Le corps semble parfois perdu face à lui même et l'image dans le miroir est violente. L'image de soi est inconsciente et il arrive que l'on se sente perdu(e) face à cette image qui ne correspond pas à ce que l'on est et à qui l'on est. L'idéal de soi est affecté par l'organe insuportable que l'on accuse être la cause du trouble.
La demande de chirurgie esthétique se fait sur des zones du corps visibles ou pas, intimes. Le désir de la chirurgie esthétique du nez, des seins, du ventre, du sexe est chargé d'affects. Le Moi est au coeur de la demande de chirurgie esthétique qui apparait comme étant le dernier espoir de se réconcilier avec son corps comme un idéal à atteindre.
La chirurgie des seins consiste en la pose d'implants mammaires ou en une réduction de la taille de la poitrine. La nymphoplastie est une chirurgie de l'intime visant à diminuer la taille des lèvres de la vulve du sexe féminin.Elle est considérée comme faisant partie de la chirurgie esthétique. La liposuccion consiste à réduire les graisses accumulées dans les genoux, les cuisses, le ventre, les bras etc. par une lipoaspiration.
Au-delà d'un simple lifting des seins ou du vagin, au-delà de l'envie de correspondre à une norme de beauté et de mode, cette intervention relève d'un processus psychique complexe en liaison étroite avec l'identité féminime, la castration, l'image de soi, la sexualité. Le corps devient insupportable car il ne colle pas à son identité psychique et sexuelle. Pire il est considéré comme anormal, masculinisé, honteux. Sujet souvent tabou, la gène est physique mais surtout psychologique.
La chirurgie esthétique permet de se libérer de ses complexes. C'est un parcours difficile, très solitaire, souvent incompris et critiqué par l'entourage, une opération douloureuse et pleine d'espoir. Un accompagnement psychanalytique permet avant et après l'opération de mettre des mots sur l'indicible du corps féminim et de se projeter aussi dans sa nouvelle féminité.
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REFLEXIONS PSYCHANALYTIQUES SUR L'IMAGE DE SOI.....Corps et Art Thérapie : travail sur l'autoportrait
La doxa véhicule deux types de conséquences concernant l’usage du corps dans la société de consommation. D’une part la toute puissance consumériste est un phénomène générateur de l’identité sociale, des valeurs, des pratiques et des imaginaires. Le corps y est en crise, mis en scène, sans plus de limites. Les apparences sont dépassées comme nous pouvons le voir tant dans l’art que dans la réalité. C’est le culte de l’extrême. Le culte de l’abondance aussi avec la profusion des objets de la société de consommation. D’autre part l'opulence marchande est loin d'offrir toutes les satisfactions que nous en attendons. L’hypermodernité[1] est paradoxale car en effet, plus la société marche au bonheur, plus montent les plaintes, les récriminations, les insatisfactions. En ce sens, la société de consommation n’est pas la société du bonheur tel qu’elle voudrait le faire croire.
Ce travail plastique problématise ces deux aspects entremêlés: d’un côté l’individu qui suit aveuglément la mode, la norme, et de l’autre ce même individu qui en fin de compte, aspire à la distinction, à une vie sans artifice et sans fard, à un être-soi. « Il s’agit de comprendre que la post modernité se présente sous la forme du paradoxe et que deux logiques coexistent intimement en elle, l’une qui favorise l’autonomie, l’autre qui accroît la dépendance. (…). Face à la déestructuration des contrôles sociaux, on a le choix de s’assumer ou non, de s’auto-contrôler ou de se laisser aller ».(S. Charles, G.Lipovestky, Les temps Hypermodernes, Nouveau Collège de Philosophie, Grasset, Paris, 2004, p. 27.)
Le conditionnement, c'est-à-dire la manipulation - par les médias notamment - dont fait l’objet l’homme dans la société de consommation, est le noyau central de mon travail. La liberté de l’être humain est entravée sans que l’homme en soit vraiment conscient. La norme, par l’influence de la publicité est partout, tant dans les corps que dans les objets.
