dose de négatif et du déplaisir permettra de détourner la pulsion de son but lié au plaisir.

Ainsi l’obsessionnel va toujours voir les choses sous un mauvais angle. C est moins risqué.

AVRIL 2022

LA THEORIE DE LA PENSEE DE BION ET SES LIENS AVEC LA PSYCHOSOMATIQUE RELATIONELLE ET LA MEDIATION CORPORELLE

 

 

Idées délirantes, idées de persécution, paranoïa, jalousie, impressions que l’on pense du mal de soi, sentiment d’impasse et de conflit, difficulté à choisir, pensées intrusives, hyperactivité, arborescente, emprise de la pensée, pensée clivée ou dissociée ou pensée débordée par l’émotion, pensée opératoire, pensée onirique, pensée projetée sur le psy, déplacée -phobie d’impulsion -, ruminations dans le toc – pensées verbalisée – « je souffre » – pensée somatisée,  pensée du psy, son contre – transfert, la liste des destins de la pensée est longue en thérapie individuelle mais aussi dans le couple, en famille, au travail etc. (difficultés à communiquer, à comprendre et se faire comprendre avec la frustration que de ne pas se sentir compris. La pensée est dans tous nos liens.

Magique, positive, concrète, symbolique, intrusive, creuse, délirante, dissociée etc… la pensée n’est pas exclusive au langage mais se déploie dans le corps. Symptôme, somatisation, passage à l’acte en sont ses expressions. On ne peut faire l’économie de comprendre ce qu’est la pensée avec son origine et ses étapes si l’on veut comprendre ce qu’est une psychothérapie.

Symptôme et processus à la fois, la pensée est au cœur de la psychanalyse et de toute psychothérapie.

Je vous propose, dans un premier temps, d’évoquer la théorie de la pensée chez Bion et, dans une seconde partie, son intérêt en la médiation corporelle et en psychosomatique relationnelle.

 

COMMENT DEFINIR LA PENSEE ?

Pour le Larousse, il s’agit d’un processus psychique.

De quoi s’agit-il plus précisément ?

Avec la pensée, on est au contact de quelque chose ou quelqu’un : on peut se souvenir, imaginer ce qui n’est pas réel, ce qui n’est plus et pas encore.

La pensée est aussi, toujours pour le Larousse, un ensemble d’idée c’est-à-dire « ce qui définit les concepts entre eux ».

Pensare en latin signifie peser, apprécier, estimer. Avec la pensée on peut avoir une opinion, croire comme vrai ou non vrai.

Se rapprocher des sens de penser de réfléchir permet d’affiner la définition de la pensée. Les deux verbes sont en effet très proches sans être tout à fait synonymes et cette comparaison permet déjà de souligner l’importance de la dynamique projective contenue dans l’activité de penser.

Enfin, penser est l’homonyme de panser, qui vient de pensare en latin, qui signifie soigner une plaie, apporter une consolation, adoucir. Un bon soin, un confort que l’on va retrouver dans le processus non pathologique de la pensée.

La pensée s’inscrit donc littéralement d’emblée autant dans la représentation que dans la liaison, au sens de relation ainsi que dans le mouvement projectif. C’est cette même double inscription que nous verrons aussi au niveau psychanalytique.

 

 

COMPRENDRE LES PROCESSUS DE PENSEE AVEC BION

Les processus de pensée sont depuis toujours une préoccupation majeure pour les psychanalystes.

Freud

Les destins des processus de pensée seront la préoccupation majeure en métapsychologie avec une réflexion axée le travail d’encodage de la pensée. Pour Freud, dans l’Interprétation des rêves (1900), le désir est à l’origine de la pensée en agissant sur la réalité externe afin d’obtenir une satisfaction.[1] La méthode dont il est à l’origine, la libre association, aura pour but de rendre compte de cette construction psychique avec l’importance de la pensée dite régressive au cours des séances.

Avec Mélanie Klein, la question de la pensée occupe une place centrale autour de l’activité psychique fantasmatique comme constitutive des premières étapes de la pensée et des étapes du développement de l’enfant. La pensée prolonge l’activité pulsionnelle et Mélanie Klein en précise sa relation avec l’objet, par les différentes étapes par lesquelles passe le bébé. Lors de ce processus, entre position schizo-paranoïde et position dépressive, haine, destructivité, culpabilité et réparation, la perte et la construction sont liées.[2]

Winnicott mettra l’accent que le fait que cet objet doit être « suffisamment bon [3]» pour que puisse se construire correctement la pensée de l’enfant dans l’acceptation de ce qui est vrai et faux, soi et non soi et progressivement se séparer pour exister. L’objet transitionnel en est une étape.

On peut déjà noter ici l’importance de plus en plus accrue au corps et notamment à la peau dans la pensée psychanalytique.

Tout se co-construit entre l’adulte et le bébé dans un croisement entre un dedans et un dehors.[4]

Pour Esther Bick la fonction contenante est d’abord exercée du dehors avant d’être intériorisée par l’enfant. La méthode de la pratique de la visite à domicile qu’elle met au point est centrée sur les représentations des projections parentales sur l’enfant et permet un dépistage précoce de tous les dysfonctionnements relationnels précoces.

Dans ces situations, le processus pathologique a souvent figé toute capacité de penser et de communiquer (au sens de créer des liens)[5].

 

Notons, plus tard, les travaux de Didier Anzieu sur Le Moi-Peau[6].

Didier Anzieu dans Le Moi Peau (1974) décrit l’étayage de l’activité psychique sur les fonctions du Moi Peau, la peau en tant que sac qui retient le bon à l’intérieur, limite avec le dehors et comme lieu d’échange avec autrui.[7]

Didier Houzel aborde par la suite une clinique du vide centrée sur la question du traumatisme et des dépressions maternelles et sur la question des problématiques de la défaillance des enveloppes et des contenants.

Cette question des limites évoquée par Anzieu est reprise par André Green qui considère que c’est là un paramètre essentiel pour l’établissement d’une clinique et d’une théorie de la pensée (1982).[8]

Bion

L’originalité de la pensée de Bion est de s’appuyer sur ses prédécesseurs pour fonder le point de départ d’un questionnement nouveau.

La théorie de la pensée de Bion s’enrichie largement inspirée d’Esther Bick qui découvre que le bébé vit après sa naissance dans un monde bi-dimensionnel en deux dimensions ou plus précisément peau contre peau, sans distance et perspective, sans pensée. C’est le niveau β, un niveau adhésif[9].

Lorsqu’il se détache de ce niveau adhésif[10] il entre dans un espace psychique à trois dimensions.

Dans la terminologie bionienne, la mère transforme en éléments alpha les émotions et sensations qui mettent le bébé en état d’angoisse et qui sont projetés sur elle (appelés les éléments β bêta).

L’élément β est l’élément projeté : il est ce qui était insupportable dans le moi, non digérable (pour reprendre une métaphore de Bion). C’est un élément brut corporel et donc éprouvé et non disponible pour la pensée.

Le moyen de transformer cet élément béta brut en un élément psychique est de le confier à un élément capable de le contenir, de supporter l’impact qu’il a sur lui et de le penser enfin.

L’enfant pourra par la suite s’approprier cette fonction alpha contenante.  Ce processus, comme nous le verrons plus loin, implique une identification projective.

La première activité de la pensée est l’évacuation massive d’états proto sensoriels et proto émotionnels de la part de l’enfant. Si ces évacuations (éléments β) sont saisies, accueillies et transformées par un appareil psychique qui les absorbe et les métabolise (la fonction α), elles sont peu à peu transformées en pictogramme pourvus de sens (éléments α).

L’appareil psychique de la personne qui opère ces transformations ne transforme pas seulement le chaos proto-sensoriel et proto-émotionnel en une figuration émotionnelle dotée de sens mais grâce à la répétition continue de cette opération, elle transmet aussi « la méthode » pour le faire, la fonction α.

Pour cela le psychisme de la mère étant le contenant, le réceptacle pour les émotions du bébé, la mère doit être elle-même capable de tolérer les éprouvés angoissants du bébé.

C’est ce que Bion appelle la relation contenant- contenu. Si le bébé est privé de cette relation, face à trop de souffrances et trop de frustrations, il va alors développer des défenses pour se protéger de ces expériences qui lui sont insupportables. (Exemple : défenses de type autistique), pouvant même aller jusqu’à devenir partie intégrante de sa personnalité ou de son caractère[11].

La relation, l’espace, le corps et la pensée sont des concepts qui sont liés.

 

LA CONSTRUCTION DE LA PENSEE

Pour Bion la pensée est faite d’étapes vers l’abstraction et qui toutes se rapportent à l’objet. L’émotion va accompagner la naissance de la pensée. La pensée n’est donc pas qu’une capacité d’abstraction mais l’expérience d’une perte dans ses étapes.

Chez Bion la pensée se rapporte à l’absence de l’objet, absence qui va de la pré-conceptualisation de l’objet à sa conception et son intériorisation par l’introjection.

Tandis que Mélanie Klein évoque la position dépressive comme essentielle au travail du deuil, Bion associe cette absence à la naissance de la pensée : l’objet interne est perdu mais retrouvé au profit de ses représentations ; pour cela le processus de liaison entre un objet interne doté d’un fonctionnement a est essentiel pour permettre l’absence de ce même objet au dehors du moi. Pour Bion la pensée est donc une absence de chose, associé au fonctionnement de la position dépressive.

 

La spécificité de l’identification projective est au fondement des éléments de base de la pensée de Bion.

Le devenir des éléments projetés est central dans le travail de Bion sur la pensée et ce sera le point de départ de son travail.

La mère est pour le bébé est objet contenant au sens de contenant les identifications projectives du bébé c’est-à-dire ce qu’il ne supporte pas en lui et qu’il projette sur l’objet. Notons qu’il s’agit chez Freud d’une évacuation et chez Mélanie Klein la tentative omnipotente de maitriser cet objet tandis que chez Bion l’identification projective a la valeur d’une communication consistant à rendre supportable l’insupportable.

Bion utilise le concept de Moi auxiliaire pour faire le travail de réduction émotionnelle que le Moi du bébé ne peut pas encore faire seul.

Le psychanalyste fait d’ailleurs ce même travail de départ c’est-à-dire reconnaitre ces éprouvés qui ne lui appartiennent pas mais que le patient projette sur lui.

L’objet n’est donc pas ce qui est projeté sur lui (au sens d’une expulsion au sens freudien) mais avant tout un objet contenant.

 

QU’EST-CE QUE LA PROJECTION ?

On retrouve la projection dans la paranoïa[12] (Freud, 1911) et dans la phobie (Freud 1915)[13] ; la projection expulsion en direction de l’objet les représentations que le moi ne peut pas tolérer. Un nouvel objet est ainsi créé, doté des caractéristiques des éléments projetés et d’autre part, enclin à retourner vers le moi, mais à partir de dehors, ce que fut réalisé au-dedans. L’objet est habité par les projections du moi au point d’en incarner au dehors les caractéristiques. Mélanie Klein change pour cette raison le terme de projection en 1946[14] en terme d’identification projective.

Dans la projection, l’objet est passif et se laisse transformer par le contenu de la projection.

Dans l’identification projective, l’objet peut conserver ses caractéristiques propres, c’est là la différence majeure entre les deux concepts. C’est un processus à deux temps : d’une part la projection (des éléments non désirables par le moi) ET d’une identification narcissique aux qualités désirables de l’objet, objet dont il désire acquérir les qualités.

Il s’agit de la transformation des éléments β en éléments α, grâce à la fonction α de l’objet.   

Si l’objet est juste envahi par les éléments projetés et qu’il est défaillant, il deviendra un objet défaillant sur laquelle l’identification se fera.

Bion nomme « une peur sans nom »[15]  ce à quoi l’objet n’a jamais pu donner un nom .

 

C’est la fonction α qui transforme le non symbolisable en symbolisable, le non pensable en pensable. Bion nomme l’activité du fonctionnement α « rêverie ».

Par ce processus, l’élément β devient un élément α.

L’enfant introjecte alors non pas l’élément β projeté mais ce même élément transformé en α ; outre sa possession, le moi introjecte l’objet qui a été capable d’effectuer cette transformation : il introjecte AUSSI son fonctionnement.

Après la transformation des éléments β en des éléments α, le moi peut effectuer seul cette transformation.

Ce moi enrichit de ce fonctionnement lui permettra le moment venu d’accomplir seul la tâche que l’objet a déjà accomplie pour lui.[16]

Freud évoquera une double censure qui ne permet aux représentations de choses de se faire un chemin vers le conscient qu’à condition qu’elle se lient à des représentations de mot, permettant de passer du non symbolisable au symbolisable.[17]

L’APPAREIL A PENSER LES PENSEES

Bion propose le modèle PS position schizo-paranoide  ⬌D Dépressive à la capacité de penser les pensées.[18] Il affirme l’antériorité des pensées sur l’appareil permettant de les penser.

Ce modèle est fait d’étapes, du plus concret au plus abstrait, du corporel non inscrit dans un processus de liaison symbolique.

Pour cela il construit une grille avec des lignes (pour l’observation de l’action) et des colonnes (pour la pensée aboutissant après réflexion à une mise en acte). Leur croisement est le point d’aboutissement d’une élaboration conceptuelle.

La psychosomatique peut être pensée à partir de cette grille.

L’appareil à penser les pensées peut être comparé au fonctionnement des associations libres avec un pont qu est fait par l’analyste entre deux pensées pour qu’il en émerge un sens inconscient-pré conscient-conscient

Bion élabore aussi une théorie de ce qui détruit la pensée avec « l’inversion du fonctionnement α »  de α à β : il n’y a plus de capacité de liaison. Nous ne sommes plus dans le modèle PS ⬌D mais dans une position PS ⬌PS schizo-paranoïde pathologique.

 

LA GRILLE DE BION

Pour traduire l’évolution de la pensée émotionnelle qui se transforme en connaissance avec des éléments de plus en plus élaborés, il construit sa grille qui prend forme dans Eléments de Psychanalyse en 1963. 

Pour son utilisation il insiste d’abord sur le fait que l’observation est importante.

La grille se remplit sur deux axes.

 

L’axe horizontal :

L’axe horizontal de 1 à 6 correspond aux différents usages qui peuvent être faits des pensées[19].

Psi :

Il s’agit ce qui bloque la dynamique, les résistances que Bion nomme l’anti-connaissance (de l’analysant, le contre transfert de l’analyste).

Notation :

Il s’agit de la prise de note durant la séance, sensorielles selon Bion.

Attention :

C’est la colonne de l’attention flottante, l’inconnu, la rêverie. C’est la case la plus ouverte.

On peut croiser cette case avec le cadre proposé par Esther Bick dans l’observation des bébés dont la méthode oblige l’observateur, dans une situation quasi expérimentale, à être seulement là en « receveur » et à « se laisser simplement emplir, déverser en soi etc » et à développer une aptitude à simplement recevoir, donc à être un contenant. Le travail de supervision permet d’être attentif au repérage de ces interférences et de les reconnaitre tant dans les commentaires que dans les silences[20].

Investigation :

Cette colonne, initialement nommée Œdipe regroupe ce qui a attrait à la curiosité.

Action :

Colone du passage à l’acte, c’est aussi la colonne de la transformation des pensées en action.

 

L’axe vertical :

L’axe vertical représente l’évolution de la pensée, du concret vers l’abstraction.

Les éléments β sont les éléments sensoriels de la position schizo paranoïde, qui ne sont pas élaborés par la fonction α qui les rendra digestibles en tant qu’éléments α.

Notons que les cases A3, A4 et A4 sont donc vides.

Ces éléments sont utiles à l’identification projective, à l’évacuation comme seule solution de décharge d’où les passages à l’acte.

Les éléments C :

Ce sont des éléments α plus élaborés comme les rêves ou les mythes primitifs

Les pré-conceptions :

Ce sont les pensées vides et en état d’attente. En ce sens tous les éléments de la grille sont des pré-conceptions.

Les concepts :

Un concept le résultat du travail de la pensée, à ce stade la possibilité d’une abstraction

Le système scientifique déductif : C’est la possibilité de conjonctions et d’envisager autrement les concepts.

Le calcul algébrique :

C’est la possibilité d’un système représentatif déductif par les chiffres.

 

LA PENSE ET LA PSYCHOSE

Pour Bion tout être humain fonctionne sur les deux registres de la pensée psychotique et non psychotique.

Pour la pensée psychotique, les mots sont pris pour une vérité absolue, les mots sont des faits sans passage par la pré-conception et la symbolisation. Ce mode de pensée se développe à l’issue d’une relation à l’objet précoce pathologique.

C’est l’analyse avec les patients psychotiques qui va mener Bion à creuser le fonctionnement de la position schizo-paranoïde.

Pour cela il fonde ses idées sur l’identification projective sur laquelle Mélanie Klein avait travaillé en 1946[21] et sur l’observation de ses patients psychotiques

Bion en 1956[22] et 1957[23]commence à décrire en détail de quoi est fait l’identification projective : « Dans la personnalité psychotique, l’intolérance et la haine de la réalité sont si intenses que le patient clive la partie de son moi responsable des perceptions haies, de sorte que l’appareil de perception se live en fragments multiples qu’il projette avec une grande violence dans l’objet, le clivant à son tour. Ces fragments de l’objet qui encapsulent un fragment du moi rempli de haine se transforment en objets bizarres. Ce qui devrait former le matériel du rêve apparait comme des objets bizarres, concrets, entourant un moi affaibli et appauvri ».

Dans la personnalité psychotique, les liens entre les objets sont vécus comme intolérables et ils sont attaqués et détruits. L’objet est ressenti comme intrusif parce qu’il n’a pas été bien introjecté.

 

Le bébé détruit le sein en fantasme mais il reste sans objet. De plus en plus anxieux et il se met à attaquer le lien entre les parents, représenté par le pénis. Les attaques proviennent d’un moi anxieux et envieux autant que d’un surmoi intolérant au lien. L’échec de l’identification projective normale – par manque de réceptivité de la mère aux projections intolérables de l’enfant – conduit à l’identification projective pathologique, caractéristique de la psychose.[24](1957), [25] (1959).

Nous l’avons vu, l’activité de penser nécessite une place au manque et la frustration qui vont permettre de construire une pensée de l’attente : la préconception, premier type de pensée est une pensée vide issue de l’expérience émotionnelle de satisfaction. La pensée naît de l’union d’une préconception avec la frustration, à condition que la tolérance à la frustration soit suffisante, ce qui permet ensuite le développement de l’appareil à penser les pensées. Dans le cas contraire l’expérience émotionnelle conduit à la constitution d’accrétions de stimuli qui doivent être éliminés par l’appareil psychique par l’hallucination, les troubles psychosomatiques, l’agir etc.). A cette capacité du nourrisson de supporter la frustration doit répondre, pour le destin positif de la pensée, le travail de métabolisation effectuée par la psyché maternelle qui accueille les identifications projectives du bébé, les contient et les organise en fantasmes inconscients.[26]

Les échecs de ce processus qui sont repérables dans la clinique des troubles précoces et ouvrant sur des modalités pathologiques spécifiques des états limites.[27]

Les états limites souffrent d’une coupure dans leur vie psychique qui leur procure une difficulté à se sentir exister, marqués par la déliaison psychique. 

Les états limites et les psychoses correspondent à des troubles spécifiques de la pensée ET du trouble de la relation à autrui.

C’est la pensée associative de l’analyste qui va aider le patient à sortir de la dissociation entre pensée et langage[28]

 

LA PENSE DU PSYCHANLYSTE DANS LA CURE : LE TRAVAIL AVEC LES PSYCHOTIQUES ET LES ETATS-LIMITES[29]

Les cures de patients psychotiques ont pour but d’instaurer et maintenir la continuité du moi mais également de favoriser les fonctions de symbolisation tout en travaillant sur la relation, comme si le patient cherchait à communiquer par un corps à corps[30].

Les patients ont changé, les psychanalystes changent[31].

La cure classique n’est pas adaptée, la neutralité de l’analyste et son silence pouvant amener des réactions d’angoisse et l’utilisation du langage à un écueil puisque nous l’avons vu, il y a au niveau du langage des lacunes associatives et un monde bi-dimensionnel en deux dimensions sans distance et perspective ou penser n’est pas possible.

Dans ces conditions, l’analyste doit tout d’abord considérer son contre-transfert ou plus précisément dans sa blessure contre transférentielle une butée au processus analytique. Il est donc nécessaire qu’il s’adapte et modifie le cadre, interne et externe. Pour répondre au vide que le patient ne peut penser, la seule solution est de lui offrir l’image de l’élaboration.

Il n’y a qu’une chose à faire avec le contre transfert, c’est de l’analyser, non de l’utiliser, en espérant qu’il ne vous utilise pas trop.[32]

Il s’agira de nommer les ressentis béta du patient et de les lui renvoyer élaborés et moins terrifiants

 

LA PENSEE DE BION EN PSYCHOSOMATIQUE RELATIONNELLE

Les émotions

Nous l’avons vu avec Bion, les éprouvés sensoriels béta sont insupportables.

Le corps peut être anesthésié (exemple le seuil alexithymique) sur certains affects au niveau des sensations toute comme il peut être totalement débordé par les émotions sans être capable de les exprimer en mettant un lien avec leurs origines (exemple : l’agoraphobie où l’espace est totalement hanté par les projections de la personne).

Les émotions sont à la frontière du psychique et du somatique, entre les éprouvés beta et les éléments élaborés et pensés alpha.

A mi-chemin du psychisme et du somatique, la théorie de psychosomatique relationnelle vise à l’appropriation de son corps et à sa construction subjective.

 

Circularité, conflit et inter-psychique

La méthode de la psychosomatique relationnelle vise à la capacité à élaborer sur les situations conflictuelles pour pouvoir les dépasser et les transformer.

Son outil, la médiation corporelle permet justement de repérer les points de tension et de résistance en partant du corps réel avec l’exploration corporelle pour aller vers un corps imaginaire, le non lien faisant défaut à la fonction imaginaire.

Elle s’intéresse (comme Freud) au conflit intra psychique mais avec la spécificité de partir de l’inter-psychique. Pour la psychosomatique relationnelle, c’est grâce à l’inter qu’on comprend l’intra. Rappelons que la réalité correspond à notre vision et non à la réalité physique : on ne peut pas séparer la résonnance avec l’histoire de la personne, on projette quelque chose de nous sur le monde par une fonction projective.

Cet intra-psychique se glisse en effet au fil du temps dans l’intersubjectivité, intersubjectivité qui se perçoit en rapport avec l’autre et le monde.

Progressivement acquérir des capacités à élaborer des situations conflictuelles encore présentes, auxquelles il participe encore et qui l’ont façonné[33].

Un des axes majeurs de la psychosomatique relationnelle est de dynamiser la circularité.

Pour Freud, le symptôme a une cause linéaire (entre le conflit psychique et le symptôme) mais il est possible de le penser autrement : de façon circulaire.

Cette circularité s’oppose à la causalité avec le corps (pathologie), le fonctionnement adaptatif (avec la somatisation et le conflit ou l’impasse avec le maintien du refoulement - exemple on ne rêve pas et on tombe malade-) et la situation relationnelle. Le corps est le point de départ et le point de retour.

Si le corps est le point de départ, il s’agit du corps comme un objet d’apprentissage, considéré pour son pouvoir de projection c’est-à-dire en tant que schéma de représentation qui découpe un dedans et un dehors avant d’introduire la troisième dimension (…). La psychosomatique utilise la projection sensorielle, avec comme point de départ la sensorimotricité, pour développer la projection fantasmatique dont l’expression la plus aboutie est l’activité onirique (…) [34].

Nous retrouvons ici le passage de la bi-dimensionnalité qui va cristalliser la défaillance de la fonction de symbolisation à la tri-dimensionnalité bionnienne qui permet de redonner au symptôme sa propre représentation.

Le psychosomaticien relationnel va passer d’une directivité avec l’apport d’un cadre contenant et structurant à une non-directivité. Bien sûr la position du psy est variable en fonction des personnes et évolutive pour ne pas mettre le sujet en difficulté.

 

La subjectivation

Un des axes majeurs de la psychosomatique relationnelle est d’amener la subjectivation et plus précisément d’amener à relancer une dynamique de subjectivation à partir du corps : il s’agit de dynamiser les ressources avec la fonction imaginaire (le jeu, le rêve et l’affect) en partant du corps propre et en allant de la projection sensorielle vers la projection fantasmatique et la subjectivation.

« Il ne s’agit pas d’une reprise consciente du sujet de sa propre subjectivité c’est-à-dire à une subjectivité « objectivée » mais d’une véritable constitution de soi en tant que subjectivité et rappelle que l’attitude du thérapeute consiste à recevoir sans déformer l’autre en n’enfermant pas sa réalité dans un système de connaissance, en ne projetant pas un savoir sur lui[35].

L’objectif est de relancer une véritable dynamique de subjectivation à partir du corps propre en tant que structure spatiale dotée d’un pouvoir originel de projection d’abord sensorielle puis fantasmatique ; il s’agira de favoriser un espace corporel unifié (par-delà les ruptures du traumatisme) afin d’accéder à une activité de synthèse par un abord réflexif et expérientiel inclus dans une relation intersubjective, nécessaire à l’apparition du corps propre (histoire affective), fondement de l’activité de représentation et de l’espace imaginaire (le corps propre considéré comme le shème de tous les shèmes).

Le thérapeute va accompagner le sujet à se relier à ses potentialités sensorielles et émotionnelles (identifiation, expression), affectives (intersubjectives, intercorporeité) et imaginaires (oniriques). La dynamisation de la circularité va restaurer un lien fondamental entre ls différents pôles du trépid psychosomatique : fonctionnement- situation relationnelle conflictuelle – pathologie.[36]

 

La projection sensorielle

Pourquoi le corps ? D’abord c’est à partir du corps que se déploient les éprouvés archaïques.

Le corps qui s’engage dans cette médiation en psychosomatique relationnelle est un corps doté d’un pouvoir de projection et considéré dans ses capacités sensorimotrices dont la perception guide ses potentialités d’action ainsi que l’ensemble de la cognition[37].

L’espace corporel est perçu en psychosomatique relationnelle comme espace onirique et un espace d’actualisation des conflits.

 

Pour cela, la psychosomatique relationnelle utilise le corps comme médium.

« Le corps garde la trace des situations conflictuelles qui ont dévié ou fait obstacle au développement du sujet : une trace sur laquelle la relation thérapeutique exerce un pouvoir de résolution et de transformation [38]»

Elle va introduire progressivement un processus de différenciation, au travers d’un schéma dynamique d’exploration dans une position au départ confortable donc sécure (par exemple une position appuyée contre un mur) avec l’exploration tonico sensorielle pour accéder ensuite à une proposition de schéma plus dynamique durant lesquels se déroulent un processus subjectif avec 

1 le schéma dynamico sensoriel

2 l’imaginaire sensoriel,

3 la relaxation,

4 la relaxation et la visualisation,

5 La symbolisation et l’identité

 

1 le schéma dynamico sensoriel

Dans le parcours tonico sensoriel c’est l’exploration des différentes sensations du corps pour développer la conscience du corps avec des repères, avec les limites dedans- dehors, haut-bas, droite-gauche etc. (Rappelons que le psychotique a un problème de limite du corps suite à la bi-dimentionnalité archaïque non dépassée). Il s’agit de prendre en compte de la difficulté de se couper et de la rupture de l’arrière-plan émotionnel pour réassocier le schéma corporel. Après la séance, le partage du vécu permet de faire des liens et de donner sens. La médiation corporelle est ainsi perçue comme une aire de jeu au sens winicottien, favorisant le passage du corps réel fait de perception au sens imaginaire fait de projections, vers un corps plus figuré.

2 l’imaginaire sensoriel, lorsqu’on met des images sur les perceptions, une sensation agréable. On se détache plus du corps en se préparant à l’imaginaire fantasmatique puis onirique[39]

3 la relaxation vise à produire un état de détente et le thérapeute est dans une position maternelle suffisamment bonne induisant un état régressif chez le patient

4 la relaxation et la visualisation,

5 La symbolisation et l’identité pour une centration de l’attention sur soi

 

La psychosomatique relationnelle aborde largement le fonctionnement adaptatif dans lequel le rapport à soi est problématique. Certains n’existent qu’avec un cadre qui les structurent d’autres évitent le conflit.

