UN PEU D’HISTOIRE
La guerre, berceau du traumatisme
Le traumatisme est d’abord associé à la guerre, qui permet de le mettre en mots.
Des témoignages antiques nous sont parvenus.
Hérodote dans Histoire raconte un cas de conversion par cécité d’un soldat de la guerre perses – athéniens lors de la bataille de Marathon et l’expérience du danger de mort
« Toute le reste de sa vie, il demeura aveugle. On m’a dit qu’en parlant de son accident, il lui avait semblé voir en face de lui un homme de grande taille, pesamment armé, dont la barbe ombrageait tout le bouclier ; ce spectre l’avait dépassé et avait tué son voisin dans le rang ».
Lucrèce (- 100, - 50) raconte la terreur nocturne des guerriers. Son récit met en avant le syndrome de répétition.
« Les hommes dont l’esprit est occupé par des grandes et violentes actions qu’ils ont accomplies, répètent et revivent leurs exploits dans leurs rêves. Beaucoup affrontent la mort. Beaucoup croient tomber à terre de tout le poids de leur corps du haut des montagnes, sont éperdus de terreur et une fois tirés de leur sommeil, ils ont peine à retrouver leurs esprits ».
1809 Pinel fait la description d’une névrose traumatique avec un militaire à la retraite, sujet à des affections nerveuses et des sursauts dans son sommeil. Aujourd’hui nous pourrions rapprocher ces symptômes d’une forme appelée hypocondriaque de syndrome psycho traumatique de guerre.
Elargissement du champ traumatique
1849 Le traumatisme dépasse le champ de guerre avec les premiers accidents de chemin de fer : les souffrances morale des rescapés sont considérées par les compagnies d’assurance
1884 Le terme de « névrose traumatique » est posé par le neurologue Oppeheim dans son article sur les névroses traumatiques qui les nomment dans le titre.
La névrose traumatique combine les formes cliniques et hystériformes comme les troubles du sommeil, l’irritabilité.
1859 Le trauma s’élargit encore à la Charité de Paris grâce à Briquet avec les viols, les deuils et les mauvais traitements
De nombreuses études et les premiers soins précoces visant à réduire les réactions post trauma voient le jour avec les guerres fin 19 -ème.
Les prises en charge thérapeutiques
La fin du 19ème siècle fut la période des premiers traitements thérapeutiques et de l’enrichissement des connaissances vis-à-vis des réactions psychiques traumatiques avec Janet, Breuer, Freud, Ferenczi
Pierre Janet qui travaille avec les hystériques à l’hôpital du Havre constate que les souvenirs émotionnels ne sont pas conscients pour le malade mais peuvent apparaitre sous hypnose
C’est à Pierre Janet que nous devons le concept de « dissociation ».
Breuer (1842-1925) est un médecin autrichien connu pour la prise en charge de Bertha Pappenheim connue sous le pseudonyme d’Anna O dont la clinique influencera Freud dans sa nouvelle méthode de traitement avec la talking cure (cure par la parole, avec Anna O qui demande à Freud de se taire) et la catharsis ( réminiscence ou abréaction des affects liés à l’évènement, restés coincés sous la conscience). Après le souvenir sous hypnose de l’origine de ses symptômes, ces derniers disparurent.
Freud
Sa célèbre phase « C’est surtout de réminiscences dont souffre l’hystérique » est plus que jamais adapté au traumatisme.
Freud définit le traumatisme d’un point de vue économique c’est-à-dire en lien avec la décharge de la pulsion. Dans Introduction à la psychanalyse : « le terme traumatique n’a pas d’autre issue qu’économique ».
« Nous appelons ainsi un évènement vécu, qui, en l’espace de peu de temps, apporte dans le vie psychique un tel surcroit d’excitation que sa surpression, ou son assimilation par les voies normales devient une tâche impossible, ce qui a pour effet des troubles durables dans l’utilisation de l’énergie ».
(Freud, 18 -ème conférence sur le rattachement à une action traumatique)
Ferenczi
Il s’intéresse à la réalité de l’événement traumatique.
« Il faut répéter le traumatisme lui-même et dans les conditions les plus favorables à la perception et à la décharge motrice »
Ce sera le principe de la prise en charge en psychothérapie traumatique.
Récit de patient : Début de psychothérapie « J’y pense tout le temps, les souffrances du passé reviennent en cauchemars »
Fin de psychothérapie « Je sors du brouillard, légère, libérée »
La première guerre fut un immense laboratoire pour les névroses traumatiques avec l’importance de la terreur, de la proximité avec la mort.
La seconde guerre fut traumatique par sa durée et par les crimes de masse.
Les guerres permirent la reconnaissance processus traumatique et de l’intérêt des recherches en psychothérapie. Les syndromes sont définis, comme le post vietnam trauma, le syndromes des déportés etc. avec les reviviscences, les évitements, l’utilisation de l’alcool et des drogues, les dépressions.
En1978 le DSM III définit le diagnostic du syndrome du Post Traumatic Disorder – Syndrome de Stress Post Traumatique comme applicable aux troubles consécutifs de la guerre mais aussi de tout autre évènement.
La thérapie EMDR voit le jour en 1980. Elle est aujourd’hui préconisée par l’OMS.