Le corps objet de consommation n’est pas une demande naturelle mais un besoin créé par le système qui met en place des modèles façonnés auxquels il est conseillé de se conformer.
Compte tenu de cette réalité sociale, la problématique de ce travail plastique en art thérapie est la suivante : L’art est un chemin que l’on peut prendre pour arriver à trouver qui l’on est ou qui l’on veut paraître? Avec un travail centré sur l’autoportrait, je me pose la question sur le pouvoir qu’à l’image de mentir ou de refléter la vérité sur soi. Comment et dans quel but fait-on son autoportrait ? Que veut-on y montrer et/ou y cacher ?
L’autoportrait est caractéristique d’une image qui est capable de tromper, occulter, modifier tout comme capable de vérité.
L’autoportrait, au-delà de la vérité ou du mensonge, de la réalité ou de l’arrangement dans la représentation, nous entraine vers la possibilité de se mettre en scène et de critiquer les apparences, dans une sorte de jeu où le changement d’identité et/ou l’affirmation de soi est un jeu permanent. Le « je » disparaît même, pour devenir universel. L’autoportrait est en ce sens un miroir dans lequel l’autre va s’identifier. De biographique, l’autoportrait devient social, grâce aux explorations des artistes.
L’autoportrait me semble être une voie intéressante pour traiter cette problématique de l’enfermement ou du non enfermement dans le Paraître, puisque le sujet, « soi-même », est ce que l’on connaît le mieux, même inconsciemment.
Se pose la question de l’influence sociale, travaillée par le champ de la psychologie sociale, avec les notions d’influence majoritaire, la théorie de l’inoculation des arguments. La notion d’auto-perception est capitale puisque d’elle va dépendre le ralliement à la norme et/ou la soumission à l’autorité.
Les concepts d’influence étudiés en psychologie sociale sont des conduites créatrices pour cette recherche puisqu’il s’agit d’évoquer la médiatisation de la société par l’image, l’effet d’endoctrinement opéré par l’industrie culturelle c'est-à-dire l’adhésion à la norme et à la majorité. L’art a une fonction sociale devant engendrer, si ce n’est un changement d’attitude et de comportement, au moins un refus de l’état « agentique » c'est-à-dire de soumission. Mes recherches sont interdisciplinaires avec le champ de la critique est élargi à l’ensemble des sciences humaines et sociales, la sociocritique mettant en avant le postulat selon lequel la fragmentation et la spécialisation des savoirs entravent la compréhension. La méthode sociocritique utilisée dans le cadre de ce mémoire est donc présentée comme un ensemble de points de vue, formant un tout cohérent, entre différentes postures psychanalytique, philosophique, scientifique, psychologique et économique.
Faire son propre portrait est un moyen d’accéder au plus profond de soi-même. Se découvrir, se mentir, se modifier sont des solutions personnelles à chacun, mais au-delà de la représentation, l’autoportrait nous entraine vers une mise en scène de soi qui cherche à démontrer, prouver, justifier son point de vue sur le monde.
Enfin nous ferons apparaître que la femme est tout enfermée dans une identité façonnée par le société et que même si elle s’affranchit depuis peu de ses chaînes, elle échappe difficilement à ce formatage. L’identité corporelle est modelée en fonction d’une image que la société lui fait coller à la peau. Les notions de marchandisation du corps , d’objet de consommation seront mises en exergue. Le corps en tant que marqueur social et objet de fétichisme nous fera apparaître une réalité liée au « paraître ».
Plusieurs techniques sont possible, du collage qui permettra d’une part de mettre en relief le pouvoir de transformation que possède le corps, permettant de passer de l’être au paraître à la déformation de l’image par l’illusion d’optique de l’anamorphose sera également utilisée pour ce travail en art thérapie. Il ne s’agit pas de nier la réalité de l’état duel auquel est confronté le corps mais d’empêcher un seul point de vue.