Le modèle adaptatif se réfère à un modèle appris et reproduit avec une prévalence de la pensée rationnelle (concrète). C’est un fonctionnement en double. On est dans le conformisme. Le choix n’existe pas, tout vient de l’extérieur.

Le problème est quand l’autre faiblit ou disparait…

« Le corps propre apparaît comme un pouvoir primordial de projection dont les effets structurants sont décelables dans le domaine de la perception et de la mémoire, au niveau conscient et inconscient de l’inscription des évènements ».

 

Pour conclure, avoir un corps, c’est avoir un espace.

Pour avoir cet espace, il faut qu’il ait été créé.

Un espace d’où l’on distingue un dedans et un dehors, c’est-à-dire dans un espace de relation identificatoire, entre un réel et un imaginaire.

Un espace psychique différencié de la mère.

La maîtrise de l’espace est la maîtrise de l’identité et de la capacité de penser.

Comment travailler en psychothérapie ?

Il est parfois impensable de pouvoir utiliser le divan.

Pourtant, bien sûr, « la psychose est, pour Freud, absolument fondamentale. La psychose est ce devant quoi un analyste de doit reculer en aucun cas »[40] mais créer un nouveau champ de possible, la psychosomatique relationnelle en fait totalement partie.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

D.Anzieu, le Moi-Peau, Dunod, 1985

W.R.Bion, Entretiens psychanalytiques, Gallimard, 1980

W.R.Bion, Développement de la pensée schizophrénique, Réflexion faite, PUF, 1983

W.R.Bion Différenciation des personnalités psychotiques et non psychotiques, Réflexion faite, 1983

W.R.Bion, L’arrogance, Réflexions faite, PUF, 1983

W.R. Bion, aux sources de l’expérience, PUF, 2003

W.R.Bion, Attaque contre les liens, Réflexions faite, PUF, 1983

W.R. Bion, Transformations – passage de l’apprentissage à la croissance, PUF, 1982

W.R.Bion, Eléments de Psychanalyse, PUF, 1979

P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021

P.Delion, l’observation du bébé selon Esther Bick, son intérêt dans la pédopsychiatrie d’aujourd’hui, Eres, 2004

M. Emmanuelli et F. Nayrou, La pensée, Approche psychanalytique, PUF, 2015

S.Freud, Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa, Résultats, Idées, Problèmes Paris, PUF, 1984

S. Freud, Pulsions et destin des pulsions, Métapsychologie, Galliamard, 1968

S.Freud, L’inconscent, Métapsychologie, Gallimard, 1991

A.Green, L’analyste, la symbolisation et l’absence dans le cadre analytique, La folie privée, G, Gallimard, 1974

A.Green, L’analyste, la symbolisation et l’absence dans le cadre analytique, La folie privée, G, Gallimard, 1974

M. Klein, Notes sur quelques mécanismes schizoides, Développement d la psychanalyse, PUF, 1966

J. Lacan, Ouverture de la section clinique, le 5 Octobre 1976

D. Winnicott, La mère suffisamment bonne, 1953

 

[1] La pensée, Approche psychanalytique, M. Emmanuelli et F. Nayrou, PUF, 2015, p. 3

[2] La pensée, Approche psychanalytique, M. Emmanuelli et F. Nayrou, PUF, 2015, p. 4

[3] D. Winnicott, La mère suffisamment bonne, 1953

[4] La pensée, Approche psychanalytique, Sensorialité, Enveloppes et signifiants primordiaux, B.Golse, PUF, 2015, p. 63 et 64

[5] P.Delion, l’observation du bébé selon Esther Bick, son intérêt dans la pédopsychiatrie d’aujourd’hui, Eres, 2004, p.141

[6] D.Anzieu, le Moi-Peau, Dunod, 1985

[7] La pensée, Approche psychanalytique, M. EMMANUELLI et F. NAYROU, PUF, 2015, p. 3

[8] La pensée, Approche psychanalytique, M. EMMANUELLI et F. NAYROU, PUF, 2015, p. 3

[9] La pensée, Approche psychanalytique, Le rôle de l’objet dans la constitution de la pensée chez Bion, C.Athanassiou-Popesco, PUF, 2015, p. 63 et 64

[11] P.Delion, l’observation du bébé selon Esther Bick, son intérêt dans la pédopsychiatrie d’aujourd’hui, Eres, 2004, p.260

[12] S.Freud, Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa, Résultats, Idées, Problèmes Paris, PUF, 1984

[13] S. Freud, Pulsions et destin des pulsions, Métapsychologie, Galliamard, 1968

[14] M. Klein, Notes sur quelques mécanismes schizoides, Développement d la psychanalyse, PUF, 1966

[15] W.R. Bion, aux sources de l’expérience, PUF, 2003

[16] La pensée, Approche psychanalytique, Le rôle de l’objet dans la constitution de la pensée chez Bion, C.Athanassiou-Popesco, PUF, 2015, p. 50 à 53

[17] S.Freud, L’inconscent, Métapsychologie, Gallimard, 1991

[18] W.R. Bion, Transformations – passage de l’apprentissage à la croissance, PUF, 1982

[19] W.R.Bion, Eléments de Psychanalyse, PUF, 1979, p.5

 

[20] P.Delion, l’observation du bébé selon Esther Bick, son intérêt dans la pédopsychiatrie d’aujourd’hui, Eres, 2004, p.177

 

[21] M.Klein, « notes sur quelques mécanismes schizoïdes »

[22] W.R.Bion, Développement de la pensée schizophrénique, Réflexion faite, PUF, 1983

[23] W.R.Bion Différenciation des personnalités psychotiques et non psychotiques, Réflexion faite, 1983

[25] W.R.Bion, Attaque contre les liens, Réflexions faite, PUF, 1983, p.105-123

[26] La pensée, Approche psychanalytique, M. EMMANUELLI et F. NAYROU, PUF, 2015, p.  5 et 6

 

[30] A.Green, L’analyste, la symbolisation et l’absence dans le cadre analytique, La folie privée, G, Gallimard, 1974, p. 74

[32] W.R.Bion, Entretiens psychanalytiques, Gallimard, 1980, p.121

[33] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021, p. 316

[34] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021, p.19

[35] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021, p.21

[37] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021, p. 314

[39] P.Boquel, Nouveau manuel illustré de médiation corporelle en psychosomatique relationnelle, CRESMEP, Oct. 2021, p. 164

 

[40] J. Lacan, Ouverture de la section clinique, le 5 Octobre 1976

 

AVRIL 2021

"J'AURAI VOULU ETRE UN ARTISTE...  QUESTIONNEMENT SUR LE CHANGEMENT"

J'ai du succès dans mes affaires
J'ai du succès dans mes amours
Je change souvent de secrétaire
J'ai mon bureau en haut d'une tour
D'où je vois la ville à l'envers
D'où je contrôle mon univers

J'passe la moitié de ma vie en l'air
Entre New York et Singapour
Je voyage toujours en première
J'ai ma résidence secondaire
Dans tous les Hilton de la Terre
J'peux pas supporter la misère

Au moins es-tu heureux

J'suis pas heureux mais j'en ai l'air
J'ai perdu le sens de l'humour
Depuis qu'j'ai le sens des affaires
J'ai réussi et j'en suis fier
Au fond je n'ai qu'un seul regret
J'fais pas ce que j'aurais voulu faire

Qu'est-ce que tu veux mon vieux?
Dans la vie on fait ce qu'on peut
Pas ce qu'on veut

J'aurais voulu être un artiste
Pour pouvoir faire mon numéro
Quand l'avion se pose sur la piste
À Rotterdam ou à Rio
J'aurais voulu être un chanteur
Pour pouvoir crier qui je suis
J'aurais voulu être un auteur
Pour pouvoir inventer ma vie
Pour pouvoir inventer ma vie

J'aurais voulu être un acteur
Pour tous les jours changer de peau
Et pour pouvoir me trouver beau
Sur un grand écran en couleur
Sur un grand écran en couleur
J'aurais voulu être un artiste
Pour avoir le monde à refaire
Pour pouvoir être un anarchiste
Et vivre comme ... un millionnaire
Et vivre comme ... un millionnaire

J'aurais voulu être un artiste
Pour pouvoir dire pourquoi j'existe
J'aurais voulu être un artiste
Pour pouvoir dire pourquoi j'existe

Le blues du businessman, Nicole Croisille

 

La boite aux lettres du désir

Qui n'a pas été amené un jour à rêver de changement de vie? Les rêves, la voie royale vers l'inconscient, nous ouvrent la porte vers le champ de notre désir. On commence par des projets. "Quand je serai grand je serai policier". "Quand je serais à la retraite, je prendrais des cours de jardinage". "Quand les enfants auront fini leurs études, on pourra enfin s'acheter une moto". "Quand j'aurai 18 ans, je prendrai mon appart". "Quand le COVID nous laissera tranquille, on se réunira en famille". "Quand je l'aurai quitté, je serai mieux". Les envies et les projets, on en a tout au long de la vie. On se projette, on s'enfuit, on se fait du bien en songeant que, peut-être, plus tard, là-bas, ailleurs...

Ces projets, ces idées, en fin de compte, les réalise-t-on vraiment?

Sur nos parcours, il y a souvent une boite aux lettres et dans nos poches, une lettre. Cette lettre, dans notre poche, c'est la promesse qu'on s'est faite de devenir policier, de prendre des cours de jardinage, de s'acheter une moto, de prendre un appart, de se reunir en famille, de se séparer.

"Si je conçois un projet le matin qui doit être réalisé le soir, il peut arriver que certaines circonstances m'y fassent songer plusiseurs fois au cours de la journée. Mais il n'est pas du tout nécéssaire que ce projet reste dans ma conscience toute la journée. Lorsque le moment de la réalisation approche, il me revient subitement à la mémoire et incite à faire les préparatifs que nécessite l'action projetée. Lorsqu'en sortant de chez moi j'emporte une lettre que je me propose de mettre dans une boite, je n'ai nullement besoin, si je suis un individu normal et non névrosé, de tenir la lettre à la main tout le long du chemin et de chercher tout le temps à droite et à gauche une boite aux lettres pour exécuter mon projet à la première occasion qui pourra se présenter : je mets ma lettre dans ma poche, je laisse tranquillement mes idées se succéder, librement, comptant bien que la première boite que j'apercevrai éveillera mon attention et m'incitera à plonger la main dans ma poche pour en retirer la lettre. L'attitude normale à l'égard d'un projet conçu se rapproche tout à fait de celle que l'on détermine chez des personnes auxquelles on a suggéré sous hypnose une idée "post-hypnotique à longue échéance" (Bernheim, Hypnotisme, suggestion, psychothérapie, Paris, Doin, 1891). On décrit généralement le phénomène de la manière suivante : le projet suggéré sommeille chez la personne en question jusqu'à l'approche du moment de l'exécution. Il s'éveille ensuite et pousse à l'action."(Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, Petite Bibliothèque Payot, 1967, p.190).

Bien sûr qu'en est-il des oublis? Des actes manqués? J'ai oublié de téléphoner au propriétaire de ce studio que je devais visiter à côté de la fac.

"L'oubli de projets reçoit d'ailleurs une bonne illustration de ce qu'on pourrait appeller "la conception de faux projets" (...) "des résistances intérieures" (op.cit.p.201)

Qu'en est -il des maladresses, des accidents? Je ne pourrai pas devenir policier, je me suis cassé la jambe le jour de l'examen. 

"Tomber, c'est faire un faux pas, glisser - autant d'accidents qui ne résultent pas toujours d'un fonctionnement momentanément et accidentiellement défectueux de nos organes moteurs. Le double sens que le langage attribue à ces expressions montre d'ailleurs quelles sont les idées dissimulées que ces troubles de l'équilibre du corps sont succeptibles de révéler" (op.cit.p.220). "Il faut dire que ce sont justement les actes symptômatiques de ce genre qui nous ouvrent  le meilleur accès à la connaissance de la vie psychologique intime de l'homme (op.cit.p.267).

"Le mécanisme des actes manqués et accidentels, tels qu'il s'est révélé à nous grâce à l'application de l'analyse, montre, dans ces points essentiels une grande analogie avec le mécanisme qui préside à la formation de rêves, tel que je l'ai décrit dans le chapitre "Travail du rêve" de mon livre sur La Science des rêves. De part et d'autre on trouve des condensations et des formations de compromis (contaminations) ; la situation est la même, c'est à dire qu'elle est caratérisée par le fait que des idées inconscientes arrivent à s'exprimer à titre de modifications d'autres idées, en suivant des voies inaccoutumées, indépendamment des associations extérieures". (...) Mais nous avons encore un intérêt tout particulier à considérer les actes manqués, accidentels et symptômatiques, à la lumière de cette dernière analogie. En les mettant sur le même rang que les manifestations des psychonévroses, que les symptômes névrotiques, nous donnons un sens et une base à deux affirmations qu'on entend souvent répéter, à savoir qu'entre l'état nerveux normal et le fonctionnement nerveux anormal, il n 'existe pas de limite nette et tranchée.(...)."Mais le caractère commun aux actes les plus légers comme les plus graves, donc aussi aux actes manqués et accidentels, consiste en ceci : tous les phénomènes en question, sans exception aucune, se ramènent à des matérieux psychiques, incomplétement refoulés et qui, bien que refoulés par le conscient, n'ont pas perdu toute possibilité de se manifester et de s'exprimer (op.cit.p364 à 366).

Freud a montré que le rêve est la voie royale à l'inconscient  mais qu'il y a dans notre vie quotidienne "d'autres chemins vers cette part qui échappe à notre contrôle et qui, par ses manisfestations, traduit nos désirs."

 

Le changement comme avancement vers soi

Désirer c'est manquer. Rêver de partir, s'imaginer ailleurs, tout plaquer, larguer son entourage, changer d'emploi etc fait sens. L'esprit mais le corps, la maison, peuvent- être une station du voyage : changer de coupe de cheveux, se faire tatouer, changer de look, refaire la décoration, déménager etc. Il y a des désirs venant du Moi. 

Vouloir changer de vie, c'est déjà percevoir une sortie d'impasse en premier lieu pulsionnel, une mise en mouvement, parfois un passage à l'acte. "C'était plus fort que moi, j'ai acheté une moto". La pulsion est un concept majeur de la psychanalyse, un processus dynamique qui tend vers un but de l'apaisement de l'exitation. Alors oui, tout plaquer peut être cette voie de décharge d'un affect insupportable, sous pression et pouvant être associé à un conflit. La pulsion est liée à une manifestation corporelle. On peut imaginer une sensation d'étouffement et une pulsion d'aller prendre l'air pour s'en décharger. Prendre l'air revêt de nombreux aspects bien sûr allant de la pause cigarette à l'hôtel où l'on ira passer la nuit pour respirer un peu, que ce soit pour prendre des vacances ou dans le cadre d'une scène de ménage.

René Roussillon souligne que « La pulsion est « […] notre grand principe énergétique interne, […] un concept forgé pour résoudre des difficultés dans la théorisation de l’articulation de la vie psychique et de la vie somatique. […] En tant que telle on ne la rencontre jamais, on rencontre ses représentants ".

 

Quand le changement est traumatique

Le changement a un doux goût d'exotisme mais oui aussi, certains évènements de vie peuvent venir lourdement impacter l'existence : entrée au CP, décès, divorce, mariage, pax, licenciement, grossesse, naissance, déménagement, retraite, séparation, changement de rythme etc. mais que disent-ils de nous et ne sont-ils pas là comme un chemin à prendre aussi ? L'essentiel n'est-il pas de savoir si on est en train de tourner en boucle dans un rond point ou s'il s'agit d'une sortie que l'on n'aurait jamais osé prendre? Plutôt qu'un échec à ressentir, que nous invitent-il comme autre voyage? Ce licenciement se permettrait-il pas de changer d'emploi et de devenir policier? Cette mise à la retraite anticipée ne permettra-t-elle pas de repenser à cette moto qu'on n'a jamais finalement acheté?

Il n'en demeure pas moins que ces derniers évènements de vie liés à des changemements de vie peuvent se révéler absolument traumatiques s'ils réactivent des "déjà-vu - déjà souffert" ou s'ils arrivent trop subitement sans y être préparé. Ils sont amplifiés émotionnellement et brouillent la vue.

 

Ainsi le changement, subi ou décidé, fait partie de la vie et sont tels des carrefours à prendre. Nous changeons de toute façon chaque jour un peu plus depuis notre naissance, multipliant les expériences et les apprentissages. Ce que nous sommes aujourd'hui ne sera pas vraiment ce que nous serons demain ni ce que nous étions hier. Parfois on tourne en rond longtemps dans le rond point tout comme on aura mis le pantalon et la lettre avec à la machine à laver et il faudra un accident pour nous en faire sortir ou un nouveau facteur à croiser parfois alors oui le hasard s'en mèle. Parfois, les projets vers du mieux être sont plus fluides et on postera la lettre dans la poche. 

La vie est faite d'étapes, d'oublis, de rencontres et d'expériences et leur donner sens permet, comme avec l'analyse des rêves, d'aller pleinement vers soi en écoutant ce que ces changements disent de nous.

 

C.VERA le 3/4/21

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

"LE TROUBLE ALIMENTAIRE, UN REGARD SUR LES LIMITES DU CORPS"

Le trouble alimentaire est un vaste sujet qui nous entraine vers cet au-delà des limites que la psychanalyse questionne souvent en terme de créativité et de destructivité.

La nourriture, la question des limites 

La question du trouble alimentaire, c'est déjà une question de trop ou de pas assez. Trop de kilos, trop de poids, trop loin de l'image que je souhaiterais, pas assez de motivation, pas assez bien. En-dessus ou en deça d'un seuil idéalisé, c'est entre manque et surplus que nous pouvons poser l'hypothèse d'un corps qui n'a pas ou plus la capacité de sentir de se réguler et de se satisfaire de ce qui est réellement suffisamment bon pour lui. Le troube alimentaire, c'est un trouble de la satisfaction.

Entre pulsion de vie et pulsion de mort, le trouble alimentaire oscille entre destructivité et toute puissance du corps. Un corps qui se détruit, un corps dont la jouissance va au-delà de sa propre destruction. Parfois oui il faut détruire pour reconstruire mais le danger de maigreur ou de surpoids va entrainer le corps dans des conséquences médicales souvent lourdes où le processus de reconstruction se heurtera au limites du réel. Les troubles alimentaires sont un engrenage qui a des effets secondaires sur la santé : troubles digestifs, complications dentaires, déséquilbre glycémique, déséquilibre du cycle menstruel, complications sur la fertilité, stress, fatigue etc.

La relation au corps, c'est ce que le bébé va expériementer dans ses premières années de vie. Quand le bébé a faim, il a une sensation somatique, il pleure ou gigotte pour exprimer son anxiété voire sa colère projettée sur autrui trop long à venir lui apporter ce qu'il pourra l'apaiser. C'est un circuit pulsionnel qui part d'un besoin et se décharge par le corps. Le bébé, à ce moment là, est passif et dépend de son environnement. L'allaitement, au début à la demande pour le nourrison place au sevrage et à la diversification alimentaire, entrainant ainsi un processus naturel de séparation et d'une ouverture vers autre chose que la mère ainsi qu'avec l'introduction de la notion de rythme, d'autres aliments que le lait, ces coupures étant essentielles de la notion de présence-absence et à l'élaboration de la notion de soi.

Il est vital pour le bébé de sentir l'apaisement dans son corps des tensions tout comme il est essentiel qu'il puisse entendre qu'il ne peut être remplit en permance, son corps lui rappelera vite ses limites avec des régurgitements ou des maux de ventre et sa mère son désir ailleurs aussi, parfois. 

 

Le sentiment d'unification corporelle

La fonction d'apaisement permet au bébé de calmer ses angoisses massives de vide dues au fait qu'il n'a pas conscience à la naissance de son corps. Il est dans le fantasme d'une illusion primaire de retour dans le ventre de la mère et n'a pas encore expérimenté les notions d'espace entre soi et l'autre et soi à ce stade, c'est aussi l'autre. C'est le stade de l'indifférenciation. 

Participant au processus de maturaion le lait tiède et doux va lui donner la sensation d'un apaisement du corps mais cependant être nourrit ne suffira pas. Les cas d'hospitalisme ont montré que les seuls soins de nourrisage et d'hygyiène ne permettent pas l'épanouissement du bébé ; ils doivent être renforcés par une autre contenance que l'aliment seul. Le regard, la voix, l'odeur de la mère et le toucher de la peau avec les carresses qui accompagnent la tétée sont essentielles au bon développement de l'enfant, lui donnant encore la sensation d'unité et de fusion mère-enfant mélée déjà quand même de ce qui n'est pas lui mais qui le contient encore. "Je vois par tes cris que tu dois avoir faim et que tu n'es pas content d'attendre".

"Un bébé seul, ça n'existe pas" disait Dolto. C'est un accordage nécessaire à sa survie, entre lui et l'autre, qui le fera exister en tant que sujet plus tard dans cette capacité de pouvoir être seul car il aura été "avec" au départ.

Le holding permet à l'enfant d'être rassuré sur ses éprouvés. L'acte de s'alimenter renvoit à du sensoriel. Les sens sont stimulés et le langage, associé aux sensations, va venir renforcer l'image inconsciente du monde. A ce sujet évoquons la capacité de réverie de la mère : elle permet de calmer les éléments béta du bébé, déliés, en les transformant en des éléments alpha, connus et les renvoyer au bébé sous une forme entendable par lui. C'est ici le même processus qui se retouve avec la cure psychanalytique. La fonction de nourrissage va de pair avec la fonction maternelle et en est une des composantes essentielles.

Les expériences précoces du nourrissage sont ainsi associées aux expériences prococes du développement psycho corporel et psycho affectif de l'enfant, à la notion de soi et de l'autre, entrainant une différenciation progressive et supportable parcequ'elle sera justement normalement progressive. L'autre, ça ne se mange pas tout comme toi, on ne te mange pas, le corps propre pouvant être investi avec les interdits garant de sécurité.

 

Les dysfonctionnements alimentaires

Que se passe t-il lorsqu'il n'y a pas de rencontre?

Que se passe-t-il lorsque la mère est morte ou toxique?

Comment se séparer lorsqu'on n'a pas déjà été ensemble? Quand la mère est trop là?

La sensation d'insécurité ne lui permettra pas de vivre l'objet de jouissance comme pouvant être absent à postériori s'il n'a pas été présent en amont. Le trouble alimentaire est lié à un trouble plus large du trouble de l'attachement ultérieur.

Un travail psychothérapeutique peut prendre la forme d'une psychoéductaion sans s'y substituer pleinement. Nombreux d'ailleurs sont ceux et celles qui ont besoin d'être régulés par des régimes ou des nutritionnistes, ces derniers faisant office de cet objet manquant régulateur des pulsions orales. Puisque les limites du corps n'ont pas été pensées, les limites de l'estomac ne le sont pas non plus et il est bénéfique que quelqu'un les pense à ma place. Dans un premier temps.

Le trouble alimentaire englobe donc des problématiques diverses, principalement liées à ces eccueils archaiques. Ce sont des désordres alimentaires qui sont les marqueurs extérieurs des désordres psychiques intérieurs et parfois cachés du conscient. Le sens est caché : la solution ne se trouve pas dans le frigo mais bien dans l'inconscient. 

 

La compulsion de répétition

Le processus "j'ai faim/je manque/je suis seul/je suis en danger/je souffre/j'ai peur/je pleure, j'alerte/ je suis en colère, c'est trop /je me contracte/je mange/je me sens mieux/je m'apaise/je m'endors" chez le bébé résumerait le processus de la compulsion boulimique chez l'adulte où l'émotion est rattachée au besoin de se combler : il/elle m'a quitté, je suis contrarié(e), je mange. Ce processus est régressif car nous avons tous connus ce fonctionnement à un moment donné de notre enfance. Manger, c'est notre premier mécanisme employé face à l'angoisse.

Le refus du sein ou son trop plein renvoient à des problématiques régressives ou à des fixations archaiques. Le fantasme oral d'engloutissement, le fantasme anal de rétention-controle sont dans l'alimentation des tentatives de régulation et des mécanismes défensifs du psychisme. Manger n'est plus un plaisir, le corps est agréssé. Lorsque le bébé n'est pas rassuré par des bons soins, il va trouver des mécanismes défensifs pour soulager son angoisse. Il va s'adpter en se coupant de ses émotions, trop fortes pour lui :

"j'ai faim/je manque/je suis seul/je suis en danger/je souffre/j'ai peur/je pleure, j'alerte/ je suis en colère, c'est trop /je me contracte/je mange/je me sens mieux/je m'apaise/je m'endors. Il s'apaisera seul voire en s'endormant pour se replier sur lui-même et repétera ce shéma dans sa vie sociale.

Ce processus a un double intérêt : d'abord se protéger et ensuite éviter de détruire la mère en pensée. En effet, la mère-tout  avec laquelle je fusionne dans une dyade laissera place à une alternance amour-haine à un moment donné du développement psychoaffectif de l'enfant. Il n'y a pas de tiers, pas d'autre, on est si bien. Par la suite une bonne et une mauvaise mère émergeront des proto-pensées du nourrison, clivant ainsi la mère, laquelle devenant en somme déjà cet autre. C'est en ce sens que le terme de "mère suffisament bonne de Winnicott prend tout son sens : bonne oui mais just goog enough c'est à dire ni trop ni pas assez. C'est la période de la défusion et de la construction de deux êtres séparés, une période cruciale du développement.

Isoler l'affect, c'est aussi éviter de décharger sa colère sur la mère et donc de la détruire au passage, on la conserve dans un processus illusoire de mère totalement bonne. On connait bien l'expression "Ne touche pas à ma mère". C'est ce déni que l'on retrouvera chez l'adulte de ne pas vouloir voir les choses en face. C'est aussi la phase de l'omnipotence. S'il ne se venge pas, il n'éprouve pas la colère et s'il n'éprouve pas de la colère, la mère est là, pour moi, à moi entièrement et je suis tout pour elle, son phallus. Si le bébé ne se venge pas, sa colère peut se retrourner contre lui, c'est une porte vers la question du masochisme et de la destruction de soi qui est aussi en lien aussi avec le trouble alimentaire.

Avec le temps, le bébé saura qu'il n'a qu'une mère et que si cette dernière ne répond pas, elle est cependant là. Ce sera l'époque du doudou et l'inscription dans la transionnalité qui marqura la possibilité de l'absence en la présence. Le début de la phase anale, vers 2/3 ans lui permettra de passer d'une phase de passivité à une phase de contrôle (des sphinters avec l'aquisition de la propreté). C'est l'entrée dans le non, pour exprimer le "Je suis". Après tout ce chemin de défusion, l'enfant apprécie cette phase où il part à l'exploration du monde, la marche est acquise, un autre équilibre se fait.

La boulimie

Ces notions de contrôle se retrouvent très souvent dans les troubles de l'alimentation. On plus on cherche à contrôler (ses pulsions, ses émotions), au plus les décharges se feront sous formes de pulsions d'engloutissement pour calmer son angoisse (de ne pas contrôler). Le travail thérapeutique sur l'alimentaire inclut un travail sur ces notions de rétention-contrôle et des noeuds s'observent souvent dans la difficulté de perdre (de lâcher) des kilos, paradoxalement. On repèrera souvent des conflits : je veux perdre (idéal du Moi) mais je ne peux pas (Moi Idéal = la relation en dyale fusionnelle).

Lorsqu'on va mal, quand quelque chose ne va pas, on cherche à se rassurer et l'objet aliment permet de rejouer la scène de fusion et de se rassurer. Plein oui mais à quel prix? S'en suit la culpabilité. De quelle culpabilité s'agit-il? Engloutir la nourriture, se sentir plein, c'est aussi incorporer la mère symbolisé par la nourriture et en somme la détruire c'est se cacher derrière une culpabilité plus consciente de ne pas être arrivé à contrôler son désir et ses pulsions cannibaliques.

L'anorexie mentale est une de ces pathologies que l'on aborde dans le cadre du trouble alimentaire et touche en plus la féminité et la sexualité. Le corps ne peut pas être investi pleinement comme étant sexué. C'est le "je ne supporte pas de me voir devenir femme" qui s'exprime devant le miroir. A la problématique maternelle dans les notions d'identification auxquelles la jeune femme est renvoyée viendront se rajouter à la problématique de type oral précédemment exprimée. La problématique paternelle s'exprime ici aussi avec un lien à questionner sur l'oedipe, la fuite de la sexualité (arrêt des règles également dans l'anorexie), comme compromis pour éviter l'impasse de la castration et d'un couple père-fille impossible. La relation est à questionner en tous cas. On peut retrouver aussi le corps déformé par les kilos, à l'inverse, comme moyen d'évitement de la sexualité.

 

Trouble de l'attachement, angoisse de séparation, angoisse de morcellement, angoisse de morcellement, culpabilité, pulsion de destruction, masochisme, addiction, amour, haine, le trouble alimentaire est lié au processus du développement psychoaffectif et renvoie bien souvent à une part archaique.

Les pathologies du trouble alimentaire sont en lien avec un processus dynamique circulaire qui prend source dans le corps (lieu de l'angoisse et de l'apaisement), la poussée s'effectuant par la pulsion (de remplissage, de vomissement), et l'objet étant l'aliment. Circulaire puisqu'il n'y a pas de tiers...c'est encore l'inclusion réciproque. Nous pouvons faire l'hypothèse avec l'anorexie de cette impasse plus marquée sans doute que dans l'introduction du tiers, la sexualité étant barrée. Si je ne suis pas femme, je reste donc enfant.

Lorsqu'on aborde le trouble alimentaire en psychothérapie, il parait opportum en tous cas de se demander ce qui s'est passé dans la relation et ce qui a coincé. Coincé dans la relation avec les parents et parfois aussi au-delà, en creusant les cryptes du transgénérationnel et ses fantômes.

Nous retrouvons d'ailleurs souvent ces habitudes de remplir les placards comme en temps de guerre. "Ma mère faisait pareil, ma grand-mère aussi, chez nous on ne jettait pas la nourriture". La question de la honte est à poser aussi ici : 'je me cache pour manger, j'ai trop honte d'en parler, trop honte qu'on ne voit", la honte pouvant être creusée comme une émotion autour d'un lourd secret familal qui n'a pas été verbalisé et qui s'est encrypté dans le corps.

* Il est important de rappeler que c'est le ressenti de l'enfant et la façon dont il a AUSSI vécu intérieurement ses expériences qui vont déclacher les troubles et en aucun cas la "faute" systématique de l'un ou l'autre parent, ce serait absolument culpabilisant et faux de le penser. 

 

C.Vera le 4/5/21

Bibliographie :

Agressivité, culpabilité et réparation, D.W.Winnicott, Petite Bibliothèque Payot, 2004

La capacité d'être seul, D.W.Winnicott, Petite Bibliothèque Payot, 2015

L'enfant et le monde extérieur, le développement des relations, D.W.Winnicott, Sciences de l'homme Payot, 1972

Attachement et perte 1 L'attachement, J. Bowlby, PUF, Le fil rouge, 2017

Le Moi-Peau, D.Anzieu, Dunod, 1985

Les enveloppes psychiques, D.Anzieu, 2013

L'origine et l'archaique, sous la direction J.Bouhsira et S.Missonier, PUF, 2017

L'amour et la haine, M.Klein et J.Rivière, Petite Bibliothèque Payot, 2016

MARS 2021

"ET POURQUOI ET POURQUOI ET POURQUOI ?"

Déranger, c est troubler le fonctionnement, mettre en désordre.

Les enfants sont les grands champions des questions existentielles  qui viennent semer la pagaille dans l’esprit du parent. Certaines sont plus légères même si vous passez un temps fou à chercher la réponse (« Pourquoi le ciel est bleu?...Heu c’ est vrai en fait pourquoi le ciel est-il bleu?) ou vous entraînent dans un long questionnement (« Pourquoi on peut pas dire des gros mots s’ils existent? »). Certaines embarrassent (« Tu préfères moi ou mon frère ? »). On s’arrangera dans un compromis ou par de l l’évitement (« Tu m’embêtes avec tes questions! », «Demande à ton père! », « J’ai pas trop le temps là »). Il y a la période des fameux « Et pourquoi? ». Parmi ces questions choc la mort revient souvent sur le tapis (« On devient quoi quand on est mort? », « Tu vas mourir quand? ».), parfois jusqu’à devenir un tabou ou un secret (certains ne diront pas que le grand parent est décédé, cacheront un suicide pour protéger l’enfant). La sexualité est aussi un thème embarrassant pour le parent, lorsqu’elle arrive, l’enfant grandit, tout simplement. Pourtant, les réponses apportées l’aideront à se construire dans une représentation non chaotique de l’origine, permettant un « espace de reprise et de transformation », (pour reprendre les termes de René Kaes dans « Les processus et les formations archaïques dans les groupes, L’origine et l’archaïque »), ainsi qu’éviter une construction trop délirante comme solution de sortie d’impasse.                                     

Cette semaine, j’ai commencé à lire L’origine et l’archaïque, un ouvrage collectif de Jacques Bouhsira et Sylvain Missonnier. Josiane Chambrier-Slama aborde la question de l’originaire en ces termes (je cite) :

« Comment papa fait-il pour mettre la petite graine? demande tout de go à ses parents une fillette de quatre ans tout excitée à la perspective d'une promenade. Surprenant leurs regards échangés, elle prend un air détaché, tourne le dos et, haussant les épaules, ajoute : « Pfft… Je savais bien que vous ne voudriez pas me répondre ! » Mais passant le seuil, elle donne de furieux coup de pied dans les portes...

Une telle question pourrait-elle être formulée par un sujet qui ne s'est pas approprié ses auto érotismes, n'a pas organisé sa psycho-sexualité dans un cadre oedipien et dont l'appétit de découverte est manquant ?(...). « Toute question sur l'origine n'étant, par prescription, ni posée ni posable, ils (cf les organisateurs, matrices symboliques, structures psychiques intemporelles, classificatoires des expériences et directrices de la temporalité (A.Green, La Diachronie en psychanalyse, Edition de Minuit, 2000, p.218)) auraient un statut comparable aux préformes du langage qui ne peut être acquis que si celles-ci sont activées par l incitation à parler sous l'effet de la parole d'un autre être parlant, à une période déterminée du développement (ibid,p.219) ».

La béance peut ainsi se penser/panser sur un plancher.

C.Vera le 17/03/21

"L'ADDICTION ET LA FAMILLE"

Au sujet de l addiction au sein du foyer et du couple. « J attends chaque soir qu il vienne se coucher avec moi mais il ne vient jamais. Il est sur sa console encore et encore et quand je lui fais part du fait qu’il ne fait pas d effort, il me dit que je suis rabat-joie, que je ne suis jamais contente. Je pleure dans le lit, je m endors seule.". "Mon mari est addict aux jeux et il joue en ligne. Lors des repas, il lui arrive de quitter la table pour aller parier. Je mange seule avec ma fille". "Il s enferme avec son téléphone portable dans les toilettes, je sais très bien qu il visionne des sites porno et de rencontre".

L'objet addictif prend toute la place en plein cœur de la relation. C est un tiers séparateur. Comment vit on quand on est à trois dans le couple? Que se rejoue t il dans ce schéma? Quels dommages quand on n'est plus vu(e)?

Les dégât causés par l alcool, la drogue, les écrans, des formes plus « socialement acceptables » aussi comme le travail, le sport sont collatéraux, entraînant la perte d'estime de soi, la colère, la tristesse, la lassitude, la honte aussi souvent. Le conjoint mais aussi les enfants sont les premiers à souffrir, impuissants.

Qu'est ce que j ai pu faire ou ne pas assez bien faire qu'on ne aime pas assez? « Si je veux passer du temps avec mon père, il faudrait presque que je me mette moi aussi aux jeux en ligne ». « Mes parents crient beaucoup, ça me fait peur ».

Qu'est ce qui se rejoue là dans une triangulation où l objet d amour et de désir n'est pas soi? Quelle part de masochisme pousse le partenaire à rester? A vouloir aussi endosser ce rôle de parent du conjoint sauveur et moralisateur dans la relation d aide? C est aussi, au delà d une relation toxique, la possible porte ouverte vers de la violence physique ou verbale.

L’addiction est un problème qui touche la famille, embourbée entre le déni de ne pas voir et la honte de dire. À quel prix?

C.Vera 9/03/21

FEVRIER 2021

"SEPARER POUR EXISTER"

"Jusqu'à l'instauration de l'interdit du toucher, le psychisme enfantin tend à confronter entre elles et entre eux les parties du corps propre, les objets environnants, animés ou inanimés, et les régions de l'espace. Ce sont ces réalités que l'intérêt du toucher contribue à différencier : ton corps est distinct des autres corps ; l'espace est indépendant des objets qui le peuplent ; les objets animés se comportent autrement que les autres objets inanimés. Sans cet interdit, ces distinctions ne peuvent s'acquérir". L'interdit primaire du toucher "impose une existence séparée à l'être vivant en voie de devenir un individu.Il interdit le retour dans le sein maternel, retour qui ne peut plus être que fantasmé". "L interdit secondaire du toucher s'applique à la pulsion d'emprise : on ne peut pas toucher à tout, s'emparer de tout, être le maître de tout. " Créer-Detruire, D.Anzieu, p.240,241, Dunod).

Si les limites n existent pas, si nous formerions un tout avec ce qui nous entoure, nous serions comblés de tout, nous perdrions le sens de l'espace et du désir, nous vivrions sans manque, nous ne pourrions pas sentir le soleil sur notre peau, apprécier le grand bleu du ciel, être bercés par les chants des oiseaux ou du vent dans les arbres et faire le plein d'un air pur et frais qui entre dans notre bouche et les parfums des arbres dans nos narines. La poésie perdrait tout son sens, les toiles des artistes leurs couleurs, il n y aurait plus de marche, plus de mouvement pour aller chercher ailleurs ce qui nous manque puisqu'il n'y aurait pas d ailleurs, pas d autres. 

#mont Ventoux #espace

 

JANVIER 2021

"QUID DES DEFIS 2021"

Il y a des jours qui résonnent à part dans notre calendrier. Le 1er Janvier en est un.

Il est coutume en début d'année d’ouvrir la porte à ses bonnes résolutions. Un moment précis, le 1er janvier où l’on nomme le bon à souhaiter, un défi, un idéal de soi à atteindre, top chrono, une vague d'élan vital pour atteindre ce dont on aurait besoin. Comme si le 1er Janvier venait là nous tenir réveillé au milieu du froid de l’hiver et de la vie, comme si dans la continuité des agréables bulles de champagne, cadeaux, sapins décorés de guirlandes de Décembre, le 1 er janvier, reboosté, on s’autorisait à rêver un peu plus, se lâcher, oublier la fatigue, le premier jour d’année aidant, on crée du nouveau, c’est reparti, comme l’année nouvelle à laquelle on d’identifie. Ô rêve de changement. On a rdv avec soi-même.

On s'ose, dirais-je, courageusement, à se mettre ainsi en danger le 1er Janvier, nommant ainsi manque, phallus, incomplétude derrière le désir. Le 1 er janvier, c'est un doux espace psychique, une enveloppe pourrait-on dire, propice à l'auto-suggestion. On s'arrange déjà, on se donne des forces, on est généreux, on projette même le monde nouveau sur les autres, en échangeant généreusement le meilleur aussi.

Ce qui relève du désir est très personnel, certains voudront la santé, d'autres l'amour, d’autres encore le célibat, certains de l'argent, d’autres un travail différent, la paix, arrêter de fumer, de souffrir, de pleurer, de prendre des kilos, d'être en colère, de dire toujours oui, d'être encore là l’an prochain, rêvons, rêvons, etc etc. Peut-importe du moment d’aller bien, mieux. C'est là la demande consciente qui saisit par le vœu l’essentiel. Le mois de janvier est plein d’élan de vie, pulsionnel. « Demain, c’est décidé, je me mets au sport !».

Rêver, c’est déjà créer une demande.

Le 1 er janvier est un jour de désir, l’action débute ainsi en pensée, comme un lever de soleil plein de douces couleurs. De ça à là, il faut maintenant un moyen. De la dynamique. On se motive, on se regonfle, on met au défi, on se fait une promesse. Si penser c’est déjà l'action, penser ce n’est pas encore l’acte. Et oui… L'acte, c'est quand même encore un peu plus loin. C’est déjà ça mais tout le reste du chemin est à faire!

Reste à passer à l'acte.

Aïe ! Quid au 31 Décembre suivant de ce qui a été décidé 364 jours avant . Quid des défis relevés... quid des actes manqués et reportés. Souvent « ça » passera même par les oubliettes, pour le re-souhaiter de nouveau chaque année en Janvier.

Sous prétextes divers, de reports en cours de route, notre désir perd la priorité, tourne en rond, retour case départ. En était-il vraiment un? De la pensée à l'acte, que d’embûches! Ah, si penser pouvait suffire! Oser, c’est courir l’échec de ne pas aller jusqu'au bout, c’est courir le risque de l'anéantissement, c’est accepter de perdre autre chose en échange au passage. C’est franchir une limite, s’approcher du réel, de la castration.

Aurait-t-on visé trop haut? Au fil des mois le rêve rencontre le conflit, des barrières, le désir des autres aussi.  "Je veux, je ne peux pas". "Demain, peut-être ». Plus tard, trop tard. On cherche à s'arranger, on s’enfuit, on se fuit, on peut même se perdre.

Quid des défis relevés!

Et si on s'y mettait là, maintenant?. Top chrono, il reste 364 jours. Le futur, on peut l’écrire et à nous de l’écrire sans cesse, faire avec cette part d’inatteignable et de possible à la fois, on pourrait toujours faire mieux mais on peut aussi ne rien faire. Et si c’est cette option retenue qu’au mieux cela soit un choix.

 

Belle année sous le signe de l'action et de la liberté et de la marche. 

Prenez soin de vous.

 

DECEMBRE 2020

"AVEC NOEL, CA S'ARRANGE ! "

Avec le père noël ça s arrange dira Lacan, et même mieux, ça s arrange bien. En fait il faudrait tous croire au père noël... Non les amis ne riez pas...Ah évidemment, pas vouloir le rencontrer bien sûr ce père noël, car là ça poserait un réel problème que de le prendre au premier degré. Non simplement y croire un peu, grâce à l imaginaire grâce au symbolique qui nous protègent quand même pas mal du réel.

Y croire un jour par an comme disait Dolto, juste pour le plaisir de donner sans avoir à remercier personne. L enfant aura bien de le temps de se confronter à la vérité alors pourquoi pas le laisser encore un peu rêver et au passage rêvons avec lui le temps d un soir, il sera bien tant d éprouver demain la séparation et l absence jusqu’à l année prochaine.

Le père noël, c est un conte qui permet de redevenir un enfant juste pour un soir.

Mettez donc des sapins dans vos maisons et des guirlandes dans vos sapins et si vous n avez pas de cheminée soyez créatifs. Commercial dirons certains. Je suis seul diront d autres. Sûrement et peut être mais ce soir c est un temps à part, le temps d être ensemble et même simplement en pensée avec ceux qu on aime, famille et amis, pour partager, loin des tracas. Et parce que la distance n est pas la séparation, être même avec ceux qui ne sont plus là. Noël ça sert à ça.

L’illusion éphémère. Il sera bien temps demain de repenser aux problèmes. Voilà pourquoi ce soir je voulais juste vous dire que oui le père noël existe si on veut bien ouvrir un peu nos cœurs et nos âmes histoire de se sentir plus légers et vivants.

Joyeux noël à vous.

C.Vera

NOVEMBRE 2020

"LE SCHEMA CORPOREL"

L image du corps est une construction mentale qui passe par l expérimentation d’un schéma corporel. La découverte de soi est une merveilleuse aventure qui commence par la bouche dans le ventre de la mère et qui continue après la naissance. Par la bouche, le bébé éprouve des sensations/excitations et explore ainsi le monde qui l entoure. Il passe ainsi du dedans au dehors et de dehors au dedans. Il « perçoit » et ressent par le contact. L’incorporation orale permettra aussi d être / ne pas être / ne plus être / d être de nouveau en contact, ouvrant doucement la voie vers la défusion d avec la mère et vers la relation d objet, laquelle répond donc évidemment à la pulsion d auto conservation. C.Vera                                                     

 

«  L’image du corps fait partie de la représentation qu’un sujet a de lui-même : je sens mon corps comme le siège de sensations et d’expériences que je vis « en première personne », et qui m’appartiennent en propre. Parmi ces expériences, les actions tiennent une place prépondérante, puisqu’elles ont à la fois le soi comme lieu d’origine et le corps comme lieu de leur manifestation. Le fait de se sentir l’auteur de ses actions et de se les attribuer renforce le sens de la possession du corps. Les deux (appartenance et agentivité, selon les termes de Gallagher [44]) sont normalement confondues mais restent dissociables, comme le montrent les conditions pathologiques : le schizophrène, tout en reconnaissant son corps comme le sien, met en doute son rôle d’auteur des actions qui s’y déroulent. Cette situation pathologique n’est qu’une forme exagérée de la situation normale : je peux me sentir auteur d’intentions ou d’actions en pensée, sans participation de mon corps, de la même façon que je peux exécuter des actions de façon purement automatique, sans participation explicite de mon être conscient ».  (Marc Jeannerod)                    

Voir texte intégral De l'image du corps à l'image de soi sur 

Voir texte Le sexuel chez le bébé : prémisses de l'organisation psychosexuelle à travers les premières symbolisations

OCTOBRE 2020

"REFLEXION SUR LE MASQUE "

Porter le masque aujourd'hui est pour certains un acte de solidarité envers les personnes fragiles et pour d autres un outil de résistance à la règle voire de désobéissance pour poser un principe de liberté qui pose débat. *

Nous nous rejoignons tous sur le fait qu on aimerait vraiment s en séparer. Mais qu'en est il de ce masque dans le cabinet du psychanalyste ?

Bien sûr on y viendra avec le fameux masque dans le principe de réalité lié au consignes sanitaires liées au Covid, et le divan se plie à la règle, sans toutefois devenir paranoïaque. Cela n' empêche pas de se questionner sur soi et le masque nous y invite d'ailleurs.

Le masque vous met en colère? Tant mieux, posons la colère sur le divan (ou le fauteuil, peu importe, du moment qu on l extirpe. Porter le masque dans un cabinet de psychanalyse prête à l'ambivalence car justement tout le travail du psychanalyste est d'amener le patient à sortir, s extirper de ce faux self, de l adaptation, de donc tomber son masque autant pendant son discours que dans la vie quotidienne. Être un sujet libre d être soi et de ses choix, et faire avec le principe de castration.

Être libre mais dans un cadre. Le psychanalyste est donc face a une injonction paradoxale en rappelant aux patients de bien porter le masque en séance et de ne pas l enlever alors que la clinique vise le contraire. Pas tout à fait en désaccord non plus, la psychanalyse n apprend pas à être tout puissant. C est par ce qui nous dérange et par ce dérangement sur soi que nous avançons aussi.

Il se joue ainsi un étrange jeu autour du masque dans les cabinets et nous le savons le langage est aussi non verbal. Ce corps nous parle beaucoup avec l objet masque! Il y a ceux qui le portent facilement , ceux qui l oublient, ceux qui ne viendront pas aussi et qui peut être prendront l option de la ligne comme espace de liberté crée, ceux qui en parlent avec de la colère de se sentir enfermé, étouffé et objectivé et ceux qui le tordent dans tous les sens comme s'il voulait se l arracher du visage comme si cette double peau les dérangeait. Il y a aussi ceux qui viennent juste "par hasard" au moment d ouvrir la porte du cabinet de casser leur masque en le mettant. Bel acte manqué non? C était le cas de cette patiente, qui dans la vie, ne supportait plus le masque du simulacre. Devant la porte, son masque avait craqué. C était donc une bonne chose. Et de cette autre qui réalise devant ma porte qu elle « est partie sans « . Bravo! Devant la porte du cabinet oui les masques tombent. Masqué(e) et démasqué(e) à la fois.

C.Vera

 

SEPTEMBRE 2020

"FOR-DA"

Voir est une grande question en psychanalyse et une fonction corporelle essentielle parmi nos sens .

Le regard est complexe tout comme l’image est complexe, composée de réel, de symbolique et d’imaginaire. Il y a une part d’invisible, une coupure dira Lacan, autant entre ce que nous voyons et ce que nous nous voyons pas, et ce qui est.

 

La perception fausse bien des choses. Le regard, supporté par l’affect, ne peut être que tromperie, voire une imposture qui cherche à tirer bénéfice du manque. Cette tromperie est sans doute nécessaire pour ne pas être confronté au réel c’est-à-dire le manque, le vide, hors de toute chaine signifiante. Il y a toujours ce moment de surprise quand on ouvre les yeux, quand « ça » saute aux yeux. Ça prend le corps aussi. Une sorte de stupeur. Il y a beaucoup de choses que l’on ne voit pas, que l’on n’a pas envie de voir, que l’on ne veut pas voir, qu’on est pas prêt à voir. On s arrange.

Il y a une grande puissance dans l’action de voir, autant que de ne pas voir. La vision est une pulsion appelée pulsion scopique qui se nourrit dans l’imaginaire.

La rencontre de la pulsion scopique avec la pulsion épistémologique (liée au savoir) est intéressante. Comprendre ce que l’on voit, dépasser le scopique, ouvrir les yeux, est le cheminement des yeux en psychanalyse.

 

Je me suis intéressée (et amusée) au jeu de la ficelle en systémie qui permet de voir l’invisible et de saisir cet instant précis de la vision.

Le jeu de la ficelle systémique permet de comprendre comment fonctionne un groupe dans ses inter-relations et les inter-responsabilité entre chaque personne du groupe et ce au niveau alimentaire, prenons le thème du jeu autour de nos assiettes.

 

C’est un outil ludique, participatif et éducatif. Il s’agit de mettre en avant notre interdépendance et donc notre responsabilité commune dans les interactions et d’ouvrir les yeux sur le monde dans lequel nous vivons. En systémie chaque élément fait partie d’un tout et pointe les liens entre le tout et les parties et réciproquement.

 

Ce jeu questionne notre façon de voir les choses et d être en lien avec ainsi que de revisiter nos croyances. Il s’agit en fait de renouer les solidarités entre l’assiette, l’environnement et l’économie. Depuis nos assiettes, nous sommes des acteurs de ce système, acteurs au sens d’actifs.

 

Chaque participant reçoit une question, en lien avec l’alimentaire. Un premier participant expose sa question au reste du groupe. Sa réponse peut être commentée, argumentée. Puis ceux qui pensent que la question qu’ils détiennent à un lien avec la question évoquée lèvent la main, concrétisent le lien entre les questions avec la ficelle qu’ils tiennent sans la lâcher et ainsi de suite les sujets se relient en déroulant la bobine, symbole des enjeux mobilisés par la question. La ficelle suit le fil des échanges et relie les participants.

 

Il permet de faire des liens avec les différents acteurs et de les rendre visibles par la ficelle. En fin de compte, la ficelle symbolise ce qui ne se voit pas mais qui existe au-delà de l’absence du regard. Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas les choses qu’elles n’existent pas. De mon assiette je ne vois pas tout et portant c est grâce à tous ces acteurs autour que je peux mangera belle salade et boire mon bon verre de vin et grâce à mes achats que je les fais vivre et manger en retour. Le jeu de la ficelle est révélateur du fait que ce n’est pas parce que les choses sont à distance et qu’on ne les voient pas qu’elles n’existent pas et qu’elles ne nous concernent pas non plus. La façon dont je mange, dont je consomme à un effet sur l économie, les champs et les animaux. Dans autre contexte actuel, imaginez la longueur de la ficelle qui part de l’assiette chinoise avec la chauve souris et qui se répand désormais dans le monde entier….Nous sommes tous si connectés.

 

Si on parle du jeu de la bobine à un psychanalyste il pensera à (il verra) la bobine de Freud. On voit vraiment ce que l’on perçoit de son petit monde. Il y a des similitudes dans les ficelles. Comme le jeu du « for da » freudien, la bobine systémique permet de prendre compte de la réalité grâce à l’expérience, de dépasser l’illusion du fantasme, de réaliser la présence en l’absence.

 

L’assiette systémique est remplacée par la mère freudienne, à y penser nous pourrions même unir les deux notions par de la ficelle. Le jeu du for / da, (for = loin, da= là) chez Freud, évoque l’observation du plaisir que prenait son petit-fils que de jeter au loin une bobine retenue par du fil et de la ramener et ainsi de suite.

De passif au départ quand la bobine s’éloigne, l’ enfant devient acteur par la suite en ramenant la bobine à soi, tout comme le participant va prendre plaisir à découvrir qu’il est acteur d’un système dans lequel il se sentait isolé et impuissant. Nous pouvons aussi noter la notion du plaisir de la répétition de cette pulsion scopique, de mains levées en mains levées entre les participants et de bobine qui revient vers l’enfant en boucle. Voir est jouissif, surtout lorsqu’on ne voyait rien avant. Les deux jeux évoquent aussi l’importance du parler, du langage. Le petit-fils de Freud dit « For » quand la bobine part et « Da » quand il la ramène à soi et les participants parlent aussi de leurs impressions. L’articulation langagière contribue à la prise de conscience des liens et de la permanence, hors champs de vision et verbalise les émotions.

For. Da. Coucou me voilà. Les jeux favoris de bébé ne sont ils pas de voir la mère se cacher le visage dans ses mains et de la voir réapparaître ensuite? Il peut y jouer des heure. Des rires aux éclats, son visage porte la trace de la stupeur de sa disparition, parfois du pleur. Plus grand, bébé change le jeu pour une variante avec le cache-cache. Quel plaisir de se cacher, ne pas être vu, de laisse l autre chercher, normal, on a acquis le contrôle des sphincters et l importance que notre action peut avoir sur l autre. Savoir que l autre cherche, s inquiète de ne pas trouver? Il y a du sadisme dans tout cela, il y a du vide aussi dans la partie de cache cache et le plaisir de retrouver. On s amuse bien, on sait que l autre est là quelque part. Encore plus tard, on peut continuer à cache cache avec fuis moi je te suis et suis moi je te fuis en boucle dans un attachement difficile mais si nécessaire, paradoxe d un lien qu on cherche et qu on refuse à la fois, comme pour se protéger, pour voir si l autre souffre. Comment PANSER le for/da dans un attachement insecure, quand le vide est au bout de la bobine? Quand la mère au bout ne vient pas? Quand au bout il y a le mauvais objet? "Dis maman tu viendras me chercher hein ce soir à l école?". "Maman tu reviens quand?" Je connais des histoires d ados qui harcèlent leurs (pauvres) mères sur les portables toute la journée, qui ont besoin de rester au bout du fil, perfusés. Le cordon n est pas coupé. Qu en est t il d un trop plein au bout du fil? Qu en est t il quand la mère est toujours là? Victoire en a fait les frais. Elle est venu me voir à cause de peurs les jours de son entrée au lycée, un établissement plus grand, plus loin, un trajet en bus, trop d inconnu en plein milieu de parents qui se séparent. "J ai peur de tout dès que je sors de chez moi ". Son père est hospitalisé et elle a peur qu il meure, qu il ne revienne pas. "Ça me gratte partout, je me réveille les nuits".  Dora n arrivait pas à partir trop loin de la maison et faisait des crises d angoisses. Victoire à peur de l étranger, elle semble avoir 8 mois pourtant elle en a 20. "Je marchait dans la rue, il faisait nuit, on m'a klaxonné, j'ai eu peur je me suis senti seul seul j'ai appelé ma mère". For/Da. Elle dit qu'elle a eu peur d'être kidnappé. Elle est aujourd'hui d'un grand pessimisme et une anticipation du pire. Sa mère l accompagnait au rdv. Sa mère a de toute façon toujours été là. Elle ne savait pas être seule, elle ne l avait jamais été. Victoire n'a jamais été seule, très entourée de sa famille et sans doute a t elle éte lâchée trop brutalement vers le temps du lycée avec des inconnus qui la klaxonnaient. On comprend l'importance de l'adaptation à la crèche avec le parent qui part 30 minutes puis une heure pour habituer le bébé à la séparation. Parfois la séparation n'est pas possible et nous sommes dans des situations d'emprise où l autre est objet vital. Il existe aussi des situations où l'autre ne peut pas revenir c'est le cas de la mort avec le deuil, le deuil pathologique. On a beau vouloir tirer, il n y a rien. C'est le cas de Virginie tellement attachée à son grand-père qu elle développe une angoisse lorsque  son ex copain la quitte et ne lui donne plus de nouvelles pendant plusieurs mois, il s est volatilisé sans lui dire que c était fini. Elle mène une enquête pour le retrouver, elle n'y parvient pas et cela est bien sûr amplifié car cela lui rappelle à son grand-père qu'elle ne peut plus revoir. André fait également un deuil pathologique, il a des flashs, il voit un paysage. "Il faut que j'aille là-bas" me disait-il sur la première séance. "La-bas"

c'est là où son père est décédé, c'est là qu'il peut aller le retrouver. Il se sent en paix dans cet endroit. J ai l impression d être face à un enfant qui, 35 ans après cherche encore son père. Il a le sommeil perturbé. For/Da, c est la figure d attachement, pas juste la mère. Dans ses suivis précédents on avait diagnostiqué chez lui une tendance dépressive avec perte de motivation importance, une grosse fatigue de l'humeur triste au réveil avec des difficultés de concentration et une perte d'appétit ainsi qu'une culpabilité. Le diagnostic n a pas évoqué le deuil. Il est ramoneur. Un hasard? Les cendres de son père on été éparpillées autour de l endroit qu il aime bien. Il vit dans les cendres. Le papa a été renversé par une voiture. De séance en séance il réalise qu'il est en plein deuil et qu'il n'a pas pu dire au revoir à son papa et surtout qu il n arrive pas à le quitter. Il  y a Zoé qui me dit qu'elle a mal et qu'elle se bloque lors des relations sexuelles. Pourtant tout dans sa nouvelle relation indique un partenaire bienveillant mais pourtant elle n'a plus d'envie sexuelle. Elle me parle de son ex petite amie Kevin qui avait "plein de filles" et qui la trompait régulièrement . Elle acceptait tout de lui. "Je me suis attachée "mais "je me rendais malade. "Il me quitte, il me reprend, et il me re-quitte, il me reprend". For-da, for-da, loin et là. Peut importe la façon dont il est là puisque le loin n est pas possible, elle accepte tout, du moment qu il soit là. Aujourd'hui dans ses relations sexuelles elle n'est pas là elle et elle ne sort plus de chez elle. Elle est bloquée, voire dissociée, "je ne suis pas là quand on fait l amour". Une façon à elle de se protéger. Ses parents n'était pas contenants et son ancienne relation a réactivé que dans son enfance il n'y avait rien en tirant la bobine, personne au bout. Pourtant elle s'est attaché à son ancien copain, qui réactivait par un gosting une absence insoutenable. C'est difficile d'imaginer qu'il n'y aura rien au bout de la bobine alors elle a préféré tout accepter avant de craquer et de s isoler et se fermer. "Je n ai plus de désir". Les émotions sont trop pénibles. Stéphanie vient me voir et lors de la première séance elle me parle de pression au ventre, elle a des problèmes de sommeil également. Elle évoque une mère elle- même angoissée, qui était là mais qui ne contenait pas sa propre angoisse. Elle n'a jamais su rester seule petite et "quand ma sœur partait en voyage scolaire j'imaginais toujours le pire et aujourd'hui quand je n'ai pas un SMS de mon compagnon lorsqu il se déplace je ne suis pas rassurée car la route le me fatigue beaucoup". Comment avancer plus quand on ne sait pas être séparé? Car avec le for /da, dans l absence symbolisée, il y a la clé de la "capacité" d être seul qui ne peut être que si la permanence de l objet a pas été acquise. Sinon c est le vide. On reste morcelé, c est l angoisse de morcèlement, il nous manque un bout de l autre, un bout de soi. On peut aborder l'importance de l'objet transitionnel qui va être ce corps intermédiaire entre celui de l'enfant et la mère, la création de cet espace entre deux, entre l imaginaire et le symbolique. On peut noter l'importance dans la société actuelle de l addiction. Sait on être seul aujourd'hui ? Comment acquérir la capacité d'être seul dans un univers où tout est connecté? Le lien est si plein et pourtant si vide à la fois. Durant le confinement il a été très dur pour certaines personnes de ne plus voir les amis, les proches, de ne plus être en contact avec personne. Pour certaines personnes ne plus être dans du lien ne plus être en réseau est bien sûr très dommageable puisque cela peut renvoyer à leurs propres failles.

A qui ou quoi pourriez-vous relier votre bobine?

Qui ou quoi y a-t-il au bout de votre bobine, « For », que vous ne voyez pas mais qui existe, « Da ». De quel projet êtes-vous l’acteur, même sans le voir ? Familial, professionnel, amical etc… ? En quoi votre action est-elle reliée à une autre et aura-t-elle des répercussion sur une autre, même invisible à l’œil nu ? Notre quotidien, nos relations, nos parents, nos défunts, nos princes et nos princesses imaginaires, nos ex !!! sont au bout  cette ficelle, je ne vous vois pas toujours mais je sais que vous êtes là, venant du passé, présent ou futur idéal. La bobine c est notre univers et ce qui nous relie au monde. Sans le lien nous ne pouvons pas vivre. L hospitalisme en est un triste exemple.

Peut-être avez-vous vécu l’expérience d’un retour d’une personne ou d’un objet que vous pensiez perdu à jamais. Un ex? Un trousseau de clés que vous pensiez perdu? Votre corps a été le marqueur de cette surprise, bonne ou mauvaise d’ailleurs. Peut-être aussi auriez-vous préféré ne jamais ramener votre bobine? Peut-être aussi que votre fil vous relie à une situation dont vous êtes l’un des acteurs avec d’autres acteurs, même depuis chez vous sans sortir. A quoi ce fil vous ramène t-il?

Qu’allez vous faire de ce fil, de votre pierre à l’édifice? Voyez-vous ce fil ?

C.VERA 15/10/20

AOUT 2020

"LA PULSION - JE SUIS UN FUNAMBULE"

 

La pulsion est un élément central de la psychanalyse.

Je choisis ici ce concept pour le croiser avec une réflexion sur l’équilibre, au cœur de nos routes à tous et de mon métier de psychanalyste.

 

Nous sommes des êtres pulsionnels toute notre vie durant. Des équilibristes.

Un équilibriste est celui qui joue avec les forces du corps, les résistances et le centre de gravité. Divers objets peuvent aider l’équilibriste pour trouver une meilleure position que celle de polymorphe. C’est cette position que je souhaite aborder ici.

 

À chaque époque on se cherche un peu et on s'demande si on s'connaît
On est nous-même, on fait ce qu'on peut, on changera pas, c'est c'qu'on s'promet
Entre bitume et tapis rouge j'ai slalomé de par en par
J'côtoie la déch' et l'opulence, j'apprends à faire le grand écart
La vie propose tellement de thèmes, parfois je fonce, parfois je freine
J'vois les deux côtés du système, pourtant j'me sens pas schizophrène
J'essaie de pas trop faire d'erreurs et dans mes choix je me sens libre
Je crois en c'truc du fond du cœur, tout est une question d'équilibre
C'est pour ce besoin d'équilibre que j'ai dû prendre un peu de risques
Après un mauvais coup du sort ma vie partait pour être triste
Écarté des terrains de sport comme un sursaut j'ai compensé
J'avais besoin d'un autre support, dans l'écriture, j'me suis lancé
C'est pour ce besoin d'équilibre qu'il me fallait de l'aventure
Toute mon histoire se refermait fallait trouver une ouverture
J'ai touché l'accélérateur pour retrouver des sensations
Car quand je marche à deux à l'heure il m'fallait une compensation

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis un funambule (funambule)
J'avance loin des certitudes

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis un (funambule)
Les pieds sur terre

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis un funambule (funambule)
L'air dans ma bulle

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis un (funambule)
Je suis un funambule

Alors j'ai croisé le show-biz, j'ai vu le royaume des egos
Qui pourra faire le plus d'entrées, qui provoquera le plus d'échos?
J'ne cracherai pas dans la soupe, là où je suis je me sens bien
Mais pour garder mon équilibre je n'oublierai pas d'où je viens
C'est pour ce besoin d'équilibre que je garde un peu de hors-piste
Car j'aime aussi la vie d'humain quand s'interrompt la vie d'artiste
Entre la lumière de la lune et celle des spots, maintenant je sais
Que j'ai ma place à l'Olympia, mais aussi dans les M.J.C.
Je prends du recule, je prends des gants quand j'vois le strass et les paillettes
Les gentils se sentent importants, moi ils me stressent, ils sont pas nets
J'ne cracherai pas dans la soupe, j'ai rencontré des gens très bien
Mais j'me reconnaîtrai toujours plus dans ceux qui viennent là d'où je viens
C'est pour ce besoin d'équilibre qu'on a joué dans des cathédrales
Mais juste après yeux dans les yeux avec un public carcéral
C'est pour ce besoin d'équilibre que tous mes sentiments se touchent
Quand je vois le public se lever, je pense à mon fils qui se couche

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis un funambule (funambule)
J'avance loin des certitudes

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis un (funambule)
Les pieds sur terre

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis un funambule (funambule)
L'air dans ma bulle

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis un (funambule)
Je suis un funambule

Si j'aime la nuit c'est grâce au jour et j'aime le jour grâce à la nuit
J'aime être tout seul grâce à la foule et grâce au silence j'aime le bruit
Besoin d'tout ça pour que ça vibre j'me sentir fort et avoir peur
Tout est une question d'équilibre, je crois en c'truc du fond du cœur
Si dans une vie ça part en vrille c'est qu'l'équilibre à vrillé
Pour le garder c'est capital de pas dormir sur ses lauriers
Alors je reste vigilant quitte à recréer du désordre
Entre le glacé et le brûlant j'aime la douceur, j'aime que ça morde
L'équilibre est dans la nature, j'invente rien ça va sans dire
Il faut d'la pluie et du soleil pour que la fleur puisse s'épanouir
Faut l'exception dans la règle pour que la vie ait plus de goût
Il faut d'la force et de l'adresse pour que l'enfant se mette debout
J'mets d'la lumière pour voir l'avenir mais parfois j'aime autant l'éteindre
Dans la vie on se fout de l'objectif c'qui compte c'est la route pour l'atteindre
Alors j'avance sur un fil parmi les chemins qui s'éparpillent
En équilibre mal habile, je suis un funambule à béquilles

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis un funambule (funambule)
J'avance loin des certitudes

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis un (funambule)
Les pieds sur terre

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis funambule funambule (funambule)
L'air dans ma bulle

Je suis un funambule, j'avance loin des certitudes
Les pieds sur terre, l'air dans ma bulle
L'équilibre est une attitude
Je suis un (funambule)
Je suis un funambule

(Funambule)
(Funambule)
(Funambule)
(Funambule)
(Funambule)

 

Funambule, Grand Corps Malade

 

 

La pulsion. Qu’est ce que cela signifie vraiment ? On peut la résumer à l’expression courante de « c’est plus fort que moi », ou par l’expression freudienne Moi qui « n’est pas Maître dans sa propre maison ».

 

Les territoires interdits
Parsemés de neiges éternelles
Il faut s'y être un jour perdu

Pour savoir et pouvoir dire
Que l'enfer est trop près du ciel
Il faut y être descendu

Et des abîmes aux cimes
Des altitudes à l'ivresse
Des profondeurs
Je connais mes forces
Je connais mes peurs

Vouloir tout voir et vivre
C'est plus fort que moi
Aimer ce qui me tue
C'est plus fort que moi
Cette ombre qui me suit
C'est plus fort que moi
L'amour que tu me donnes
C'est plus fort que moi

Les grands espaces infinis
Les évidences essentielles
Il faut s'y être un jour rendu

Pour savoir ce que nous laissent
Les paradis artificiels
Il faut en être revenu

Et des déserts aux villes
Des solitudes au plaisir
D'être plusieurs
Je connais mes forces
Je connais mes peurs

Vouloir tout voir et vivre
C'est plus fort que moi
Aimer ce qui me tue
C'est plus fort que moi
Cette ombre qui me suit
C'est plus fort que moi
L'amour que tu me donnes
C'est plus fort que moi

 

Garou, C’est plus fort que moi

 

Le Moi est décrit dans la seconde topique freudienne comme l’une des trois instances psychiques, les deux autres étant le ça et le Surmoi. Il donc n’est pas seul en son royaume.

 

« Le concept de pulsion nous apparaît comme un concept limite entre le psychique et le somatique, comme le représentant psychique des excitations issues de l'intérieur du corps et parvenant au psychisme, comme mesure de l'exigence de travail qui est imposé au psychique en conséquence de sa liaison au corporel. » (Pulsions et destin des pulsions, Freud).

 

 

La pulsion, entre psyché et soma

 

 

La pulsion c’est comme la peau. Elles ont en commun d’être une frontière entre un intérieur et un extérieur. Un dedans et un dehors. C’est ce principe de dedans/dehors que l’on trouve dans le concept de pulsion.

 

Tu peux pas toujours rester
Inflexible, droit comme un piquet
On est pas des bêtes humaines
Êtres humains mais bêtes quand même
Moi mes nerfs j’ai du mal à les faire taire
J’ai du mal à contrôler
Ma nervosité légendaire me fait du mal
Ca va m’énerver
Tu peux pas toujours faire tourner
Ta langue dans ta bouche avant de parler
Parfois on pose pas de problème
Sans le vouloir ça en pose quand même
Moi mes nerfs j’ai du mal à les faire taire
J’ai du mal à contrôler
Ma nervosité légendaire me fait du mal
Ca va m’énerver

Je n’peux pas m’y faire, ça déborde dehors et dedans
Je n’me laisse pas faire, mais c’est beaucoup trop fort
pour le moment

Tu peux pas toujours marcher
Droit, sans jamais rien écraser
Chacun fait son business sur terre
Chacun ses problèmes, chacun son affaire
Moi mes nerfs j’ai du mal à les faire taire
J’ai du mal à contrôler
Ma nervosité légendaire me fait du mal
Ca va m’énerver

Je n’peux pas m’y faire, ça déborde dehors et dedans
Je n’me laisse pas faire, mais c’est beaucoup trop fort
pour le moment

 

Enervé, Olivia Ruiz

 

Freud la définie comme un concept limite entre le psychisme et le somatique et la décrit par des propriétés de poussée, source, but et objet.

 

La source de la pulsion est somatique. C’est à dire qu’elle vient de dedans. Elle correspond à une partie érogène du corps. La pulsion est constante.

On appelle ces sources pulsionnelles endogènes.

 

Il existe aussi des sources pulsionnelles venant de l’extérieur, on les qualifiera d’exogènes. Celles-ci ne sont pas constantes et on peut les réduire. Par exemple, baisser un son trop fort, fermer les yeux si trop de lumière.

 

Nos voitures dorment en bas
Comme des bébés
Et la Soul Music traîne
Sur la bande F.M.
Il n'reste que du brouillard sur les chaînes de télé
Y a quelque chose entre nous
Quelque chose qu'on aime
Mais si tu veux me dire
Ce que tes yeux veulent me dire
Je t'en prie, n'attends pas la fin de la nuit

Débranche
Débranche
Coupe la lumière et coupe le son
Débranche
Débranche tout
Débranche, débranche, débranche tout
Revenons à nous
Débranche tout

Le monde tient à un fil
Moi je tiens à mon rêve
Rester maître du temps
Et des ordinateurs
Retrouvons-nous d'un coup au temps d'Adam et Ève
Coupe les machines à rêves
Écoute parler mon cœur
Si tu veux m'entendre dire
Ce que mes yeux veulent te dire
Je t'en prie, n'attends pas la fin de la nuit

Débranche
Débranche
Coupe la lumière et coupe le son
Débranche
Débranche tout
Débranche, débranche, débranche tout
Revenons à nous
Débranche tout

Débranche
Débranche
Débranche tout
Débranche-toi
Débranche tout
Débranche
Débranche
Débranche tout
Débranche tout

 

France Gall, Débranche

 

 

Les pulsions endogènes sont plus « collantes » puisqu’on ne peut pas se fuir, on ne peut pas quitter son corps. Sauf par la mort bien sûr et dans le cas de vie, il faut bien trouver une solution, de régulation.

 

Le Moi peut utiliser plusieurs objets : le corps lui-même comme lors de retournement contre soi (scarification, TS, suicide, de somatisation aussi etc.) ou le corps des autres (on connait le cas de la décharge de la colère sur autrui, dans la sexualité aussi), ou d’autres objets dans le cas des addictions.

L’objet peut être inanimé (le frigo), comportemental (le sport) mais aussi être une personne, avec les pulsions d’attachement par exemple que Bowlby a largement évoquées.

 

Je suis tout seul ce soir
J'ai les bras collés au comptoir
J'ai les pieds en bas dans la poussière
La tête là -haut dans le brouillard
Dans tous les couloirs
J'ai cru revoir les courbes de ton corps
Dans toutes les salles des aérogares
Dans toutes les cales des navires du port
J'ai besoin de toi pour vivre
C'est une question d'équilibre
Quand t'es partie ça m'a coupé les ailes
Depuis le plancher m'appelle
Le plancher m'appelle
Le plancher m'appelle
Faut pas m'en vouloir
J'suis pas en état de te revoir

 


J'ai laissé toutes les larmes de mon corps
Couler dans le ruisseau en bas du trottoir
Et tous les autres m'agacent
Ceux qui parlent haut, ceux qui parlent fort
Je ne vois que toi dans les grandes glaces
Entre les bouteilles de "Southern Comfort"
J'ai besoin de toi pour vivre
C'est une question d'équilibre
Quand t'es partie ça m'a coupé les ailes
Depuis le plancher m'appelle
Le plancher m'appelle
Le plancher m'appelle
Encore un verre
Après je me couche par terre
Je veux dormir en essayant de croire
Que c'est encore un de tes retards
Mais tous les autres m'agacent
Ceux qui parlent haut, ceux qui parlent fort


Je ne vois que toi dans les grandes glaces
Entre les bouteilles de "Southern Comfort"
J'ai besoin de toi pour vivre
C'est une question d'équilibre
Quand t'es partie ça m'a coupé les ailes
Et depuis le plancher m'appelle
Le plancher m'appelle

Le plancher m’appelle

 

Francis Cabrel, Question d’équilibre

 

Les pulsions d’attachement, avec la pulsion sexuelle, font partie de la grande famille de la pulsion de vie qui cherche l’autoconversation.

                          

La pulsion de mort vise le retour à l’inanimé, un état, sans désir, sans besoin, sans manque, sans tension. Or cet état est la mort.

 

De nombreux mécanismes de défenses entrent en jeu pour permettre à la pulsion d’advenir à cet état d’équilibre : refoulement, déni, retournement en son contraire, l’isolation, la dissociation, la sublimation, entre autres etc.

 

L’équilibre... entre pulsion de vie, pulsion de mort, principe de plaisir principe de réalité, l’équilibre c’est le principe de constance, l’état d’équilibre des tensions.

 

 

La pulsion entre plaisir et réalité.

 

La pulsion est dynamique. Elle est caractérisée par une poussée qui pousse à décharger.

 

Je n'ai besoin de personne en Harley Davidson
Je n'reconnais plus personne en Harley Davidson
J'appuie sur le starter
Et voici que je quitte la terre
J'irai p't'être au paradis mais dans un train d'enfer

Je n'ai besoin de personne en Harley Davidson
Je n'reconnais plus personne en Harley Davidson
Et si je meurs demain
C'est que tel était mon destin
Je tiens bien moins à la vie qu'à mon terrible engin

Quand je sens en chemin
Les trépidations de ma machine
Il me monte des désirs dans le creux de mes reins

Je n'ai besoin de personne en Harley Davidson
Je n'reconnais plus personne en Harley Davidson
Je vais à plus de cent
Et je me sens à feu et à sang
Que m'importe de mourir les cheveux dans le vent!
Que m'importe de mourir les cheveux dans le vent!

 

Brigitte Bardot, Harley Davidson

 

Qui n’a pas ressenti ce bien-être voire euphorie en entrant dans un magasin pour acheter des choses à postériori inutiles, si ce n’est sur l’instant etc.

Les stratégies marketings se servent d’ailleurs de nos pulsions, notamment de la pulsion scopique, la vue, pour créer le besoin.

Comme un nourrisson affamé et effrayé de sentir du vide, puisqu’on crée l’envie.

Ce pantalon, si vous ne l’aviez pas vu, vous ne l’auriez même pas acheté, mais en l’achetant, vous vous êtes fait plaisir.

Et il faut se faire plaisir.

Mais il y a le principe de réalité et la culpabilité liée…La banque. On l’aurait presqu’oubliée…

 

Oui, on en avait juste besoin, on avait besoin d’être dans ce moment d’illusion de bien-être.

 

Qu'est-ce qui te fait
Courir après
Un autre toi-même
Pour que tu t'aimes Hey !
Qu'est-ce qui te fait nager
Contre le sens du temps
Pour au fond patauger
Dans le contre-courant
Qu'est-ce qui te fait vouloir posséder
Enfermer
Toutes ces images volages
Dans ta propre cage

C'est juste une illusion
A peine une sensation
Qui dirige tes pas

Et te montre du doigt
Où tu vas, où tu vas
Juste une illusion
Comme une bulle de savon
Qui s'approche de toi
Que tu touches du doigt
Puis qui s'en va, qui n'est plus là

Où puis-je aller maintenant
Sans te donner l'idée
Qu'on est revenu de tout
Que c'est pareil partout
Notre secret est autant au dehors
Qu'au dedans
Tout ce que tu vois dépend tellement
De ce que tu sens

C'est juste une illusion


A peine une sensation
Qui dirige tes pas
Et te montre du doigt
Où tu vas où tu vas
Juste une illusion
Comme une bulle de savon
Qui s'approche de toi
Que tu touches du doigt
Puis qui s'en va, qui n'est plus là

Le nez collé
A la vitre glacée
Ou contre ta télé
Tu plonges la main dans le bocal
Et tu n'en sors que dalle
Ne sens-tu pas que ce que tu veux
N'est pas à toi
Ce que tu vois

Et ce que tu tiens
C'est juste une illusion
Rien qu'une simulation
Ta stimulation

Ouh ouh ouh eh eh

C'est juste une illusion
A peine une sensation
Qui dirige tes pas
Et te montre du doigt
Où tu vas où tu vas
Juste une illusion
Comme une bulle de savon
Qui s'approche de toi
Que tu touches du doigt
Puis qui s'en va
Qui n'est plus là

Juste une illusion
A peine une sensation
Eh ! Rien qu'une impression
Juste une illu .. Juste une illusion
(Juste une illusion)
Rien qu'une impression
Juste une illu .. Juste une illusion
(Juste une illusion)
Comme une bulle de savon
Qui s'approche de toi
Que tu touches du doigt
Juste une hallu' juste une hallucination

 

Jean Louis Aubert, Juste une illusion

 

 

Le but de la pulsion est unique : la décharge, c’est à dire la suppression de l’excitation. C’est sans fin puisque la pulsion est permanente d’autant plus que sa décharge est partielle, le vrai but n’est jamais atteint vraiment que l’objet est lui-même partiel. Le principe de plaisir est contrebuté par le principe de réalité, et vice versa, lesquels se complètent et s’équilibrent et se déséquilibrent.

La décharge des pulsions est étroitement liée à ces deux principes, réalité et plaisir, qui s’affrontent en permanence. Le principe de constance cherche leur accommodation entre le plaisir, la toute puissance, l’illusion, et la réalité, la loi, la castration.

 

Sans en attendre rien
Mais pour le plaisir
Regarder une fille dans la rue et se dire
Qu´elle est belle
Sans même aller plus loin
Mais pour le plaisir
En passant simplement lui sourire

Pour le plaisir
Prendre le temps, de temps en temps
De refaire d´un homme un enfant
Et s´éblouir

Pour le plaisir
S´offrir ce qui n´a pas de prix
Un peu de rêve à notre vie

Et faire plaisir
Pour le plaisir

Ne plus courber le dos

Même pour réussir
Préférer être bien dans sa peau que sourire
Sur commande
Avoir pendant des mois
Trimé comme un fou
Et un soir tout claquer d´un seul coup...

Pour le plaisir ne plus courir, ne plus compter
Prendre la vie du bon cote
Sans réfléchir
Pour le plaisir

Pour le plaisir


On peut aussi tout foutre en l´air
Faire souffrir comme on a souffert
Et revenir

Pour le plaisir
Oublier qu´on a dit un jour
Ça sert à rien les mots d´amour
Et te les dire
Pour le plaisir

 

Pour le plaisir, Herbert Léonard

 

La pulsion est ici à mettre en lien avec le conflit.

Elle est dictée par le ça qui cherche à accéder au plaisir tandis que le Surmoi canalise et cadre. Parfois trop même, quand il devient tyrannique. Je veux, je ne peux pas.

Au milieu le Moi est coincé : vers où aller ? En fait, il voudrait les deux à la fois mais ce n’est pas possible. Céder au désir du ça ? Impossible le Surmoi est là. Être raisonnable ? Impossible, le ça est là. C’est une impasse psychique, très énergivore psychiquement. Alors on tourne, tourne longtemps en rond.  Quel est le compromis, la solution acceptable ? Il faudrait bien perdre quelque chose pour y gagner de la sérénité mais quoi ? C’est en travaillant sur le Moi et les bénéfices secondaires notamment de ce qu’il ne veut pas perdre et de ce qu’il aurait à gagner que le sujet pourra trouver sa sortie d’impasse.         

 

 

Quoi que tu me dises
Quoi que tu me fasses
Et même si par moment
Je sais me mettre à ta place
Toutes les choses que je comprends
Sont celles qui me cassent
Et je ne peux rien vraiment
Je suis dans l'impasse
C'est bien un enfer
C'est bien une impasse
Chaque fois que je te perds
En allant chercher ta trace
Dans tes longs, désespérants
Silences de glace
Et je ne peux rien vraiment
Je suis dans l'impasse


 

Françoise Hardy L’impasse

                                         

Le Moi cherche à aller vers l’Idéal, relié à la notion de narcissisme. Une sorte d’équilibre être ce qu’il aurait aimé être et ce qu’il peut être, en rajoutant les frustrations et les expériences, l’équilibre des pulsions est finalement un bon baromètre au bonheur.

 

Il est où le bonheur, il est où?
Il est où?
Il est où le bonheur, il est où?
Il est où?

J'ai fait l'amour, j'ai fait la manche
J'attendais d'être heureux
J'ai fait des chansons, j'ai fait des enfants
J'ai fait au mieux
J'ai fait la gueule, j'ai fait semblant
On fait comme on peut
J'ai fait le con, c'est vrai, j'ai fait la fête, ouais
Je croyais être heureux, mais

Y a tous ces soirs sans potes
Quand personne sonne et ne vient
C'est dimanche soir, dans la flotte
Comme un con dans son bain
Essayant de le noyer, mais il flotte
Ce putain de chagrin
Alors, je me chante mes plus belles notes et
Ça ira mieux demain

Il est où le bonheur, il est où?
Il est où?
Il est où le bonheur, il est où?
Il est où?

Il est là le bonheur, il est là
Il est là
Il est là le bonheur, il est là
Il est là

J'ai fait la cour, j'ai fait mon cirque
J'attendais d'être heureux
J'ai fait le clown, c'est vrai et j'ai rien fait
Mais ça ne va pas mieux
J'ai fait du bien, j'ai fait des fautes
On fait comme on peut
J'ai fait des folies, j'ai pris des fous rires, ouais
Je croyais être heureux, mais

Y a tous ces soirs de Noël, où l'on sourit poliment
Pour protéger de la vie cruelle
Tous ces rires d'enfants
Et ces chaises vides qui nous rappellent
Ce que la vie nous prend
Alors, je me chante mes notes les plus belles
C'était mieux avant

Il est où le bonheur, il est où?
Il est où?
Il est où le bonheur, il est où?
Il est où?
Il est là le bonheur, il est là
Il est là
Il est là le bonheur, il est là!
Il est là

C'est une bougie, le bonheur
Ris pas trop fort d'ailleurs
Tu risques de l'éteindre
On l'veut le bonheur, oui, on l'veut
Tout le monde veut l'atteindre
Mais il fait pas de bruit, le bonheur, non, il fait pas de bruit
Non, il n'en fait pas
C'est con le bonheur, ouais, car c'est souvent après qu'on sait qu'il était là

Il est où le bonheur, il est où?
Il est où?
Il est où le bonheur, il est où?
Il est où?

Il est là le bonheur, il est là
Il est là
Il est là le bonheur, il est là, ouiais
Il est là

Oh, mais, il est où le bonheur?
Il est où le bonheur?
Il est où?
Il est où?

Oh, mais, il est où le bonheur?
Mais il est là
Le bonheur, il est là, il est là
Et il est là
Le bonheur, il est là, il est là

 

Christophe Mae, Il est où le bonheur ?

 

La pulsion, entre vie et mort

 

Entre pulsion de vie, pulsion de mort, ça et Surmoi, le Moi tiraillé d’une part et de l’autre, la pulsion non canalisée, (non sublimée, non déviée vers une voie de décharge plus acceptable) cherche donc la voie la plus rapide pour décharger, d’où « compulsivement » vers un objet. Parfois en pétage de plomb. C’est la carte bleue qu’on fait flamber sur un coup de tête.  On aura tendance à se sentir apaisé sur le moment, presque léger, limite euphorique d’un bien être qui passe par le corps. C’est éphémère. C’est le stade de la régression. Cela n’est pas systématiquement répétitif ni pathologique en soi. C’est dynamique.

 

La pulsion peut être répétitive, on parlera alors de « com-pulsion », bien connue dans la boulimie par exemple. C’est le stade de l’addiction, reliée dans sa boucle à la pulsion de mort dans un cercle de répétition qui cherche à trouver une issue et se rassurer par cette répétition à la fois.

Il y a une compulsion à noter aussi dans les envois de sms ou de mail, pour décharger la parole, notamment en cas de colère ou de forte tristesse.

 

Petit à petit tout s'effiloche
Tout finit
Je ne reçois plus que des taloches
De la vie
J'ai le cœur qui fait la gueule
Mais je pédale encor tout seul
Je me retrouve au fond de l'eau
A vélo

J'ai sonné portes et portes
Téléphones
Pour moi les saisons sont mortes
Plus personne
Quand je fais la queue je suis tranquille
Je choisis la mauvaise file
Comme ça j'ai à faire j'attends

J'ai tout le temps

Mais demain je recommence
Mais demain
Je vais retrouver ma chance
C'est certain
J'ai gardé comme une flamme
Qui éclaire un peu mon âme
J'ai craqué une allumette
Dans ma tête

Adieu ma chance
Adieu destin
Je recommence
Et demain reviendra le matin

Je ne suis plus depuis une paye
Dans le coup


Toutes ces pubs quand je me réveille
Ça me rend fou
Je ne sais plus ce qui se trafique
En politique en musique
Les nouvelles en mal en bien
Ça me dit rien

Je n'ai plus de pièces de rechange
Pour rouler
Maintenant tout le temps ça change
C'est le progrès
Je l'ai cassée ma courroie
Mon klaxon reste sans voix
Je n'ai même plus ma voie de garage
Au chômage

Mais demain je recommence
Mais demain

 

Guy Béart, Demain je recommence

 

Il existe donc des soupapes de sécurité et des voies de décharges, des voies de garage aussi.

 

Le risque est que le Moi craque. C’est peut-être aussi cette limite qui permettra à la personne d’aller consulter, ressentant des « angoisses », des symptômes ; souvent des somatisations puisque les maux n’ont pas été verbalisés dans un lien de sens psyché-soma.

 

Elle a crié, pousse toute la nuit
Pour qu’il pousse enfin son premier cri
On le berce pour l’endormir et puis
On éteint

On a crevé les yeux de nos poupées
Tué les cow-boys et les indiens plumés
Une histoire avant d’aller se coucher
Et puis
On éteint

La lumière, tout au fond du couloir
Maman veille, papa qui rentre tard
Paraît que cela se voit pas
Qu’on pleure dans le noir
On éteint

Mais les cris au beau milieu de la nuit
Et on court se cacher sous le lit
Et la peur prend le pas sur l’envie
Vite
On éteint

On éteint : Mieux vaut fermer les yeux
S’agit d’apprendre à ne pas être heureux
Il nous faudra verser de l’eau sur le feu
Pour l’éteindre

On grandit, on est un cow-boy, un indien
On est un bourreau qui pleure pour un rien
Une victime plein de sang sur les mains
Mais
On est un

Un de ceux
Qui se croient tirés d’affaire
Qui avancent sans regarder en arrière
Qui sont prêt à tuer père et mère
Et que rien n’atteint

On a beau crier toute sa vie
On s’enflamme, on se quitte, on se marie
On allume, on fait toujours l’amour, et puis
On éteint

On a beau crier encore et toujours
Rien n’étouffera le manque d’amour
Et ce feu nous brûle jusqu’au jour où
On s’éteint
On s’éteint

 

Zazie, On éteint

 

 

En ce sens travailler uniquement sur le symptôme (exemple la colère) n’est pas pertinent et même la pire des solutions dans certains cas puisque le symptôme est une formation de décharge et couper le robinet qui permet à la pulsion de se décharger (exemple à l’extérieur pour la phobie) ne règlera pas le problème, non réglé, mais le déplacera ailleurs, par ce principe de décharge et d’équilibre.

 

L’équilibre, c’est l’harmonie entre la tête et le corps. C’est quand les pensées et les actions ont fait la paix et peuvent faire route ensemble.

 

Tu trouveras la paix dans ton cœur
Et pas ailleurs, et pas ailleurs
Tu peux cesser de la chercher
Ce n'est qu'en toi qu'elle peut commencer

Sonde au dedans de toi
Les plus merveilleux couchés de soleil
Sont au dedans de toi
Ils attendent que tu le réveilles
Au plus profond de toi
Y' a la plage immense où tu es tout seul
Au plus profond de toi
Dans le plus chaud de toi
Loin au-dedans de toi
Loin au-dedans de toi
Loin au-dedans de toi

Tu trouveras la paix dans ton cœur
Et pas ailleurs, et pas ailleurs
La seule vraie tranquillité
Le grand repos, l'immobilité

Tu trouveras la paix dans ton cœur
Et pas ailleurs, et pas ailleurs
La seule vraie tranquillité
Le grand repos, l'immobilité

Tu trouveras la paix dans ton cœur
Et pas ailleurs, et pas ailleurs
Tu peux cesser de la chercher
Ce n'est qu'en toi qu'elle peut commencer
Ce n'est qu'en toi qu'elle peut commencer
Ce n'est qu'en toi qu'elle peut commencer…..

 

Tu trouveras la paix, Isabelle Boulay

 

JUIN 2020

"TOUT CE QUI N'EST PAS DIT RESONNE POURTANT SI FORT - LE CONTRE TRANSFERT"

Le patient parle mais que t il dit et comment le dit il? Il parle lors du rdv mais en dehors aussi. Ce langage non verbal fait partie des séances et l'entendre permet de mieux comprendre.

On parle beaucoup de la parole lors des séances. Résumer une relation thérapeutique à des mots échangés serait bien trop réducteur. Je voudrais vous exposer deux situations très différentes exprimant selon moi bien cette richesse de l'écoute : tout d'abord dans le contre transfert de l'analyste, qui permet de travailler sur lui-même dans ses propres résistances mais aussi d'aller au delà des mots du patients et de ainsi débloquer des noeuds en retour et enfin les actes manqués, et il y en a beaucoup dans les jours proches des rdv!

Lettre aux Alices...

Je m entends souffler... Mince, c était de mon désir, pas le sien. Alors pas si vite, et je le savais. Surtout laisser faire et ne pas forcer, évidemment. C est déjà posé, verbalisé, c est déjà ça. Surtout lorsqu'il s agit d ouverture sexuelle et qu on n est pas prête à s ouvrir. Ce serait un forçage par les mots, une pénétration encore bien plus intrusive, comme c est déjà vécu suffisamment ainsi par le sexe de l homme. Non ce n est pas un « problème secondaire », oui il s agit bien d évitement. Par contre, ma porte, elle, même si bien sûr vous l évitez encore aujourd'hui n est surtout pas fermée, je sais, j espère, que le temps fera son chemin. Quand vous serez prête. Je sais que vous choisissez le meilleur pour vous, le plus confortable, que ce parcours là est bien compliqué parce qu il est hors contrôle pour qui aime la maîtrise. Restons donc dans l impasse. C est sécure, pour l instant, pour plonger sachons nager, mais plus pour longtemps, car vous évitez ça vous le savez aussi. Le déni n est plus le mécanisme de défense possible.

La dette sur le divan...

Parlons d'argent.,d'argent symbolique et réel à la fois. La dette sur le divan... Il est intéressant de pouvoir questionner la notion de dette en séance. Oubli du chéquier, plus de chèques dans le chéquier, distributeur en panne, carte bleue qui s envole par la fenêtre sur la route en venant (oui...) et bien d autres anecdotes. Qu en est t il du patient qui fait tomber sans le voir un billet dans le cabinet en partant, cela ouvre les séances suivantes sur des dettes anciennes oubliées mais mal digérées. Qu'en est-il de cette interrogation de savoir « si on m'a bien tout donné » lors de la dernière séance et que cela donne lieu à un tiroir non ouvert juste avant de déménager, pour ne pas partir avec « ça », une analyse qui n a pas été réglée totalement. Qu en est il de ces actes manqués qui sous une apparence d analité sont bien plus dans l oral. Quelles dettes avons nous?

C. Vera

MAI 2020

"LA TELE ANALYSE ET LE CORPS EN QUESTION"

"Une psychanalyse, type ou non, est la cure qu’on attend d’un psychanalyste. […] Car, si la voie de la psychanalyse se met en cause en la question de ses variantes au point de ne plus se recommander que d’un type, une existence aussi précaire pose qu’un homme la maintienne et que ce soit un homme réel. »

Jacques Lacan, « Variantes de la cure-type »

 

La psychanalyse a toujours su s'adapter au monde, au temps et à la société et cela en fait sa force. Elle est indocile, nous le savons bien.

Pour ceux qui l'ont poussés, une porte ouverte vers la créativité; Sa force lui permet de s'ouvrir vers le champ des possibles sous cette forme créatrice, propulsée par Eros.

Si le cadre est un pilier, parfois le noyau dur de l'analyse, soulevant bien des résistances, il est autant un levier qu'incontestablement un rempart protecteur pour l'analyste et pour l'analysant, la rigidité d'un cadre peut être dommageable, quand c' est dans le trop.

Pourquoi le divan, pour qui le cabinet?

Le psychanalyste, humble, peut aller encore plus loin dans son effacement et c 'est en allant vers son absence qu'il est devient encore plus présent. Le manque, l'absence, le désir, le vide, c'est de toute façon bien cela dont il est question en psychanalyse. 

Le psychanalyste est de toute façon inconscient, pour rejoindre en clin d'oeil la pensée de Lacan sur la religion. Le psychanalyste, c'est celui auquel on croit, celui dont on croit qu'il sait. 

Certains ne franchiront sans doute pas la porte du cabinet mais préféreront cette distance avec l'analyste. D'autres opteront pour cette version de la psychanalyse car les déplacements seront difficiles ou impossibles. 

Ponctuellement ou régulièrement, la télé - analyse pose la question de la légitimité de la psychanalyse avec l'absence de justement du psychanalyse. Absence à relativiser. Absence du corps (qu'est ce que le corps en psychanalyse?...), du visuel parfois mais absence partielle qui décuple la voix et la présence. L'objet est partiel plus que jamais et tant mieux s'i n'est pas tout. L'important est que le corps soit le support des projections, et sans le regard, les projections sont décuplées, délivrées de la forme qui déformerait presque.

Le manque crée le désir en psychanalyse et cette forme de vide va donner lieu à de nombreux autres pleins. Le plein de la voix, le plein d'un corps dans une absence-présence qui nous rappelle bien Winniccott et l'aire transitionnelle, cet entre deux ouvrant au désir de l'imaginaire et du symbolique.

Le télépsychanalyse baigne plus que jamais dans ce holding par son corps absent-présent. 

La télé - analyse n'exclut en aucun cas la question de la relation thérapeutique et de l'amour du transfert qui va permettre à l'analysant des fantasmes et des projections et le faire avancer dans sa cure et même le transcende.

Attention flottante, écoute bienveillante, transfert. Rien ne change en fait.

Le mode de paiement est juste différent, là aussi tout est question de cadre.

Les durées des séances sont précisées, la règle du non toucher encore plus présente.

Cela nous amène à un questionnement sur le corps. Le corps absent est d'autant moins touché puisqu'il est absent mais finalement qu'est ce que le toucher?  Le non contact n'exclut pas le toucher des émotions, les ressentis, les éprouvés. Les sens sont justes différents, se rééquilibrent.

Une belle expérience de la rencontre et sur soi.

 

C. Vera le 6 Juin 2020

MAI 2020
 

"DECONFINEMENT. ET APRES ?"

L’enfermement, contenant et aliénant

 

Il est bien souvent question de conflit et d’enfermement dans le cabinet du psy.

« Je veux mais je ne peux pas revient en boucle », tel un enfermement dans un comportement malgré soi.

Jusqu’où accepter cet enfermement qui est très souvent posé sur le berceau, avec des consignes des parents et des chemins invisibles de prime abord mais pourtant réellement tracés ?

L’enferment est agréable au départ dans le beau berceau de l’utérus, même si pourtant même là des dangers rodent déjà dans un avant goût d’un après plus sombre. De contenant, il doit rester suffisamment pour protéger le petit enfant dépendant. Le sein, les bras peuvent aussi devenir mauvais et l’enfermement vite peut devenir moins cosy les bras de la mère. Cela sera dommageable de ne pas avoir été dans cette sécurité qui à cette seule condition va permettre de s’envoler. Enfermé, on le reste longtemps, parfois toujours. Il faudra encore un peu la nounou, la crèche, côté règles, on y va en douceur. L’école premier espace de liberté et de socialisation et pourtant on sait à quel point certains seront en souffrance dans une école vécue comme un bagne, le calvaire d’un système imposé qui ne convient pas. Plus tard encore le couple, la maternité, la paternité, qui, malgré les joies (aussi !), pour certains se conjuguent avec une privation de liberté. Le travail, la pointeuse, l’enfermement engrenage du compte bancaire et des crédits à payer. On est forts pour s’enfermer et moins pour se libérer.

Le corps aussi lieu de l’enfermement en proie aux angoisses, aux somatisations et au temps qui passe. Angoisse du corps sexué, angoisse du corps malade ou qui viellit.

On a beau faire, on a beau s’arranger (heureusement ! ) on est enfermé souvent.

Où est la limite de notre propre enfermement ? Ne rechercherions nous pas cet enfermement pour le vivre tant en boucle ?

Il peut être un refuge sain, un espace à soi quand il est choisi et un enfer quand il est imposé. L’ado enfermé dans sa chambre à clé, le lecteur enfermé dans sa lecture, la coupure avec le reste du monde fait du bien aussi mais elle reste mince avec la protection.

Enfermement psychique, corporel, éducatif, marital, parental. Il est complexe et ambivalent. On le recherche, on le crée et on le rejette à la fois.

L’enfermement a été questionné par Foucault, philosophe français et militant politique des années 70. Il a donné la parole aux prisonniers sur les conditions de vie en incarcération et travaille sur les groupes des structures fermées en institution disciplinaire (casernes, asiles, prisons). Il travaille à la fois sur le pouvoir et le souci de soi vis-à-vis de l’autorité. Lui aussi nous parle de ces structures confinantes et de l’effet de l’enfermement en le reliant au pouvoir.

Pour Foucault, les juges sont partout. On sait en psychanalyse qu’ils sont aussi en nous-mêmes en premier lieu, souvent tyraniques même.

L’enfermement, adaptatif, défensif. Subit ou choisit.

Le premier enfermement que nous avons connu a duré 9 mois. Nous n’étions pas prêt à sortir. Le sommes-nous maintenant, à l’aube de ce 11 Mai ?

 

Une autre étape qui se prépare.

 

On ne quitte pas un mode de vie mis en place sous contrôle et contrainte et dans la peur 8 semaines pour en rechanger du jour au lendemain.

 

Même si certains y ont trouvé des avantages nous sommes très loin d’être en vacances, personne n’est dupe. Revenir comme avant? Non pour certains. Hâte pour d’autres. Pari à tenir. Difficile pour ceux qui parmi nous ont vécu de lourds dommages, des proches décédés, la maladie, des grosses pertes financières ou des situations familiales pénibles.

 

Non, on recommencera la vie d’avant pour la simple raison que l’on ne recommence pas les choses, pas si consciemment en tous cas, tout simplement car quelque chose de grave s’est passé. Nous avons tous croisés un trauma, à des degrés différents mais trauma quand même. On a croisé la mort et la suspension de nos libertés. Nous avons vu que nous étions mortels et fragiles. Nous l’avions oublié comme nous avions oublié d’être frustrés. Le temps est moins à l’immédiateté et plus à l’essentiel, les clics ne suffisent plus. Bien nous en fera pour apprendre à mieux vivre, prendre soin de nous.

 

Il faudra déjà reconstruire ce qu’on a pu perdre si on veut le retrouver ou aller de l’avant si l’on veut changer la donne et nos peines et nos colères qui, même si elles ont pu être sublimées, occupées, tournées en ironie, devront être verbalisées. C’est identifier ce qui nous a touchés qui nous fera avancer et comprendre nos besoins essentiels. Infantilisés, punis, dénoncés pour d’autres, dans un discours plus anxiogène que contenant, chaque jour dans ambivalence entre ce que l’on voit, doit croire ou penser, le monde sur lequel on s’est construit n’est plus trop sûr.

 

N’était-ce pas qu’illusion?

 

On coupe les tv mais c’est bien de douter aussi. La certitude est dangereuse. On a besoin de redessiner nos cartes du monde avec nos crayons. Nous n’avons pas rencontré que des doutes mais aussi le temps, à profusion, et de nouvelles prises de conscience nous ont accompagnés pendant ces semaines. Nous avons eu plus de temps, parfois trop, nous avons pris le temps.

 

On ne recommence jamais notre vie, on la continue, forts ou pas de nos expériences.

 

Tenus à l’écart de ce qui nous manquait, tenus à l’écart de nos proches, de notre travail, tenus à l’écart de notre liberté, la cage va s’ouvrir bientôt, avec un goût amer de mort qui rôde, de danger dehors, de méfiance des autres. On ne sortira pas qu’avec nos masques mais avec la crainte au bout des gestes barrières. Nous avons su mettre en place une belle solidarité, une belle part de nous, humaine, drôle, créative au début du Covid, puisse-t-elle continuer pour nous éviter l’hypocondrie, la paranoïa et l’égoïsme. Ne nous perdons plus. Avancer c’est faire avec nos expériences, nos erreurs et nos désirs.

 

Ce n’est pas l’autre qui est dangereux c’est le virus et très souvent nous-même, tout simplement.

 

C. Vera 10 Mai 2020

 

 

AVRIL 2020

"DEDANS, DEHORS, ET AU MILIEU UN BALCON"

La maison est notre enveloppe.

L enveloppe c est d abord l utérus dans lequel le bébé, vulnérable, perçoit le monde au travers d un nirvâna primitif contenant sa fragilité. L utérus, comme la maison, renvoie à la natalité. Ne dit on pas la « maison natale »? En naissant le bébé va apprendre à découvrir que son corps est différent de ce qui est extérieur à lui. Il s agit d un espace transitionnel qui sépare soi de l autre, tout en le liant en imaginaire.

Quitter sa maison natale, c est naître une seconde fois, c est oser aller vers l extérieur, le dehors. L inconnu. Il s agit alors d être prêt. Suffisamment prêt pour ne pas fuir d étouffer. Suffisamment prêt, par la contenance suffisamment bonne qui aura été donné précédemment.

Savez vous que lorsqu un enfant dessine sa maison, il va dessiner son corps? La façon dont il dessinera sera symbolique de son Moi. La maison est elle robuste? Y a t il une porte ou une poignée pour en sortir? Les enfants de parents séparés pourront faire deux maisons ou une seule liée dans ses deux parties formant un toit.

La maison c est notre enveloppe et notre fondation. Dans la maison le bébé va découvrir qu il appartient à un système et qu il est un élément de ce système ordonné par des rangs, des places, des rôles, des rituels, des règles et des droits. Qu il n est pas le centre mais une partie d un tout. Enfin, normalement. Le trop et le pas assez ont dans la maison leur sens plus que jamais. Le berceau dans la chambre des parents, le partage des chambres. Parfois pas de chambre... parfois pas de cloisons, parfois trop de portes. La maison est composée d individus et d une collectivité. Autour, les voisins, les amis, les étrangers. La maison est un espace fait de frontières et de libre ou non libre circulation.

Dans cette maison, il y a des liens, il y a des vides.

La maison, c est aussi des objets. Des meubles, des souvenirs. La maison, c est des ouvertures, des portes, des fenêtres, des balcons. La maison c est une cave pour stocker, un grenier pour les souvenirs. La maison, c est un lieu entre le passé et le présent. C est ainsi une décoration, des murs, de l amour, des conflits.

Mettons donc la maison sur le divan. Que nous révèle la façon dont les pièces sont agencées? La maison est elle rangée, tirée à quatre épingles? Bordélique? Maison de ville? De vacances? La maison est notre miroir. Quel rôle joue la maison dans votre vie? Dans l intérieur de cette maison collective, il existe des pièces avec des destinations précises ou parfois en open space sans cloison. Les ado sont les champions du confinement avec leur petit monde derrière leur portes. Il est d ailleurs difficile d y pénétrer, et pour cause. Une enveloppe dans une autre enveloppe nécessaire quand on sait que l adolescent traverse souvent une crise identitaire.

A quoi ressemble notre maison? Mettons donc la maison sur le divan.

 

-----------------------------

 

Le tout en virtuel comme solutions et prévention d aujourd’hui renforcera t il le désir de vrais relations, en créant du manque? Le manque de face à face, de bises, de bisous, de poignées de main, d'encolades, de discussions sans ce tiers séparateur qui est l écran? Le manque du corps. Les uns mètres de distance relanceront t il le désir d être ensemble? A ce jour le lien doit s adapter aux circonstances, mais c est une façon peut être de remettre en question ce côté addict à l écran général à l ensemble de la société mais qui paradoxalement est à ce jour l un des seuls moyens.

L écran vient aujourd’hui nous frustrer, nous castrer en étant le moyen de la relation exclusive et en ce sens il crée un autre désir. La frustration relancera t elle l envie de se voir plutôt que de se parler par écrans? Peut être est ce aussi le moment de dépasser les polémiques de critiques négatives vis à vis des écrans et de les écrans comme des outils utiles et modernes. De simples outils et non plus des doudous transitionnels voire des drogues ?

Aujourd’hui les gens redécouvrent qu'ils ont des voisins, s entraident, de rendent services, sont solidaires et l écran est devenu un moyen technique qui est à sa place, il n isole plus. « Avant », pourrions nous oser dire, oui le virtuel isolait car il n était pas lié à une demande de contact. L écran avait perdu sa fonction d objet partiel pour devenir objet total, créant des comportements questionnant de près le trouble de l attachement. Or aujourd’hui nous sommes détachés, de fait....

Si on pouvait se servir de cette bonne expérience...ça me fait penser au téléphone avec le cadran et le fil. On s appelait pour entrer en contact, pas pour rester séparés. J ai l image d un groupe, une famille comme exemple. On textote on est connectés dans les réseaux sociaux et déconnectés du reste du groupe pourtant dans la même pièce, la même maison. Jusqu’à même s envoyer des sms pour se dire de venir manger. Confinement et changement. On cherche la relation, on coupe même les écrans. On pose les portables, on coupe la tv, on s occupe on s amusant, on demandant des nouvelles.

Il sortira bien quelque chose de tout ça.

Il faudra quand même se poser la question du pourquoi l écran à servi à isoler pour éviter les répétitions dans l avenir.

C est essentiel de comprendre pour avancer.

 

--------------------------

Manger c est se rassurer depuis notre naissance. Peut être alors que tant mieux qu' il y ait cette option aujourd’hui de « se remplir » le caddie. Compulsion alimentaire à échelle massive. On se rassure comme on peut. C est déjà ça finalement, c est un mécanisme de défense qui contient l angoisse. Car l angoisse, elle est la. Canalisée à ce jour. Rien d étonnant à cela, nous savons à quel point la société est en prise aux TCA, trouble du comportement alimentaire. En général c est caché, on a honte des compulsions. Ce qui se voit aujourd’hui dans les supermarchés n est que la face extérieure de ce qui existe déjà et qui est renforcé par l angoisse. Le pire serait que les rayons soient vides. Le mode anal est enclenché, on stocke, on calcule, on garde. On achète donc du papier WC à profusion. Le mode anal c est quand on apprend la propreté , on découvre la maîtrise (des sphincters). Le fantôme transgénérationnel aussi, la crypte des ancêtres ayant vécu la guerre, suinte, pas si loin. Chacun fait face en illusion de maîtrise comme peut. Le pire serait le vide. A bon entendeur, pour une fois...Prévenir c est mieux que guérir.

-----------------------------------

S émerveiller des petites choses

On devrait toujours garder la capacité de l émerveillement, remettre en question des évidences et cultiver son petit jardin intérieur. Jour après jours, les graines poussent pour qui les a semé, pour qui a su les arroser. Après le froid de l hiver, la nature nous enseigne bien des choses. Sans l affect, pas d émotion. Sans émotion pas d émerveillement. Sans émerveillement, pas de couleurs. S émerveiller c est ne plus avoir peur de se confronter à son émotivité. C est avoir la capacité d être touché en soi, de recevoir.

---------------------------

Distance et séparation

Je rebondis sur le fait que le cadre en psychanalyse inclut entre autre la règle du non toucher. Cette règle là n a jamais empêché la rupture de la relation. Au contraire! La juste distance qui permet cette zone de sécurité tant pour l analysant que pour l analyste est nécessaire à la relation. C est le bon moment de ne pas confondre « distance » et « séparation », qui sont deux choses différentes. Ce n est pas parce qu on est éloignés qu on est séparés. Parfois même les gens sont à proximité, ils se pensent proches mais ils mentent et se mentent, ils sont séparés, on le voit souvent malheureusement dans le couple et dans le lien parent enfant aussi. Le lien, c est symbolique. Mais le lien est un problème social très actuel, nous les psy le savons avec des troubles de l attachement importants dans les suivis. Est ce la non moment pour repenser le lien pour éviter des régressions qui se fixeraient voire re-ouvriraient des brèches narcissiques? Très certainement verrons nous la recrudescence de doudous les prochains jours sous forme étonnante de papier wc, notamment. Quand aux pensées magiques, hallucinatoires ou obsessionnelles, donc à relativiser.

-----------------------------

Prendre le temps

Mortel ennui... Faire rien, ce n est pas toutefois ne rien faire. C est être face à ce que nous avons de plus précieux et de plus fragile : le temps. Si certains esprits n aiment pas le vide, structurer l emploi du temps de sa (longue) journée permettra de donner une temporalité, un cadre. Classer, trier, ranger, organiser. Si d autres esprits n aiment pas attendre, c est que perdre du temps, c est insupportable. Perdre renvoie aux papiers wc, à l argent perdu, à notre analité, au contrôle. S il est déjà difficile d accepter de perdre, toucher au temps est compliqué. Le temps nous renvoie à notre mortalité. Il faudrait prendre le temps plutôt que de le perdre. Prendre le temps, revenir dans un processus de maîtrise est important dans ces moments anxiogènes. On fait comme on peut avec le temps, on l organise , on le prend, sans être dupe. Si certains autres esprits se sentent tout puissants face au temps, le défient, c est de la folie, s ils prennent celui des autres, c est du pur égoïste, de la perversion.

S'échapper en peinture

 

Confinement et déconfinement en peinture

La peinture du XX ème siècle s'éloigne de la figuration, en particulier avec l'expressionisme. De l'exploration méthodique du Moi, illustrative d'une représentation confinée dans un code classique, on passe à une nouvelle représentation du "Je" avec la figuration qui se fragmente.

Les oeuvres de Francis Bacon ou de Picasso feront profondément évoluer le genre artistique. La méthode expressionniste de Van Gogh est reprise par Picasso avec un choix de couleurs qui évoquent ses états d'âme, le bleu par exemple devient le symbole de sa tristesse et de sa mélancolie. La vulnérabilité et les "dérapages "deviennent visibles. Volontaires ou involontaires, les gestes de pinceau ou de chiffon ne s'effacent plus mais qui feront partie de l'œuvre. La vérité est recherchée au lieu de l'esthétique, pour permettre de saisir la réalité. Seuls les chemins détournés, les erreurs, les heureux hasards se détachant de la figuration ont pu mener à une recherche introspective plus proche de la vie, par la distanciation du contenant. La forme s'échappe donc à elle-même.

C.Vera 15/04/20

image : Picasso, Autoportrait face à la mort, 1972, Crayon à la cire sur papier, 65,7x50,5 cm, Fuji Television Galery, Tokyo

 

MARS 2020

"L'HUMOUR, DEFENSE ET SUBLIMATION"

 

L’humour est notre compagnon de vie depuis le début du Covid avec le second degré et les mots d’esprit qui permettent plus que jamais de pouvoir aborder et dire les choses. Un recul nécessaire pour que le réel soit moins violent, recul nécessaire pour pouvoir dire quand même. Alors l’humour, c’est le rire pour ne pas pleurer ?Le "confinement challenge" ne cesse de se transmettre à travers les réseaux sociaux et beaucoup partagent leur quotidien sur Facebook. Comme nous l’étions pour "Charlie je suis" nous voilà encore ensemble autour du slogan: « Je suis at home ». Le virus invisible et pourtant tellement là, qui avance, qui se propage, masqué, caché ! Face à la mortalité qui nous guette peut-être, nous sommes oui tous ré-unis, montrant plus que tout sur Facebook que nous sommes LA, ENSEMBLE et bien vivants !!! Alors oui, certains sont seuls chez eux, oui d’autres à 2 ou bien en famille, les avantages ou inconvénients sont différents, les seuls n’ont pas à supporter les projections négatives de leur proches ou alors souffrent de solitude tandis que les autres n’ont pas à supporter le manque du regard, du toucher mais ont trop de bruits autour. Les uns s’ennuient, les autres s’occupent. Au-delà de nos différences du trop et du pas assez, une chose est commune : on est confinés. Alors face au virus, face aux murs de derrière les balcons, on se sert de l'humour, vive la créativité plus que jamais pour résister, pour exister ! Les murs ? On les abats ! Où aller quand ca va mal ? Régressons donc ! Redevenons tels des embryons, confinés, bien au chaud, amusons-nous donc soyons comme avant, comme des enfants. Nous nous donnons la permission de redevenir indisciplinés, dans une douce turbulence ou chacun devient un peu artiste, on parodie, on invente et Facebook se transforme en vaste terrain de jeux ! On s’échange les jeux, comme on aurait pu se partager des billes. Franchement, allez, c’est hilarant quand l'imagination déborde, on se découvrirait presque des dons, des talents, ....exemple d'un gars confiné en couple qui nous parle en nous disant que c'est super à deux et qui en parallèle; affiche en silence sur papier A4 le contraire de ce qu'il vit...la dame étant à coté.....pleins, pleins de vidéos drollissimes. On est tous reliés ou liés à nos balcons !"Questions à nos balcons ! " un gars propose de rejouer ce célèbre jeu de France 3, très drôle !! Beaucoup chantent ou jouent de la musique, nos balcons deviennent le canapé psy de tous, d'inconscient à conscience collective, à 20h on se retrouve à applaudir nos soignants....Fini le canapé chez les psy ?? Maintenant c'est thérapie sur le balcon ?C’est qui au fait ce Corona Virus prénommé plutôt par Covid-19? Un bon ou mauvais père ou une bonne et mauvaise mère ? Car il fait du mal mais aussi du bien, à la terre !!!!A la terre a nos animaux !!! Nos canards qui déambulent librement dans nos rues de Paris, heureux sont les canards sur la place de la Comédie-Française, les cygnes qui se baignent dans les eaux, canaux transparents à Venise...le ciel qui devient bleu comme jamais, retour du ciel bleu à Pékin, moins de pollution vue par satellite. Monsieur Virus Corona tu nous fais du mal tu nous tues mais on s’ en sortira, tous plus forts que toi, merci Corona les terriens ont compris ta leçon. !! Là !! Maintenant ! Là !..Encore un ! Hi Hi encore un post publié. Une image détournée sur Facebook sur le confinement : deux policiers devant une porte : "Madame ! Vous allez bien ? Ça fait 5 heures que vous n’avez pas publié !?"Je rigole encore ! merci Facebook ! J en oublierai presque ce virus, ce coupable qui avance masqué…Ne l’oublions pas, il est là le Corona. Masqué, plus que jamais, peut-être là, déjà, on sait pas…Mais c est ENSEMBLE, chez soi, qu'on le vaincra. Alors oui, soyez frustré !! soyez privés, confinés ! ou affamé !mais Riez !!oh oui!! Surtout continuez !!! Rions ! Riez !! plus que jamais !!!Il finira par déclarer forfait !Continuez à partagez ! PARTAGEZ LES RIRES, les vidéos !On va le mettre K.O !!!!Il en aura fait des dégâts ce Corona !Mais on va l’anéantir.....il va finir par en mourir, étouffé de nos rires, lui aussi!!!!!!…..L’humour, vous le voyez, vous en riez, est un langage crée par des mots détournés et qui a un rôle particulier. Décharge, défense mais pas que. L’humour est plus fin, et s’il est lourd, c’est qu’il le veut bien. Allant au-delà du seul besoin de communication, l'humour cache le sens dans la forme. C’est en quelque sorte le clivage du mot, le bon d'un côté et le mauvais de l'autre. Le bon mot, celui qui est politiquement correct, acceptable et le mauvais mot, celui qui est trop rebelle pour être dit trop de front ou trop futé pour ne pas en rajouter. L’humour, c’est un savant cocktail entre le signifiant et le signifié, un jeu dans lequel on dit sans dire. Fuite ou stratégie, le bénéfice secondaire de la répartie inconsciente est incontestable, pas vu, pas pris. L'humour a sa famille parmi les mots d'esprit, à la différence qu'il est un mouton noir, conscient, délibérément conscient. Les autres sont plus dociles, lapsus, actes manqués, rêves, gardent les masques, déguisés. L’humour, lui, met en suspend et en suspense. Humour et mots d’esprit sont toutefois tous deux soumis à un travail commun d'élaboration. Le contenu manifeste (visible), le mot, ne correspond pas au contenu latent (la signification). Il est dissimulé, crypté, encodé mais des éléments de liaison permettent toutefois sa compréhension. Tel le rêve, le mot d'esprit et l'humour prennent appui sur un aspect de la réalité à partir de laquelle émerge une vérité liée à un désir. Le mot d'esprit relève du désir inconscient de se frayer un chemin, de faire l’école buissonnière. Mais quel désir correspondrait donc à l'humour? Un désir sadique anal de manipuler sans trop donner d'information ou en gardant ses distances, sans trop lâcher d'indices? Un désir pervers, exhibitionniste, qui permet de jouir du verbe que l'autre reçoit en pleine figure, surpris, en laissant flotter tellement de flou autour qu'il ne peut rien répondre, comme coincé? Confiné. Avec l'humour, on peut toujours retomber sur ses pattes et dire que l'autre a mal compris. C'est un mécanisme pervers en ce sens qui manipule l'autre et sème le doute. Un désir hystérique que de se faire remarquer? Aussi. Un besoin de décharger. L'humour emploie des figures de style. L'humour est stylé, il a de beaux costumes il faut bien l'avouer. Parfois il peut être lourd aussi et il en décevrait presque quand il est mis à nu, il perd de son panache. L'humour c'est la nuance de la pensée. L'humour, c'est une élaboration dans un rapport d'équivalence. L'humour, mot et jeu d’esprit à la fois, utilise plusieurs figures de style. Prenons d’abord la métonymie. Il s'agit d'un processus de pensée ou le contenant est employé pour le contenu. Ainsi, on va "se servir une assiette" ou bien " boire un verre". L’oralité est très présente durant le Covid. L'humour, c'est du raccourci aussi. N’est ce pas la guerre, dit-on ? Sans doute pour ne plus perdre de temps, l’humour se sert de la synecdoque en évoquant un élément d'un tout qui le compose, par exemple un sac de noeuds. L'antonomase permet de se servir d'un nom propre comme d'un nom commun, un don juan, un hercule, un coronas par exemple. La périphrase remplace un nom par ses qualités. Tout le monde connaît le « roi des animaux ». L'antiphase dit le contraire de ce qu'on entend. « La parole est claire »… Pas toujours. Restez chez vous, s’en sortir sans sortir. Elle est puissante, elle sème le doute, elle exagère aussi. C'est assez réussi, ne vous gênez pas! Avec l'humour, on a des parallèles, on souligne des qualités, des défauts. On dit des vérités. L'humour, en plein cœur du paradoxe, donne des vérités bien surprenantes avec des opposés qui se rapprochent. L'humour exprime aussi l'absurde s'il utilise l'oxymore, on peut y trouver des grèves du zèle ou bien des pleurs de joies. L'humour est poétique en soi. Le virus de l’amour plus fort. Parfois lourd avec la redondance qui insiste sur la répétition et l'accumulation pour renforcer les traits, produire même le désordre, le choix du chaos. On en a coupé la tv. L'humour y va aussi par degrés d'intensité parfois, utilisant la gradation. On prend des gants ? Cela dépend. Pour insister, l'humour fait même des fautes, des pléonasmes. Un seul mot peut suffire telle l'anaphore, pour résumer un tout, convaincre. c'est la force du "J'accuse", pour se substituer à l'idée. Amplifier (c’est la guerre) puis atténuer (c’est une grippe), rendre faible ou fait grandir? L'hyperbole? la litote, l'euphémisme. Comparer, personnifier, viser à la surprise, l'humour est une métaphore à elle seule, transformant la réalité de la chose désignée. Alors c’est la guerre ! Rencontre surréaliste de deux univers! L'humour, aujourd'hui plus que jamais voisin d'actualité, et porte sous son masque la vérité, qu’il faut tenir cachée. L'humour fait partie des mécanismes de défense utilisés par l'inconscient pour résoudre un conflit psychique du Moi. Ils sont nombreux et coûteux en énergie, à l'exception de la sublimation qui va elle, permettre à la pulsion de s'investir l'environnement, le social (le travail, l’écriture) : Sublimation (on est bien chez soi, on s’occupe), fantasmatisation (ces gens du quotidien ces héros), dénégation (ce n’est pas grave du tout), compensation (puisqu’on n’a plus de masque, prenons des soutien gorges, puisqu’on n’est plus payé, des aides sont octroyées), déplacement (le mal aux dos, la migraine), régression (tu veux jouer avec moi ?), clivage (ceux qui sortent et qui tuent et ceux qui restent et qui sauvent), annulation (non, ce n’est pas possible), isolation (je reste confiné, je coupe la tv), déni (c’est une grippe), retournement sur soi (le télétravail et les enfants, un côté maso mal assumé qui se réveille ?) introjection, projection, dissociation (j’ai besoin de m’évader par la pensée). Ils sont en réaction possible suite au désaccord interne ça-surmoi de type « je veux (sortir) mais je ne peux pas (risquer de mourir)».La sublimation permet l’adaptation à l’environnement et à la société de la libido, de tenir dans ce manque à être. On peut se demander si l'humour n'est pas finalement pas plus sublimatoire que défensif, ce peut être le cas avec certains humoristes qui associent l'humour à l'écriture. Enfin, les figures de styles de la littérature ressemblent aux mécanismes de défense psychiques, lorsque les mots prennent une orientation différente, lorsqu'ils modulent la réalité et les caractéristiques d'autrui, lorsqu'ils dépouillent l'affect ou l investissent et le déplacent ailleurs, lorsqu'ils prêtent à l’autre des caractéristiques qui appartiennent au sujet et dont le sujet ne veut pas ou qu’il ne veut pas reconnaître, alors oui, ils se ressemblent. Les figures de style comme les mécanismes de défense permettent de s'identifier aux caractéristiques d’autrui, de rejeter la réalité trop douloureuse, de créer des pensées magiques ou de séparer les choses pour évoquer le meilleur, le pire. La figure de style est telle la conversion, support comme l'est le corps, de l’expression douloureuse. L'humour, formation réactionnelle incontestable en soi, qui vient pour contrecarrer un désir (de dire) ce qui est interdit, que l on s interdit (de dire).

C.Vera avec introduction de Sandra Imbert

 

------------------------------------

Humour noir

Quand l ironie rime avec cinisme....

Quand le bureau devient un enfer. Vous ne vous êtes par retrouvé(e) dans le placard par hasard et et comprendre ce qui a fait que vous vous y trouvez vous aidera à avancer, en mieux. Parfois oui des situations qui semblent être une impasse et pourtant dans l’impasse n’est que dans votre tête même si vous êtes confronté à d’autres personnes il y a toujours des solutions et se retrouver dans l’impasse est aussi la possibilité de pouvoir trouver d’autres chemins magnifiques. Notre façon de voir les choses est souvent très limitante et on appelle cela des croyances limitantes. J’ai reçu récemment une personne qui était enfermé dans son placard et elle n’avait pas vu qu’il y avait une porte réelle. Elle restait enfermée dans des moqueries.

Un changement de point de vue lui a permis en une séance de pouvoir se dire qu’elle allait utiliser cette porte comme une ouverture. Un travail est en cours bien sûr mais elle est sortie de l’impasse elle est plus dans le noir elle n’est plus renfermée.

 

------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 FEVRIER 2020

"MENSONGE OU VERITE ?"

« Dis Figaro, si nous l appelions Pinocchio? ». « Pour un peu on croirait un vrai petit garçon ».

Geppetto dansa un peu avec Pinocchio au bout de ses ficelles. « Et maintenant, au lit, mon petit ». « Ma bonne étoile, faites qu un jour j ai un fils comme mon petit Pinocchio »...

La fée Bleue réalise le vœux de Geppetto. Et voici le pantin de bois qui part pour l école, quand Gedeon et Grand Coquin l aperçoivent. « Vise un peu ce gamin, attrapons le, c est l affaire du siècle ». « Ta place est au théâtre, tu attirerais les foules avec un nom d artiste qui brillera en lettres d or ». Pinocchio est ébloui par ce discours. Sa naïveté et son orgueil l enfermeront dans la cage de Stromboli. « Pauvre naïf allez zou dans la cage! ».

La fée Bleue viendra lui demander comment il est arrivé là. « J ai été enlevé par un monstre horrible avec des yeux gros comme ça! ». « Et l école, ça t a plus? ». « Heu oui ». Le nez s allonge à chaque mensonge.

Plus tard encore Pinocchio rencontre de nouveau Grand Coquin qui lui parle de l’Ile des Plaisirs. « On y joue tout le temps, allez viens avec nous ». Crapule lui fera fumer le cigare. Avec des oreilles d âne en souvenir de ce périple, il s enfuie et trouve le message de Geppetto lui disant que la baleine l a avalé.

Au péril de sa vie il ira sauver son père, toujours suivi par sa conscience. La fée le transformera pour son courage en vrai petit garçon. Il a passé les étapes, il a grandit. D objet il devient sujet. Il n a plus besoin qu’ une conscience (parentale) l accompagne, il a sa propre conscience désormais. Le personnage de Pinocchio est connu pour son nez qui s allonge lors de ses mensonges pourtant dans cette histoire tout le monde ment, à sa façon. Geppetto tout d abord, le premier. Quelle est la part de mensonge lorsqu il dit à la marionnette qu il est temps d aller se se coucher après la danse? Est-ce à voir comme un délire qui lui permet de mieux supporter sa solitude? Une façon d embellir sa vie? Rêve t il? Lui dire son délire ne le plongerait il pas plus bas? Une part de lui sait qu il est fait de bois pourtant.

Alors qu elle différence avec un enfant qui va jouer avec sa poupée à papa et maman et Geppetto?

Justement si un enfant se construit sur l imaginaire et l imitation, il doit se confronter à la réalité de n être encore qu enfant avec les droits et les devoirs liés, le temps de grandir. Grandir c est passer les étapes. S envoler. Geppetto n est plus un enfant justement, et le faire semblant pose problème. Jusqu où la marionnette relève elle d une illusion d avoir une poupée ou un vrai petit garçon à soi, même de bois? Car c’est bien d illusion dont il s agit. Pas d étapes pour grandir. Difficile de parler de mensonge et pourtant ça en est une forme. Le pantin le maintient hors du trou béant. Qui oserait se moquer de Geppetto lui rappelant qu il parle à une marionnette de bois alors que son délire le simplement rend heureux ? Le mensonge délire fait partie de sa vérité et le tient illusoirement loin d un réel trop lourd. Pinocchio tient Geppetto hors de l effondrement même si c est ce dernier qui tient les fils. Sans fils pas d illusion.

 

 

Quelle part de psychose chez Geppetto quand il lui dit « bonne nuit mon petit » et l envoie l école? La magie de la fée à la fin de l histoire ne semble pas lui poser problème, elle renforce même Geppetto dans sa vérité. Pour lui c est son fils depuis toujours. Pinocchio lui, est le pantin, le jouet tenu par des fils et Geppetto tient ces fils, d où le besoin pour Pinocchio de les couper. Il a besoin de désobéir pour grandir. Son nez qui pousse, c est symboliquement lié au phallus évidement. Son nez parle pour lui, grandit au fur et à mesure qu il se sent écrasé par les questions embarrassantes qu il veut éluder par manque de force finalement. Impossible de dire que non il n avait pas envie d aller à l écoute. D autant plus impossible qu il porte sur lui la honte de s être fait berner par Grand Coquin. Il sait tout cela. Chez Pinocchio il y a bien sûr le mensonge pour éviter la castration. Il aurait été enlevé par des monstres. Demi mensonges d ailleurs mais trop fier pour l avouer. Se l avouer. Il sait qu il ment et c est parce qu il sait qu il ment que son nez pousse. Le nez de Geppetto lui ne pousse pas car pour lui le pantin de bois est son fils. Les deux arrangent la réalité mais l’un pour combler un vide et ne pas s écrouler, l autre pour pour s émanciper et s affirmer. L’un pour ne pas mourrir et l autre pour naître. Geppetto est dans l imaginaire et Pinocchio dans le symbolique. De fil en aiguille et d étapes en étapes il introjectera la loi et le petit criquet pourra le laisser. Pour devenir un sujet, une personne et non plus un objet, il passera par le groupe. Il va tuer le père en somme lequel se retrouvera dans la baleine. Il a besoin de se mettre en valeur en étant célèbre, appartenir à un groupe, exister. Grand Coquin lui, c est le menteur version pervers. L autre n a pas de valeur si ce n est marchande. L autre est un objet. Pour Geppetto aussi Pinocchio est un objet mais objet d amour. Pour Grand Coquin objet d amour en quelque sorte puisqu’il va l aimer pour l argent qu il lui procurera. Mais sans culpabilité. Geppetto l envoie à l école pour son bien, Grand Coquin en cage. Pour Grand Coquin Pinocchio est bien un pantin de bois. Il est hors du délire de Geppetto. Il connaît les failles narcissiques de Pinocchio et les exploite pour tisser sa toile autour. Le troisième type de mensonge. Il n est pas dans le vide, il ne cherche pas à contourner la loi, il est la loi, il manipule. Lui sait qu il ment sans détour mais son nez ne peut pas pousser puisqu il n éprouve pas de culpabilité. Il est tout puissant, pas de confrontation avec la loi car il est sa propre loi. Contrairement à Pinocchio il n éprouve pas de culpabilité et seul l argent l intéresse. C est systématique, il ment à tous les enfants pour les attirer mais il est dans la réalité.

 

Trois utilisations différentes du mensonge. Finalement qu est ce que le mensonge? Tout serait mensonge. Parler de toute façon, c est mentir, aucun mot est capable d exprimer à lui seul une pensée. Quand on pense au mot « table » vous et moi on peut parier qu on ne pensera pas à la même table. Un mot pour plusieurs significations possibles. Plusieurs sens. Plusieurs vérités. Il y a ce qui est dit et tout le reste qui n est pas dit car le langage ne le permet pas. Il manque des mots. Il faudrait rajouter table ronde ou table blanche. Autrement dit, le mensonge existe dans toute vérité, puisqu elle ne peut pas se dire toute. Jusqu où peut on rajouter des mots...? Enfin pourquoi mentir? Le type de mensonge définit la structure psychique. Le mensonge de Geppetto est une dimension de la psychose délirante, paranoïaque. Le menteur est son mensonge. Mensonge et délire sont confondus. Ce sont des sortes de remparts défensifs qui permettent de tenir. Le mensonge fait partie de son univers, sa vérité. Lui enlever peut l effondrer dans son trou du réel et le faire décompenser. Le mensonge le maintient hors du trou. De quel mensonge parte on? C est là la question principale. Peut on sortir de son mensonge? Mensonge psychotique? Névrotique? Pervers? La vérité de l autre est ébranlée en tous cas. Écouter le menteur avec son corps, entendre avec les éprouvés, les ressentis sur soi est important pour saisir cette gêne en nous face à une possibilité de mensonge. Il est plus facile pour le menteur ou celui qui est habitué à ce processus d entendre le mensonge que celui qui ne le côtoie jamais puisque cela n est pas dans son schéma de pensée. Les enfants ont besoin de dire dès mensonges. Les mensonges c est aussi l imaginaire. Mentir c est créer et recréer. L enfant peut mentir pour pouvoir désobéir. Mentir pour rêver. A la différence de Geppetto il saura sortir, normalement, du délire. L enfant sait que le super héros n existe pas. Ce qui coince c est mentir et ne pas le réaliser. Mentir et le savoir oui mais à quelle dose? Ponctuellement comme Pinocchio cela arrive à tout le monde mais régulièrement comme Geppetto ou Grand Coquin c est pathologique. Quand le menteur dépasse la limite et croit à son mensonge ou l’utilise à volonté dans le discours avec l autre c est de la mythomanie. Quand il devient pathologique, chronique, dans ce cas là, peut on encore parler de mensonge? N est ce pas du délire lorsqu'il est intriqué dans la réalité? Tant qu'on manipule c est un signe qu'on est conscient de mentir. Cela peut être une solution de sortie, de fuite, mais aussi une entrée dans la psychose ou la perversion.

Le mensonge n a pas la même origine selon s il fait partie de soi ou d un moment de vie.

C. Vera

---------------------------------------------------------------

Voir la vérité en face

 

La vérité n est pas ce que l on regarde mais ce que l on voit.

Puisqu il était question de film, ( ou de personne voila justement le dilemme) alors question sur les mécanismes inconscients à l œuvre dans les Cesars 2020. La polémique mérite débat : peut on « séparer » les gens en plusieurs représentations? En psychanalyse on dira cliver. Le clivage est un mécanisme de défense qui va séparer la personne en plusieurs représentations. Le bon et le mauvais. Le bon sein et le mauvais sein, la mauvaise et la bonne mère. La madone et la putain. L adolescent utilise beaucoup ce mécanisme avec les bons et les profs, les « supers » et les « nuls », le fétichiste aussi avec la jouissance reportée sur une partie du corps, le psychotique aussi, dans le déni de la réalité d une partie comme ne faisant pas partie d un tout. Dans le bio aussi, les bons et les mauvais aliments. Cliver le Moi c est mettre de côté une partie déniée et non réactivée sous forme de représentations. La réalité est séparée en deux partie. Il peut y avoir un traumatisme à l origine. Le déni et le clivage, c est le problème avec les relations toxiques : on ne voit pas le bourreau mais les quelques (rares) qualités prennent le dessus sur la représentation. On ne veut pas voir et on ne peut pas voir. Trop de bénéfices secondaires conscients ou inconscients. Avec les relations toxiques le plus difficile c est l étape de la sortie du déni. Ensuite on peut avancer. Second point : ne pas nommer. Ne pas nommer c est vouloir effacer. On arrange la réalité. On arrange la aussi. Lacan parlera de forclusion du nom du père qui est aussi un mécanisme complexe connu qu'on peut mettre en lien avec l aliénation parentale connue aussi malheureusement. On forclot le père, on le barre, on le tait, la mère a fait l enfant seule. Or nommer c est donner la possibilité à l autre d exister. C est symbolique. Le nom est symbolique d une filiation, d une reconnaissance. Celui qui n est pas nommé n existe pas et c est bien sûr hallucinatoire puisque l autre existe pourtant. C est aussi du déni. Troisième point : autre mécanisme en scène c est l humour. L humour comme mécanisme de défense, utilisé pour dire ce que l on pense sans le dire directement et plus puissamment. L’ironie, le cynisme, Atchoum et ces métaphores qui donnent tant d affect au langage. Enfin pourquoi venir, pourquoi partir, pourquoi rester ? Dedans et dehors sont à questionner, chacun fait comme il pense le plus supportable au au cœur de la pulsion, même rester, rester assis, inerte, bloqué relèverait il d une impasse, d un effroi? D un comportement propre à chacun. Aux Césars c est sous le décor d un beau clivage-déni opposé à de la non nomination et l humour que s exprime l expression commune de trop de mécanismes défensifs qui montrent qu'en effet, quelque chose ne va pas. A chacun de creuser, pourquoi venu, resté, parti, dans sa propre histoire. La réaction de chacun est en lien avec les histoires personnelles. Au delà du tapis rouge et des querelles aussi interne à cette grande « famille » du cinéma, cela me fait penser à deux choses. 1 ces enfants qui sont victimes d inceste par un des membres de la famille avec l autre parent dans le déni. Insupportable. Double peine, traité(e) souvent de menteur menteuse. 2 Le mouton noir de la famille qui refuse de se taire et s adapter, s uniformiser et qui est mis dehors, exclu, on connaît trop bien l histoire en transgénérationnel des langues à tenir.

L envers d un décor plus noir que rouge, sang qui lui ne nous fait pas rêver.

C.Vera

 

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

JANVIER 2020

"L'ENFANT ET L'ADOLESCENT,

AU COEUR DU SUJET"

L'enfant DYS, précoce HPI, TDHA, l'histoire du vilain petit canard

L'enfant dys ou précoce hpi et l'histoire du vilain petit canard
 
De la normalisation à l'agression narcissique
 
"Dys" signifie "difficulté"
 
Dans le langage courant et dans le contexte scolaire, la différence, tant pour l'enfant "DYS" que pour l'enfant "zèbre". Souvent l échec, l incompréhension sont les adjectifs invariables de ces enfants qui ont du mal, vraiment du mal avec la scolairité, parfois même jusquà en déclancher des angoisses.
 
Les difficultés dans les résultats sont visibles, les répercussions psychologiques dans les situations de ces enfants sont incontournables.
 
En effet dès le primaire, parfois même dès la maternelle, l’enfant souffre. il a du mal à comprendre et à faire. Il est mis en difficulté et rapidement en échec scolaire. Il est démotivé avec un sentiment d’injustice face à son échec qu'il ne comprend pas.
 
Sa confiance en soi est très impactée et l’image de soi nettement dévalorisée. C est souvent le décrochage, très souvent à la maison les devoirs deviennent une grande bataille entre l’enfant et le parent, c’est l’épuisement, la culpabilité, les pleurs, les cris, la honte.
 
Dans le meilleur des cas, une première étiquette peut apaiser l'ambiance avec la mise en place de bilans orthophoniques, un suivi orthophonique avec de la patience ( parfois deux ans de liste d'attente pour ceux qui ont la chance de trouver un place). Un PAP dans les solutions les plus idéales existantes. Très souvent l'enfant va même passer au CE1 sans savoir lire et le retards s'accumuler.
 
Une première expérience de l'apprentissage et de la vie collective, une première confrontation avec la différence, dans sa version négative.
 
Après le primaire, qui reste quand même une zone encore pour beaucoup confortable et encore cocooning, il y a une autre grande bataille au collège avec l’apprentissage de nouvelles langues qui reposent sur les mêmes problèmes avec l’orthographe et la syntaxe hautement pénalisée. Le niveau augmente également en exigence et en difficultés dans un moment très souvent où l’adolescent est aussi dans une période de doute existentiel et de crise identitaire qui accentue le mal-être.
 
Souvent, la solution sera la sortie du cycle normal fin 3 ème, vécue comme une bouffée d'air par l'élève et sa famille asphyxiés.
 
Vous l'avez compris ou vécu, l'enfant va rencontrer de nombreux obstacles sur sa route de l’école et de la construction de soi, dans une période supposée l amener à grandir plutôt que régresser.
 
Faute d aller vers l avant, c est souvent vers l arrière qu'il va se rabattre. Les énurésies, les tendances bébé sont fréquentes. Evidement les dommages psychiques sont amplifiés avec parfois malheureusement une vie familiale quotidienne difficile, dans des contextes de violence verbale, physique, séparation etc. Les chanceux auront des parents au fait du parcours dys (tests, ortho, ergo, pap, tiers temps, dictée à trous, ordi en classe etc) et du temps pourra être gagné.
 
Les enfants hyperactifsLes difficultés rencontrées par les enfants à hyperactifs ont des conséquences sur les apprentissages mais aussi sur l'estime de soi, la confiance en soi et le rapport aux autres. Le risque de l'exclusion, la différence avec les autres, l'échec scolaire, de grandes dépenses d’énergie épuisantes, la peur de l'échec, une très grande sensibilité etc. agressent l'enfant qui est plus fragile.Un travail sur soi et sont rapport au monde aide l’enfant à se sentir moins fragile et moins vulnérable et à développer leurs ressources dans de nombreux domaines.Les troubles en très résumé :- La dyslexie : "lexy" signifie mot.La dyslexie c’est la difficulté à lire, à se repérer, à comprendre le langage écrit et à reproduire le mot dit.Le DSM IV évoque un trouble de la lecture.- La dysorthographie : c’est le trouble de l’expression écrite avec une perturbation dans les règles de syntaxe et de grammaire. La calligraphie est difficile. Cela concerne tout ce qui est conjonction, ponctuation. Elle est associée souvent une dyslexie, toujours dans le cadre d’une dyslexie visuo spatiale qui va pénaliser la reconnaissance visuelle et souvent dans le cadre d’une dyslexie phonologique. Le problème n est pas qu'assembler des lettres, c’est aussi comprendre un énoncé.- La dyscalculie : c est le trouble du fonctionnement permettant le calcul. Les troubles concernent les notions telles que la symbolisation, les quantités et la mémorisation des algorithmes. On peut en effet connaître ses tables mais ne pas savoir les appliquer. Cela concerne tout ce qui est lié au raisonnement déductif et logique et l’organisation visuo spatiale.- La dysphasie : c’est le trouble du langage expressif avec la difficulté de trouver les bons mots pour exprimer une idée. C est un trouble du langage réceptif c est à dire un trouble de la compréhension.- La dyspraxie : c’est le trouble des processus cognitifs permettant les mouvements du quotidien comme manger s’habiller écrire. Le TDAH est un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité : impulsivité, inattention et hyperactivité. Son association avec la dyslexie est fréquente.- La dysgraphie : c’est le trouble des habilités motrices et gestuelles comme écrire, dessiner, découper, souligner.L'enfant "dys" est en échec scolaire et manque de confiance en lui. Violences sur soi, sur les autres, grande irritabilité, repli sur soi, sentiment de stigmatisation, risque de dépression etc..
Le travail en psychothérapie a pour but d'aider l'enfant à trouver un monde et un espace où il réussit, où il trouve du plaisir. Ces suivis renforcent la confiance en soi et le sentiment de ne pas être que '"enfant dys" en exploitant une autre facette de soi. L'art thérapie et l'hypnose sont d' excellents outils pour ces enfants.- La précocité : Les enfants surdoués et à haut potentielUn enfant surdoué voit ce que les autres ne voient pas, entend ce que les autres n’entendront jamais, perçoit ce qui est pourtant imperceptible. Ses sens sont développés, sa sensibilité est immense, son émotivité exacerbée, et il ne sait pas se protéger des émotions des autres, qu’il est capable de ressentir. Trop lucide mais aussi trop fragile, son fonctionnement est différent des autres. Il a des difficultés d’identification, parle un langage différent. Son intelligence est anxiogène. Ces psychothérapies permettent de prendre confiance en l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et à les aider à construire les bases de leur personnalité.Alors oui bien sûr aussi, toute précocité n'est pas pathologique à l'école. Il existe des enfants surdoués heureux et dans un succès scolaire, toutefois ceux sont ceux qui développent des pathologies qui doivent être accompagnés efficacement dans la construction de leur identité car ce sont ces derniers qui sont en souffrance.Pour aider l’enfant précoce en situation de difficulté, il faut déjà identifier la précocité.L un des critères et le test de QI avec le point de repère 120. Mais de quoi parle-t-on avec le QI global...? Ce sont les disparités ou les homogénéités qui sont intéressantes.Le syndrome de dys-synchronie est très fréquent chez les enfants précoces. Il s agit d un décalage par exemple entre la capacité de lecture et celle de l’écriture. Le développement intellectuel n’est pas synchrone. Il est très important de ne pas prendre en compte un QI global mais surtout de connaître la disparité entre les résultats la vie synchronie c’est un déséquilibre. Il peut y avoir une dys-synchronie entre le développement psychomoteur et le développement intellectuel qui est fréquent.Ainsi l'enfant peut ne pas être précoce mais avoir un score haut dans l'un ou plusieurs des items des test. on parlera de dys-synchronie, laquelle devra être considérée comme engendrant des troubles chez l'enfant.La plupart n arrivent pas à suivre le rythme mental demandé par le système scolaire qui a pour stratégie d’évoluer de façon homogène dans les domaines d’acquisition. C'est bien souvent l'ennui profond dans des séquences trop longues. Ces enfants sont dans un raisonnement qui leur semble évident mais pas se montrent incapables d'expliquer par des mots ou des écrits. L'enfant se noie vite dans ses associations, sa pensée en arborescence, ses idées sont trop désordonnées. Il est incapable de restructurer normalement par l’écrit. On connait le problème de la page blanche, c'est le blocage.
Il s'agit d'un mode de pensée particulier avec une pensée en images mentales, sensorielles et auditives plutôt qu’avec des mots. L'imaginaire débordant où tout est image fait que l'enfant n'a pas à passer par les symboliques des mots.L'art thérapie sera en ce sens un médium très apprécié par l'enfant.La capacité de compréhension pose un réel problème car ils comprennent mais comprennent et perçoivent globalement l'information et il est coûteux pour l’enfant surdoué de restituer les connaissances pourtant acquises. Ils sont incompatibles évidemment avec une scolarité classique car apprendre est difficile. L'enfant comprend mais approfondit peu. Il est plutôt boulimique de savoir à sa façon. Les méthodes proposées par l’école ne lui correspondent pas et il élabore ses propres stratégies.Il est parfois difficile d’imaginer qu’un précoce puisse être dyslexique, qu’un enfant surdoué puisse être en échec et pourtant tout dyslexique n’est absolument pas précoce nécessairement et vice versa. Pour comprendre ces enfants il faut s’adapter et trouver un mode de fonctionnement scolaire approprié.Parmi les aides extérieures possibles :- l’orthophoniste pour réapprendre le langage- l’ergothérapeute pour réapprendre l’espace- la famille pour soutenir l’effort- le psy pour restaurer la confiance en soi et travailler le symbolique !!!La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances affirme la volonté de considérer chacun dans sa différence pour permettre à chacun de valoriser ses talents et trouver son chemin de la réussite. L'idée est de bonne intention mais du chemin reste à parcourir toutefois. L’un des problèmes majeurs, c est l’adaptation à l’école car le système scolaire ne correspond pas aux besoins réels. Il n’y a pas d’autres prises en charge que par l âge réel de l’enfant alors qu’adapter les programmes aux compétences en dehors de l'âge serait une très bonne solution, tant pour les enfants en difficulté que les enfants doués qui s'ennuient trop vite.
De nombreuses familles sont dans le désarroi et les AVS en mal de statut.Alors les parents s’emmêlent dans un méli mélo.Il y a dys-synchronie entre le social et la réalité interneIl est souvent difficile pour les parents de valoriser la précocité de leurs enfants. C est dommage car l’enfant a vraiment besoin de s’identifier pour se construire. C’est pour cela qu’il va chercher par exemple avoir des amis plus âgés.Il se cache aussi derrière une immaturité affective avec beaucoup de peurs et d’anxiété.Combien de fois entendre donc que les résultats sont catastrophiques, qu'il n’arrive pas tenir en place? Parfois aussi une curiosité sans limite avec une sensibilité extrême dans la faculté de percevoir engendrant des angoisses souvent nocturnes, des énurésies possibles, un sentiment d’injustice très souvent avec un esprit de synthèse qui les rend extrêmement critiques.La construction identitaire est complexe car il lui est difficile de s’intégrer à des autres enfants mais également dans la sphère familiale où l’enfant voit trop vite les limites de ses parents lesquels ne sont donc pas en mesure de représenter un cadre servant de modèle assez sécure à ses yeux. Ce cadre sécuritaire, l’enfant va donc se le faire tout seul, ce qui pourra bien sûr générer des angoisses.Ce sera l'effet Pygmalion négatif : l’enfant va même répondre à une demande qu’ils sous-estime pour se fondre et tenter de se sentir comme les autres.L'enfant précoce, l'adulte précoce, c'est l’histoire du vilain petit canard rejeté par ses camarades. Il s’adapte pour être conforme à ce qu’on attend de lui stratégiquement. Il revêt souvent le costume de l'imposteur. Cette difficulté d’intégration met bien sûr à mal le processus identitaire.On retrouve aussi certains enfants surdoués dans des comportements qui relève d’un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité. Par exemple la logorrhée (parler tout le temps) ou une difficulté aussi à rester assis, une rêverie, des difficultés d’accepter suivre des règles ainsi qu’une difficulté de concentration. L' ennui est fréquent .Les enfants dys nous font ouvrir les yeux sur une problématique plus large mais tellement liée.
Qu’est-ce qui éduquer ? Eduquer c’est élever.Dans le sens de hauteur.Rendre libre.. C'est mener les enfants à penser par eux-mêmes. C'est être autonome dans les apprentissages et dans la vie. Mais comment palier aux difficultés? Pourquoi les outils n'aident-ils pas à reconnaître l’altérité plutôt que la normalisation?Cibler le conformisme est un affront narcissique.Alors oui les pratiques rééducatives visant à diminuer les difficultés sont un succès dans le nombre de cas mais ils ne résolvent en rien les désordres d’ordres psycho affectif qu’il serait grandement temps de penser à décrypter plutôt qu'une politique visant à réduire l'échec.Ré-éduquer c’est transformer en autre chose que le soi d'origine.A ce jour la seule solution trouvée par ces enfants c’est la possibilité de compenser c’est-à-dire que les enfants deviennent à la longue capables de faire un usage de leurs compétences réelles et de les adapter à un système qui n'est pas le leur.A quel prix ...!Colmater le symptôme ne sert à rien!Le symptôme est remplacé par "troubles" avec trop souvent la Ritaline comme solution extérieure qui escamote le symptôme interne.
La question se pose ici donc. Faut-il être normal finalement ? Etre normal c’est se conformer, se réduire, être fade. Les défauts de l'enfant hyperactif mis sous Ritaline qui ne reste pas en place à l'école peuvent pourtant devenir un sérieux atout dans le monde du travail plus tard, avec une énergie à revendre qui sera alors valorisée.Etre normal devrait plutôt relever de s’accepter dans sa façon d’être avec ses possibilités, ses qualités, ses défauts.D'où l'importance de réaliser un travail sur soi afin de connaître ses blocages, ses mécanismes de défense et accepter d'être soi. Pour sortir de l'échec scolaire, la prise en compte d’un fonctionnement intellectuel et affectif spécifique doit absolument intégrer le mode de pensée spécifique dans une restauration narcissique.Il faut réellement entendre les dys comme un symptôme c’est-à-dire prendre en compte l’expression d’un ratage symbolique et traiter la cause en complément des aide en orthophonie, ergothérapie etc qui contribuent à aider l'enfant dans son repérage.L'enfant est touché dans sa capacité à symboliser et à représenter.Il y a un défaut d’élaboration avec une rupture de la chaîne inconsciente signifiante, avec un accès barrée. On voit par exemple cette faille entre la lecture et l’écriture avec les fautes d’orthographe ou les mots liés sans coupure entre eux.C'est la dys-harmonie crée par le manque du tiers.Question centrale : Qu'est ce qu'apprendre?Ce verbe a deux sens. Centripète et centrifuge.Recevoir et être acteur.L'acte d'apprendre, c'est la pédagogie, avec le concept d'efficacité de l'apprentissage.Apprendre, je dirais que c'est un acte de liberté.
Comment apprendre à apprendre en psychothérapie?Parmi les outils thérapeutiques certains sont bien adaptés à l'enfant et l'adolescent.L'art thérapie qui permet de travailler le lâcher prise et la créativité. L'hypnose aide à développer la confiance en soi, le renforcement de soi, la détermination, la motivation et dépasser l'échec et les erreurs.Ces psychothérapies contribuent d'une part à restaurer l'image de soi de ces enfants, d'autre part de favoriser un comportement adaptatif favorisé dans lequel l'enfant trouve une compensation narcissique dans une activité qu'il peut investir sans se sentir en danger (art thérapie).Pourquoi travailler les apprentissages en psychothérapie?Pour favoriser l'estime de soi. Prendre conscience de sa valeur, se sentir capable. Capable de s'adapter. de REUSSIR;Pour se trouver des compétences.Apprendre devrait être plus un plaisir qu'un but.Il va s'agit d'évacuer les émotions négatives et rétablir les pensées positives (exemple, savoir utiliser autrement un crayon en art thérapie), et les étiquettes.Apprendre pour encourager la curiosité.Explorer. Découvrir. Rétablir le droit à l'erreur.
 
 

-------------------------------------------------

Quand les mots détruisent

Le premier ado que je reçois vient pour une phobie du vomis. L autre parce qu il tape et insulte les autres élèves du lycée. L un est une fille, l autre un garçon. L’un s écroule, l autre attaque. Il y a aussi un troisième, plus jeune, en école primaire. Son corps est complément recroquevillé sur le fauteuil lors de la première séance et parle à voix basse et regardant sa mère à chaque fois que je lui pose une question. Le premier ne veut plus aller à l école, le second se languis de finir ses études et la troisième veut se suicider. Les trois sont harcelés, l un depuis des années. La mère m explique que « Fils de pute » c est comme ça qu ils parlent, « Oh, FDP c est classique » m à dit la surveillante ». « T es moche », c est ce qu entendait régulièrement la seconde. « Tu es celle qui fais des pipes toi », pour la première, trahie par son premier petit copain qui tenait un scoop pour les réseaux sociaux.
Les trois peuvent être nos enfants.
Les mots détruisent, on ne le dira jamais assez... trop sont brisés, trop d autres sont mal compris ou pas vraiment entendus , et beaucoup trop en meurent... C.Vera

-------------------------------------------------

Jardin secret

Cela peut déranger et parfois dégénérer puisque créer une rumeur fausse et déformée de paroles en paroles. Les messages sont de toutes façons déformés lorsqu’ils passent de personne en personne, chacun modifiant une partie de l information. Cela peut déranger puisque c est très intrusif; on parle de votre intimité, on déborde des limites et cela peut entraîner une brève ou un effondrement du Moi en réveillant d autres intrusions. C est un viol et un vol. Cela peut aussi être mis en lien avec l effet miroir et le mécanisme de la projection ; qu est-ce qui en vous touche ( en bien ou en mal) l autre. Un petit tuyau ? Deja tout simplement ne pas tout dire trop vite au premier venu pour être sûr que votre vie vous appartiendra toujours. Je pense à ces ados qui se laissent filmer dans leurs expériences et rapports sexuels et qui se retrouvent sur les réseaux sociaux trahis par celui ou celle qui aura « le » scoop de l année. Et qui se suicideront.

Le dessin et les couleurs

Mais c est très très important de savoir comment on va colorier son dessin! On peut y passer longtemps même. Regarder, reculer, tester. C est un processus créatif que voilà, des mots posés par des couleurs. L enfant, le petit enfant ne sait pas écrire avec des lettres. De la même façon que l adulte va écrire puis faire des brouillons, froisser la feuille, jeter à la poubelle, rêver du texte peut être. Quelque chose se passe. De la même façon peut on passer des heures à se questionner de la couleur dont nous allons repeindre le salon. Les couleurs sont des mots. Il n y a que la couleur choisie avec le cœur qui sera juste, les autres influencées par des accords, des règles, les autres. La couleur d aujourd’hui ne sera pas celle de demain ni d hier.

-------------------------------------------------

Adaptation et créativité

Quand on demande à un enfant de maternelle ce qu il veut faire comme métier, ce sera maîtresse ou policier très souvent. L idée de soi plus tard naît des représentations que l on se fait, venant des adultes proches et des super héros qui entourent l enfant, des imagos qui viennent construire un petit Moi comme un arlequin coloré de petits bouts venants de ci et de là. L’image claire de la maîtresse et du policier de la petite enfance va se brouiller un temps, avec un Moi qui prendra plus tard, bien plus tard, ses marques dans l individualité et l individualisation. Un temps de doutes ou tout se mélange et tout se construit. Il faudra encore d autres expériences et d autres imagos pour se renforcer et s affiner, sans fin. Alors surtout no stress, l ado, le jeune adulte a le temps de prendre son temps. Redoubler parfois pour mieux repartir ailleurs, qu importe. Ce n est pas une erreur, c est une expérience. Trop se retrouvent dans ces voies non choisies et y galèrent. L essentiel est de faire ce qui plait et pas ce qu il faudrait pour plaire ou ne pas déplaire aux parents. Des interrogations à n en plus finir dans des choix à faire pour choisir une orientations, des doutes, des angoisses, le cap des années d orientation et le post bac sont des années de choix et de séparation, avec des écoles souvent à distance du domicile des parents. Dans ces labyrinthes de questions sur un avenir qui peut faire peur parce qu on grandit, même si on le souhaite depuis longtemps dans des revendications de liberté, les parents restent essentiels, les professeurs les confidents au centre des tsunami existentiels et le temps nécessaire pour avancer. Alors juste écouter, rassurer, c est déjà énorme, pour ne pas laisser nos jeunes désespérer mais plutôt y croire. Ils peuvent mieux s envoler vers le monde qu ils construiront, avec nos bases et leurs différences.

------------------------------------

Le regard en miroir

 

Les yeux des parents sont un premier miroir par lequel l enfant se construit. C est quoi, soi? La représentation de soi, l idée que l on se fait de soi, le petit moi se construit. Dites à l enfant qu il est nul, il se sentira nul. Dites à l enfant qu il va y arriver, il va se sentir capable. Winnicott demande : « Que voit le bébé quand il ou elle regarde le visage de la mère ? » Ce que le bébé voit, c’est lui-même ou elle-même. « En d’autres termes, la mère regarde le bébé et what she looks like is related to what she sees there, ce dont elle a l’air est en relation avec ce qu’elle voit là. »

 

-----------------------------

Le divorce et l'enfant

Pourquoi alors « violence conjugale »?

On ne peut pas parler de violence conjugale au sens littéral puisqu elle est vécue par tous dans la maison. C est une violence « familiale ». Disons les mots justes, c est systématiquement une violence sur l ensemble de la famille. C est là où c est compliqué.... déjà faire émerger l idée qu il ne s agit pas d un conflit entre époux mais d une réelle violence sur tout les membres de la famille est important.

Le parent qui dysfonctionne est une violence pour l enfant. Le dysfonctionnement est large et c est aussi parfois malgré le parent en proie à ses propres démons. Rappelons que les addictions sont aussi des violences sur l ensemble de la famille. L alcoolisme est une violence vécue et subie par chacun dans la maison. La dépression d un parent est aussi une violence pour les enfants. Que penser d un enfant qui vit dans la peur que son parent se suicide? La jalousie est une violence vécue par tous. Une simple dispute des parents est aussi déjà une agression vécue par l enfant. La place du non-dit est puissante. C est la loi du silence par loyauté, par honte, par parentage. Quand l enfant va parler c est qu il est à bout. Quand il parlera, l entendra t on??? J entends souvent ces ados me dirent qu ils se languissent de partir car ils se supportent plus les disputes des parents. C est avoir raté quelque chose quand même d en arriver là. Pourtant il n y a pas de coups mais des mots quotidiens de dévalorisation, des cris, des jugements. L enfant est bloqué car il ne peut pas partir.

Il ne peut pas divorcer de ses parents. Ces violences là sont moins spectaculaires que l article mais elles sont plus nombreuses et les cicatrices éternelles.

 

---------------------------------

Les bons mots

Très souvent un parent ne sait pas trop où aller. Quel chemin prendre? Quel est le mieux pour mon enfant? Des doutes, des peurs, des responsabilités. Comment trouver les mots ? me disait une maman, quand ma fille de 10 ans est en larmes dans la salle de bain et me dit qu elle veut se suicider? Cette maman venait pour sa fille et je voyais les larmes monter dans ses yeux en me décrivant le retour de l école et le nouveau énième harcèlement verbal qu elle venait de subir dans la cour. Vous pensiez ne pas pouvoir l aider car ses mots étaient très durs à entendre pour vous, c est cela? Vous avez pu penser que vous n étiez pas une bonne maman par manque de mots? La maman me dit oui et pleura. Alors j ai demandé à la petite fille si elle pensait que sa maman avait bien réagit à ce moment là. Oui me dit elle bien sûr, elle était là pour moi et j étais rassurée. Ou vont les larmes des enfants qui n ont pas de parent derrière la porte de la salle de bain pour essuyer ses larmes? Un parent doute souvent de faire bien, parfois c est juste être là et tenir la main. J ai croisé cette sculpture en ballade au Grau du Roi et je souhaite la partager avec vous. Les regards sont puissants. La mère doute mais l enfant est rassuré. Peut importe la route, les creux, les bosses, elles se tiennent la main. Ne doutez pas, l amour suffit parfois simplement plus que de grands tralalas.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

DECEMBRE 2019

"THERAPIES"

Impasse et carapace

« Qu en pensez vous? ». Cette fois-ci je ne pense pas à une carapace, c est bien vous. . Je sens bien que non, vous ne me donnerez rien si ce n est ce rien de vous. Vous n êtes pas là pour donner. Ni pour recevoir mes mots finalement, enfin vos questionnements. C est autre chose, vous me bloquez, je suis bloquée, mon corps le sent et vos mots le disent. « Je n en pense rien ». Alors je joue le jeu, je reste bloquée. Je décide de rester bloquée. Vous ne voulez pas penser et dire mais pourtant vous êtes ici dans ce fauteuil dans mon cabinet. Quelque chose coince, c est une injonction paradoxale. Encore! Quand on la connaît on la voit mieux. Cravate bleue, cravate rouge? Les deux puisque pas le choix. Pourquoi être venu voir une psychanalyste? Je reste ainsi à la seule place possible pour ne pas initier quoi que ce soit de mon propre contre transfert par une demande qui ne serait pas de vous. Non vous n êtes pas là pour vous questionner, non, vous venez car vous êtes frustré par une situation qui vous irrite et pressé de ne plus l être mais sans rien donner ni prendre. Nos regards se croisent longtemps sans que la rencontre puisse être puisque c est bloqué. « Qu en pensez vous? ». « Je n en pense rien ». Alors je respecterai ce rien et je ne penserai pas pour vous. On joue un peu au tennis, on se renvoie la balle. Dans l impasse que vous posez, la seule solution est surtout d y rester et vous la renvoyer en miroir. Je n ai que le miroir comme outil, je n ai pas de cravate sous la main. C est votre impasse, pas la mienne et c est à vous d en sortir. Quel rien? Quel est ce rien que vous donnez? Un rien qui veut tout en retour sans le vouloir non plus. Je décide de ne rien donner ou si, plutôt en ne vous donnant rien que ce que vous donnez, pour vous renvoyer à vous.

C.Vera

-------------------------------------------------

Shopping addict

La liste des compulsions / addictions / régressions / actes manqués est curieuse... Le shopping ! ? Mais je n ai juste plus rien à me mettre! Il est aussi des situations étranges que de se retrouver à la caisse le chariot plein, remplis de choses qui n étaient pas sur la liste. Boulimie et remplissage des placards et du caddie comme on remplit son estomac, on grignote le long des allées du supermarché et des magasins en mode perfusion, on se sent bien, ça fait du bien, on se comble et on se rassure ( je pourrai en avoir besoin !), une sorte de frénésie, de hors contrôle et de déni emportent la carte bleue loin de toute réalité. C.Vera

-------------------------------------------------

Le symptôme en psychanalyse

 

On m appelle parfois pour prendre rdv directement pour une séance emdr comme on va demander une baguette de pain ( je dois faire un lien avec une baguette magique !). « Je voudrais faire une séance emdr »... On dit aussi « je voudrais faire une séance d hypnose ». La question reste qui suit est toujours la même, « une séance va t elle suffire? » . Ma réponse aussi, est toujours là même : je ne sais pas si nous ferons de l emdr, nous verrons cela lors de la première séance ». Un psy reste dans la décision des méthodes qu il va employer, cela me semble la base. Et sur qui il va les employer....

.Travailler sur le symptôme n est pas l idéal. Quelle est en fait la demande ? En cas de trauma actuel (viol, accident, etc c est à dire qui vient du présent), on est dans un trauma actuel, il est identifié on ressort d une avalanche, on a été encastré dans sa voiture, on vient de perdre son enfant suite à une fausse couche tardive, et évidement on travaille le présent déjà suffisamment lourd. Pour ses psychonévroses comme la phobie ou des addictions, l angoisse aussi pour évoquer que cette émotion, l analyse associée est indispensable. Ça dépanne de travailler sur le grignotage compulsif oui mais ça déplacera le problème ailleurs. L emdr permet cependant de mieux comprendre ce qui se passe durant la séance aussi donc le travail d analyse existe via l emdr aussi. Indirectement. Je prends l angoisse par exemple cas fréquent. La séance aura l avantage de mettre en mots les émotions et si en emdr on n analyse pas rien n empêche ensuite d exploiter les mots pour creuser. Les mots dits permettent de donner du sens et le travail des yeux et donc de la mémoire via le cerveau de travailler les émotions. J aime beaucoup l emdr mais je ne vais pas l utiliser systématiquement. C est un outil. Très en lien à l hypnose d ailleurs.

 

-------------------------------------------------

Se remplir d'amour

 

Phénomène étrange communément vécu lorsque le couple se crée, aimer et être aimé fait donc grossir, oui!....

On pense qu arrêter de fumer fera grossir mais on n y pense pas quand on se met en couple. On y pense mais après. Se lâcherait on donc quand on est à deux ? De prime abord oui à voir les balances. Le moment de la rencontre est plutôt lié à des pertes de poids puisqu on se nourrit de ces premiers instants qui remplissent à eux seuls. On est comblé(e). Chimiquement comblé, l état passionnel à effet d une drogue. Parlons des poignées d amour. Après le plein des premiers temps, la peur du vide? Peur de perdre alors on prend ailleurs, on stocke en vue d une famine? Les angoisses peuvent surgissent, inconscientes. L amour fait remonter à bien des choses. L affolement des neurones face à la possibilité de perdre l âme sœur et un réflexe archaïque de se rassurer par la nourriture? Car on dit bien « poignée » vous connaissez l expression. Les poignées c est ce qui permettent de tenir, retenir. Je te tiens! Tu me tiens! On se tient! L amour ne comblant jamais tout, un rappel de ce vide qui cherche à être comblé ? Que se passe t il côté cuisine? On prend le temps des repas à deux, on se met aux fourneaux, on partage des moments. On nourrit l autre et on se nourrit soi même par tout cela. L amour remue le cœur et l estomac, liés on le sait.

 

----------------------------------

Ressasser n est pas avancer

 

Ressasser est energivore et entrave l action voire le corps certes mais peut oublier ? Qu est ce qu oublier? Qu est ce que tourner la page? L oubli, c est côté déni ou côté deuil/acceptation? Pour se libérer du passé ne faut il pas au contraire se souvenir et se construire avec? On n oublie jamais, on stocke ailleurs. Parfois ça remonte en surface de façon cryptée, on se surprend à rêver, à symptomiser (oui je sais ce mot n existe pas) et autres effets du refoulé de l insconscient qui tel un grenier ou un disque dur garde trace . L oubli c est comme les émotions, on ne peut pas le maîtriser vraiment. Parfois il y a même des fantômes qui hantent dans les familles de choses indicibles et impensables et même non nommées elles sont pourtant encore là.

 

---------------------------------

Le tiers sur le divan

On est très rarement deux dans le cabinet du psy....Les parents, les amis, les conjoints, les enfants, le patron, le chien, la voisine, les anciens profs, les anciens amis, les anciens amants, les anciennes maîtresses, les enfants qu on rêvent d avoir, les vivants, les défunts... sont aussi là et pourtant il n y a qu’un divan, le vôtre.

---------------------------

La bonne mère


Le psy a souvent, parmi les divers costumes qu on lui attribue par le transfert de représentations inconscientes, le rôle de la bonne mère qui rassure, console, qui contient l angoisse, qui redonne l énergie et la confiance en soi. C est une relation particulière au cœur de l intime sera toujours garante des limites. Le cadre déontologique est clair : pas de contact physique avec le patient. La règle du non toucher appartient à ce qu on appelle le cadre. Le psy pose les limites avec le cadre : planification de la prochaine séance, règlement de la séance, durée de la séance, paiement du en cas d annulation de la séance, possibilité de joindre son psy par téléphone en dehors des rdv au cabinet etc. Le cadre est réciproque. Le cadre peut s assouplir ou se resserrer dans un but thérapeutique mais la règle du non toucher est pour moi la seule qui ne doit pas être élastique pour trois grandes raisons : d abord par le fait qu apprendre justement à mettre des limites envers soi même et les autres est le cheminement fait par le patient en psychothérapie, ensuite pour justement marquer l interdit de l incestuel ( puisque le psy est la bonne mère, c est rassurer par cette juste distance) et enfin une façon aussi pour le psy de se protéger en conservant son espace et sa zone de neutralité. Prendre quelqu un dans les bras, c est ressentir, ce n est plus écouter. C est la limite des corps qui rapproche les esprits. Et vous, pensez vous dans le quotidien à mettre votre cadre...?

Sans cadre, c est la grande pagaille.

 

---------------------------------

 
On ne devrait pas empêcher les larmes de couler. J entends de nombreuses personnes qui s excusent de sentir les larmes arriver, au fil des mots. Il ne faut pas s excuser... Ce sont les mots du cœur, chaque larme qui s échappe est une lettre qui compose tout le poème des émotions. Par les mots seuls on ne peut pas tout dire et les yeux, le regard complètent ce qui n arrive pas à sortir. Un exutoire essentiel pour décharger le corps. Tristesse, colère, peur, honte, chagrin. Joie aussi. Les émotions font partie de nous.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

NOVEMBRE 2019

"E-MOTS-ION"

Pétage de plomb

Prendre du recul ou péter les plombs?

C est un motif de consultation en psychanalyse. « J ai des crises de colère que je ne contrôle pas ». En général, ça inquiète, on a parfois honte. Les émotions sont abordées sur le divan ou en face à face, il va s agit de mettre des mots sur l origine de ces pulsions violentes. Colère à bannir? Pas toujours car que se passerait il si on gardait notre colère en nous?

On pourrait la retourner contre soi ( suicide, scarification, masochisme etc). J ai reçu une patiente qui voulait que je suive son enfant de 2 ans qui fait des colères. Il n a sûrement rien d autre pour s exprimer et au moins sa mère l entend... Le corps est extraordinaire, il exprime des émotions quand on ne veut pas entendre les choses, c est comme une soupape de sécurité. Mettre des mots sur les émotions c est se comprendre. Passer au tricot trop vite c est courir le risque de finir par un ulcère ou autre. Le mal a dit....On ne peut pas empêcher des émotions d et tant mieux ! mais on peut par contre les contrôler et c est la seconde étape. La pulsion cherche à se décharger et c est sur la raison de la décharge qu il faut creuser, en ce sens comme on la verbalise, elle se « lie » au langage et le corps se calme. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs, ce serait si dommage. 

C.Vera

Nos sens et sensations

« Je n en crois pas mes yeux »!

« Tu me casses les oreilles »!

« Je suis à fleur de peau ». « Je l ai dans la peau ».

« J en perds ma voix ».

« Ça me donne la chair de poule ».

« Sur ce coup j ai eu du nez ».

Nos sens, ils expriment nos émotions et notre ressenti. Ce sont nos éprouvés. Il y a quelques belles citations à ce sujet. « Voir c est croire mais sentir c est être sur »(Sade). « Pour tout peindre il faut tout sentir » (Lamartine). « L odorat est le sens de l imagination » (Rousseau). « L amour est aveugle ». Pourriez vous imaginer un monde où les sens seraient éteints? Pensez aux enfants qui ont peur dans le noir... Nous avons tous des yeux alors pourquoi ne voyons nous pas les mêmes choses? C est pareil avec ce que nous entendons, il suffit de multiplier les émetteurs et le message d origine est déformé. Notre rapport au monde est dès la naissance lié à nos sens. Le bébé développe ses perceptions du monde extérieur alors qu il est encore dans le ventre de la mère. Il perçoit les sons, la lumière. Il perçoit l anxiété et le stress. Plus tard, le toucher sera le premier sens qui lui permettra de partir à l aventure et il mettra tout à la bouche. Il s apaisera dans des bras contenants et au son de la musique. Il fera la grimace en mangeant ou se lèchera les babines. Plus tard encore il apprendra peut être mieux avec sa mémoire visuelle les fiches de lecture ou préféra écouter le cours en classe pour le retenir plus efficacement. On peut débrancher certains canaux sensitifs, par exemple se concentrer sur le contact des rayons de soleil qui touchent nos peaux lorsque nous sommes allongés sur la plage et ne plus entendre la mer pourtant largement présente ou au contraire se rebrancher sur l auditif en réunion par exemple et en oublier le parfum de la collègue qui dérange. Se débrancher d un sens c est en amplifier d autres. Sûrement une défense. C est la très curieuse expérience que propose le vallon du Villaret à Bagnols les Bains (cf photo). On tri, on débranche, on sélectionne un autre canal sensitif sans s en apercevoir, naturellement. A l inverse imagineriez vous un monde sans odeur? Ouvrir le four et ne pas sentir le bon plat qui est en train de cuire? N y sentir aucun goût lorsque vous le manger? Faire l amour sans ressentir le contact de la peau de votre partenaire? Aller dans une fête foraine au milieu de la foule et ne rien entendre? Ne pas voir? Ne pas voir, pourtant cela nous arrive bien souvent dans la vie. On ferme très souvent les yeux. Parce qu on réfléchit aussi et on s éloigne de nos éprouvés. On préfèrera arranger l angle de vue à sa sauce. Dire après lorsque on sort du déni , comment ai je fait pour ne pas voir? On savait pourtant. On sait toujours à l avance parce qu il y a toujours les autres sens de branchés. On sait dès le premier instant mais c est très bref, subtil, si éphémère qu’on s en aperçoit à peine. C est comme les actes manqués, on passe devant sans les voir. On préfère s arranger ou alors on est occupé, sûrement défensif aussi, on n est juste pas à l écoute de soi. Les sens, ne peut pas les débrancher tous ensemble, sauf dans la mort. Les éprouvés, je les perçois durant les séances avec les patients, sûrement parce que je me débranche de moi même, de mon vécu et de mon jugement personnel mais jamais de mon corps. J écoute toujours mon corps et le corps de mes patients, et pas uniquement le son de de leur voix. Les voix mentent toujours car elles ne disent pas tout et le disent en étant raisonnable. Écoutez votre corps vous parler, et vous verrez, même dans le noir. Sentons. Ressentons. Sentons l angoisse vécue dans le corps et mettons des mots dessus au lieu d en avoir si peur.

Comprenons le monde, qui nous sommes et notre désir en nous branchant sur nos ressentis. C.VERA

 

------------------------------

 
C est souvent devant des films que les émotions liées à tout autre chose se déplacent. Ces chaudes larmes ou dingues fous rires, riches émotions en tous cas sont des exemples qui expriment très bien par exemple un mécanisme de défense qui s appelle le déplacement. En psychanalyse, les mécanismes de défense permettent d évacuer des conflits psychique (je veux mais je peux pas) et ils sont nécessaires. Ce sont des réels garde fous, qui permettent à la structure psychique de ne pas s effondrer. La pulsion toujours cherche à se décharger. C est « ça » qui se passe lorsqu on regarde un film et qu on se met à pleurer à chaudes larmes sans pouvoir s arrêter ( tiens là c est surement le surmoi qui dit qu il faut s arrêter quand même je suis ridicule!). L affect non déchargé et gardé dans le corps se libère avec la pulsion scopique visuelle qui fait remonter l affect du refoulé parce qu il y a un tout petit quelque chose dans cette scène qui « parle » à l inconscient qui relie la scène à l émotion. On dit qu elle se relie. Même des années après. Ainsi si vous pleurez sachez que c est bénéfique car les émotions se permettent de se libérer et cela est intéressant pour les personnes qui ont plutôt tendance à tout garder pour elles. Ensuite pour aller plus loin bien sûr se demander pourquoi on pleure, à quoi nous fait penser ce que l on voit nous permettra de comprendre ce qui se passe en nous. Les enfants regardent les dessins animés et ressentent tout ce mécanisme aussi bien sûr et cela les touchent sans qu ils puissent bien dire pourquoi. On peut se servir des livres et des films pour parler avec eux. Tu es triste pourquoi dans ces images...? On réalise aussi qu on est quand même bien tous les mêmes ( et tant mieux) : qui n a pas pleuré devant le Titanic!!!???
 

---------------------------------

Le suicide émotionnel

« Je suis heureux! ». Voilà, tout est dit en trois mots. HEUREUX ! Le langage verbal allait de paire avec le corps, qui se permettait de se tenir moins tendu aussi. Le corps et l esprit pouvaient enfin se permettre d être, de ressentir. Imaginez que vous voyez d un seul coup le monde en couleur, que vous passez du noir et blanc à l arc en ciel, que vous entendez enfin les sons. Nous avions travaillé un comportement adaptatif dérivé d une éducation et d un idéal transmis par les parents coincés dans leur couple et leurs peurs. Ne pas se permettre d aimer par peur de tenter un schéma inconnu, s aimer sans se toucher, ni par la peau, ni par les émotions, telle est la devise familiale, on s aime dans la sécheresse. C est triste de ne pas rêver à 20 ans et d être déjà enfermé dans des peurs transmises. C était la limite avant l alexithymie, le suicide émotionnel puisqu on ne peut pas parler, rire, sentir, pleurer, aimer, choisir, on se ferme comme une huître, c est juste ce qui est permis... On vit ensemble du politiquement correct mais on ne se quitte pas et surtout on ne dit rien qui déborderait émotionnellement. Et puis là, ça explose. Feu d artifice. Il était une fois le possible à venir. Sea, sex, love ans dreams.

 

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

OCTOBRE 2019

PENSEES ET PANSER

Tic Tac

 
Ne me dis pas que tu n as pas le temps .
Le temps, c est précieux. Tic tac, tic tac...
Très précieux. Tic tac...
Le temps, on ne peut le saisir qu’en mode ralenti, quand on a baissé les armes. Quel dommage de l apprécier à posteriori, une fois perdu. Tic tac, tic tac...
Si on lui court après, c est raté. C est trop tard. Si on l anticipe et qu on veut le mettre en cage, il n arrivera peut être jamais.
Le temps, il est à saisir, tic tac, surtout pas à regretter.
Et si tu n as pas de temps à me donner alors ne me fait pas perdre le mien.
C.Vera
 

-----------------------------------------

Sur les rêves

 

Les nuits plus rien n est interdit, tout devient possible pour l oreille attentive. La nuit, les fantasmes se permettent et osent devenir des histoires où les personnages racontent nos désirs. Enveloppant son amie l étoile filante qui invite au souhait, la nuit se déguise dans un manteau mystérieux pour oser faire l école buissonnière. Comme des polissons les rêves vont se frayer un chemin. Chut... La censure endormie baisse sa vigilance, le réveil fera le ménage pour ne pas laisser de traces de la sortie interdite. Laissons nous guider par nos rêves l espace de la nuit, quel dommage de rester trop sage dans son lit .

C.Vera

-------------------------------------

Rencontrer

 

Question de la « rencontre » et du lien social pertinente dans cet article que l on pourrait prolonger par du débat sur une ère des écrans posant la rencontre avec l Autre virtuel qui interroge sur le lien social aujourd’hui. L Autre c est rappelons le ce qui est extérieur à soi. Vaste question des limites quand l Autre est démantelé et éclaté, dispersé comme dans le cas des institutions avec cet article. Serions nous nous devenus tous autistes, conséquence régressive de repli par manque d habitude pouvant prendre (entre autres causes) l hypothèse pour tous ces troubles de l attachement dans un monde ou l Autre n existe pas que l étranger du 8 eme mois quand il est en face à face fait peur de nouveau? L étranger finalement on le voit de moins en moins. On demanderait même des séances de psy par téléphone ou Skype. On suivrait par plus de facilité des cours avec un Maître à distance. Même le sexe est à distance. Plus facile d éviter la castration dans un monde ou de toute façon, nous n avons plus de temps puisque nous lui courrons après. A distance on gagne du temps, enfin, on évite la perte. On évite même la rencontre. Comment se construire en miroir si ce n est en selfies dans un monde ou l Autre n existe pas que de matérialisé, que le mode de relation est virtuel et démantelé? L Autre est dans mon téléphone. Drame si je le perds, comme si je perdais mes parents et mes amis, ma vie, à la limite d une décompensation/ de-composition Sur quelle image se construit on? Comment se re-composer?

 

--------------------------------

SEPTEMBRE 2019

"AMOR AMOR"

 

Ne cherche pas à comprendre l'amour, vis-le

 
– Je t’aime, dit le Petit Prince
– Moi aussi je te veux, dit la rose
– Ce n’est pas pareil…, répondit le Petit Prince… vouloir, c’est prendre possession de quelque chose, de quelqu’un. C’est chercher chez les autres ce qui peut remplir nos besoins personnels d’affection, de compagnie… Vouloir, c’est chercher à faire nôtre ce qui ne nous appartient pas, c’est s’approprier ou désirer quelque chose pour nous combler, parce qu’à un moment donné, quelque chose nous manque.Aimer, c’est désirer le meilleur pour l’autre, même s’il a des aspirations différentes des nôtres.Aimer, c’est permettre à l’autre d’être heureux, même si son chemin est différent du mien. C’est un sentiment désintéressé qui naît d’un don de soi, c’est se donner entièrement à partir de notre coeur.Quand on aime, on donne sans rien demander en échange, pour le simple et pur plaisir de donner. Mais il est aussi certain que ce don, ce don de soi, complètement désintéressé, ne se fait que quand on connaît. Nous ne pouvons aimer que ce que nous connaissons, parce qu’aimer veut dire se jeter dans le vide, faire confiance à la vie et à l’âme. L’âme ne s’achète, ni se vend. Et connaître, c’est justement tout savoir de toi, de tes joies, de ta paix, mais aussi de tes contrariétés, de tes luttes, de tes erreurs. Parce que l’amour transcende les disputes, la lutte et les erreurs, l’amour, ce n’est pas uniquement pour les moments de joie.Aimer, c’est la confiance absolue que, quoi qu’il se passe, tu seras toujours là. Non parce que tu me dois quelque chose, non par possession égoïste, mais juste être là, en compagnie silencieuse.Aimer, c’est savoir que le temps n’y changera rien, ni les tempêtes, ni mes hivers.Aimer, c’est donner à l’autre une place dans mon coeur pour qu’il y reste comme un père, une mère, un fils, un ami, et savoir que dans son coeur à lui, il y a une place pour moi.Donner de l’amour ne vide pas l’amour, au contraire, il l’augmente. La manière de donner autant d’amour, c’est d’ouvrir son coeur et de se laisser aimer
– J’ai compris, dit la rose
– Ne cherche pas à comprendre l’amour, vis-le, dit le Petit Prince.
 

---------------------------

Le dire, c'est bien aussi

Alors oui tout le monde se l accorde et on en rigolerait presque , pas besoin de la st Valentin pour s aimer. La st Valentin ? « C est commercial ! ». Alors pourquoi les restaurants affichent ils complets ce jour là? « L amour nous, c est tous les jours » et pourtant, pourtant! Pourtant parfums et bouquets de fleurs trahissent, ce ne serait pas trop raisonnable de l oublier . Au cas où, allez je prends un petit bouquet, on se fait un petit restau. Ne rien dire serait le pire. Oublier! Il y a un « il faut » dans la st Valentin. Il faut au moins dire qu'on n a pas besoin d attendre ce jour là. C est ce qu'on dit tous. Pourtant tant d insistance à le dire alors...? Pourtant tant de dénégation qui mêlée à l ironie renforce le défensif? Ce jour là le 14 février l amour rentre dans le cadre, perd sa belle légèreté, l imprévu du coup de foudre est loin puisqu'on s attend à quelque chose. La déclaration d amour devient prévisible et là non déclaration passerait presque pour une déclaration de guerre. Un rituel. Tellement prévisible. Sous pression aussi. Casse tête et dilemme dans un moule, on pense à s aimer au moins le temps d une soirée. On se forcerait presque. Il y a un paradoxe, un ordre et un désordre à la fois. C est l histoire de la cravate bleue et de l cravate rouge. Inviter oui mais si c était pour faire bonne figure que je reçois ou que je lance cette invitation? Le cadeau ne fait pas la preuve! On offre mais ça ne signifie pas et ne pas offrir ou montrer son amour ce jour là poserait l indifférence. Ne pas inviter ou offrir? Enfin, enfin! C est commercial ? On s arrange là. Ça peut prêter à confusion... Alors oui les restaurants sont pleins. Plein de quoi en somme? D amour ou de faux semblants? Comment savoir? Le bouquet offert est il offert par amour ou par du politiquement correct pour éviter les conflits futurs ou des culpabilités cachées dans le placard? Et puis le rituel du bouquet, n est ce pas ne pas trop se casser la tête? Il y a dans la st Valentin une injonction paradoxale qui relève d un impossible. Une impasse. Alors quitte à être coincé(e), si ce jour là le discours commun voire ironique est de dire avec autant d insistance qu on a surtout pas besoin d attendre la st Valentin pour s aimer alors bingo c est juste ce message que la st Valentin nous rappelle. C est déjà juste bien de le dire... Pourtant chaque jour on oublie qu'on s aime entre le métro, le boulot et le dodo, ça va vite...

 

------------------------------

Coup de foudre

« Dès la première minute où je l ai vu, le sol semblait s effondrer sous mes pieds, comme transporté dans un ailleurs où mon corps tout entier me lâchait, où le temps se figeait, avec cette impression d’être à la fois aimantée et liquéfiée, entre la panique et l euphorie, j ai compris à ce moment là que quelque chose se passait et pouvait changer la vie. C est d ailleurs ce que j ai fait par la suite, en faisant un demi tour que je n ai jamais regretté ». Le sentiment amoureux est à la fois chimique et psychique, entre les phéromones et le cœur quelle pagaille!

AOUT 2019

"ADDICT"

​Les addictions sont un thème qui est souvent abordé dans nos cabinets. La liste est large. Voici quelques petites réflexions sur l addiction au sexe. « L addiction est une compulsion impossible à maîtriser. Elle est hors contrôle, elle relève de la pulsion qui doit atteindre son but : décharger le trop plein, rééquilibrer.

Elle passe bien souvent par le corps. On peut le constater avec la colère et le pétale de plomb tout comme avec l'engloutissement du paquet de galettes dans le placard. Il en est de même pour le sexe.

Addiction et compulsion

Un de mes patients évoquait avoir eu depuis des années trois maîtresses régulières qu il voyait l'une après l'autre tout au long de la journée et avec pour chacune plusieurs rapports sur chaque rdv. Il n avait plus la possibilité de travailler, tout son temps était pris dans ses rdv. Il s étaient trouvé que les trois maîtresses en question n'avaient plus étaient été disponibles en même temps et il s'en était suivi une profonde dépression de la part de mon patient. C était le grand vide. Sur un autre décor, c'est ce même vide pour le fumeur qui réalise qu'il n'y a plus de cigarette dans son paquet le dimanche matin, prêt alors à courrir des kilomètres, s'il n'a pas anticipé sa dose le vendredi "de peur d'en manquer". Le corps ne déchargeait plus et l esprit ne se rassurait plus. C'était l'angoisse. Nous voyons dans le cas de l'addiction la puissance de la notion de répétition. On tourne boucle. Les rdv sont toujours les mêmes, en boucle mortifère qui ne laisse plus de place au vide.

La notion de répétition est essentielle en psychanalyse et relève de la pulsion de mort. L addiction permet de compenser par l'extérieur le manque interne. La réalisation hallucinatoire d un désir permet ainsi de régler l échec. Ceci vaut pour toute les addictions. 

Mais finalement qu'est ce que l addiction? 

Névrose à part entière ou symptôme? 

Je dirais qu'en fonction de la place de l'autre, on peut situer la pathologie comme relevant de la névrose, la psychose ou la perversion. 

"J'ai vu en lui un prédateur" me disait I., qui vivait depuis des mois une relation d'emprise avec un garçon addict au sexe et aux réseaux sociaux de rencontre. "Il ne m'aimait donc pas moi pour moi", disait-elle dans sa phase de deuil et de désillusion, nécessaire à sa liberté de sujet.

L'addiction est possible dans les trois structures psychiques et le point commun c'est le comble (remplissage) d'un vide. 

Lorsque I. n'était plus disponible, il arrivait qu'elle soit réveillée plusieurs fois par nuit, recevant jusqu'à 30 appels de détresse, sans qu'elle ait elle-même la force d'éteindre son téléphone et de couper le lien, l'addiction étant réciproque. "J'ai besoin de toi, c'est vital, c'est plus fort que moi".

Addict à quoi?

Le choix de l'objet sur lequel va se décharger la pulsion( la personne, le travail, le sport, le sexe, la bouteille, la drogue etc) est important. S'agit il de se détruire? I. était-elle cette bonne mère, disponible totalement, pleinement? Parfois l'objet addictif se remplit aussi de la mauvaise mère, toxique ou morte (au sens d'André Green), voire du père. Le choix de l'illicite permet d'évoquer le rapport à la loi et aux règles. Par la nourriture, la drogue, il y a ce fond archaique de mal-bouffe. S'agit il de se rassurer sur son phallus et son narcissisme? S'agit il de décharger son corps? Oui, tout cela réunis dans le fantasme.

Le sexe est un des choix possibles. Ce n'est pas un choix de hasard, évidement. Dans le sexuel, il y a aussi la place donnée à l'autre. Que cherche t on dans le sexe? Quel est la place de cet écran tiers dans le cybersexe? Quelle est la place de la pulsion de voir et d'être vu? Que signifie se cacher (dans les toilettes souvent) pour voir l'écran? La décharge physique? L amour? Le lien? Le fantasme? Le plaisir? Est-t on centré sur soi et/ou sur l'autre? Ce n est pas là la même chose. La centration sur soi avec la masturbation va exclure l'autre et la possibilité de danger venant de la part du désir de l autre.

Fanstasme, jeu et performance

Tout devient question de contrôle et de maîtrise. Le plaisir est il centré sur la jouissance? Lacan disait que le rapport sexuel n existe pas, chacun des partenaires étant dans son propre fantasme. S'agit il de castrer et de dominer? Soumettre? Le sexuel est le lieu du fantasme, du jeu. Un espace intermédiaire entre l'imaginaire, le symbolique et la réalité. Parfois les limites imaginaire et réalité débordent. 

Phallus et narcissisme

Opter pour la performance est un exemple. Quelle que soit la raison, la dépendance au sexe va relever d une dépendance affective incontournable. En général et au minimum il faut être deux dans les rapports sexuels et le choix du partenaire ne se fait pas non plus par hasard. Qu'est ce qui se (re)joue? Il faut envisager également l ouverture au champ de la perversion. Comme dans toutes les addictions, le cadre et les limites vont poser problème. C est ce que nous pouvons observer avec le cyber sexe, le sexe payant, la masturbation compulsive. Ou est la limite? Très floue puisqu on parlera de Moi passoire. La perversion est aussi à noter dans le fétichisme ou le voyeurisme lesquels vont utiliser la pulsion scopique. Il y a également des comobidites avec l usage de drogues et l abus de psychotropes possible. Il se pose aussi la question du désir dans la dépendance au sexe. Désir de quel partenaire?

L'autre sera l objet partiel lié à la pulsion (cet objet d amour visé par la pulsion sera les seins par exemple dans le sexuel comme la nourriture le sera dans le trouble alimentaire). C'est le vide et la solitude. C'est aussi la peur d aimer et de perdre, la peur de s attacher et de se faire engloutir. Entre plaisir et manque, la question de la jouissance est liée à une certaine part de souffrance.

Souffrance et dépendance

L'addiction au sexe peut entraîner de grands dommages sur la santé mentale et corporelle ainsi que dans le couple. De nombreuses demandes de thérapies de couple sont consécutives à des tromperies et à une fatigue du partenaire qui en a marre d être sollicité de trop. Ou situer sa limite entre le normal et le pathologique? Quand c'est trop, quand c est un besoin. Quand le reste du quotidien et l entourage sont mis de côté.

L addiction au sexe en psychothérapie n est pas vraiment une demande venant de la personne concernée mais plutôt du partenaire. Ou alors c est la culpabilité d avoir été pris sur le fait qui déclenche la demande de consultation. Alors jouir oui mais alors en toute liberté.

Ce n'est pas la même chose que jouir pour se rassurer...

C.Vera

Bibliographie : 


« La complusion de répétition est au-delà du principe de plaisir dans la mesure où les opérations de séparation et de recombinaison le dépassent". (André Green, La Diachronie en psychanalyse, Editions de Minuit, p.131)

S. Freud, Au-delà du principe de plaisir, Petite Bibliothèque Payot, 2010

-----------------------------

Pulsion de vie

Mon attention est flottante, quelque chose d elle est différent depuis la dernière séance. J écoute. Une sorte de paix flotte dans le cabinet. Des questions et des doutes fusent mais c est doux. Elle voudrait qu il vienne danser avec elle mais hic il n aime pas danser. « Ça me manque de ne pas danser ». « Il n est donc pas parfait...? », « Non il n a pas tout... ». « Une relation faite de tout vous manquerait donc? ». « Non je l ai connu précédemment et c était de l emprise car il était ce tout.....Vous savez quoi? ». « Quoi donc? ». « Je vais maintenant danser avec la vie. Personne ne peut m empêcher de danser ces quelques pas de danse qui m appartiennent... alors je choisis de danser ma vie. Et puis il a d autres qualités que j aime ».

Réalisation & référencement Simplébo   |   Ce site a été créé grâce à Psychologue.fr

Connexion